En 48 heures, le conclave a fait son choix. Benoît XVI, quand il était encore le cardinal Ratzinger, semble avoir été un inspirateur direct et constant de la ligne suivie par Jean-Paul II et qui était, l'air de rien, très bien construite. Une fois pape, après une élection sans doute bien préparée, la suivra-t-il lui-même ? Ce n'est pas certain et en écoutant une interview du cardinal Etchegarray, celui-ci me semblait sous-entendre finement le contraire.
Qu'on le veuille ou non, on fait aussi de la politique au Vatican et ce à plusieurs niveaux. Celui des intérêts officiels de l'église catholique, bien sûr. Mais je pense inévitable -on verra si c'est vrai- qu'un pape bavarois ne voie pas les choses de la même manière qu'un pontife polonais. Où serait en effet l'intérêt pour lui, dans une sensibilité allemande, de braquer les Protestants après avoir irrité les Orthodoxes ? Il y a un temps pour tout et après tout c'est Jean-Paul II qui a porté le poids de la ligne dure pendant des années.
Que Benoît XVI intervienne, ouvertement ou non, dans le jeu européen ne serait pas surprenant. On a déjà vu le lobby chrétien intervenir fortement et il faut le dire, avec des représentants remarquables, pendant la convention européenne. Les résultats de ce travail ont d'ailleurs été, eux aussi, remarquables !
L'été prochain, les Journées Mondiales de la Jeunesse, subventionnées par l'"Europe", se tiendront - par hasard certainement- à Köln et il est quasiment certain que le nouveau pape s'y rendra. Ce sera sans doute quelque chose !
Peut-être tous ceux qui s'intitulent laïcs et qui ne sont souvent plus que des laïcistes - il n'existe plus guère de laïcards- devraient-ils réfléchir à tout cela. Vider l'école publique de toute spiritualité tout en continuant à subventionner voire à alimenter les écoles confessionnelles, voir dans l'Islam un danger voire le seul pour l'indépendance de la pensée et fabriquer des lois en conséquence, applaudir à la suspension du service national, encourager directement ou indirectement l'idéologie matérialiste libérale, confondre instruction et éducation : tout cela ne peut que nous fabriquer des générations déçues par le déficit moral et par conséquent ouvertes à tout message plus ou moins enthousiamant, quelle que soit sa valeur réelle. C'est pourquoi une laïcité ouverte, dynamique, républicaine est, me semble-t-il, à redécouvrir dès que possible, dans l'intérêt des Français et des autres Européens.
La nature a horreur du vide, mais la nature humaine, aussi. C'est à cela que je réfléchissais, tout en regardant à la télévision la foule de jeunes ( peut-être un peu organisée semble-t-il, mais à l'époque des médias..) qui encombrait la place Saint-Pierre ces jours-ci. Bonne chance en tout cas à Benoît XVI, s'il se détourne de la tentation réactionnaire et oeuvre pour le bonheur de tous.