Les Caisses d'Allocations Familiales font partie de l'univers social et contribuent de façon essentielle à aider les familles à assumer leurs responsabilités morales et matérielles vis-à-vis des nouvelles générations. Elles aident les familles directement mais aussi indirectement à travers le soutien qu'elles apportent aux collectivités territoriales qui sont, comme toujours, en première ligne pour assumer les besoins nouveaux et existants en équipement et en fonctionnement : crèches, jardins d'enfants, multi-accueils, centres de loisirs, accompagnement des jeunes pendant leur scolarité. Ainsi, grâce aux "contrats enfance" et "temps libre" elles encouragent les villes à investir dans de nouvelles capacités d'accueil qui génèrent toujours à leur niveau de lourdes dépenses de fonctionnement, du fait d'un taux d'encadrement élevé en personnels très qualifiés et souvent difficile à trouver, les capacités de formation de ces personnels étant insuffisantes.
Ce qui se passe rappelle un scénario déjà bien connu dans d'autres domaines sociaux
1) Le ministère annonce à son de trompe une politique gouvernementale destinée à aider les familles et à soutenir la natalité. Il s'agit, au travers d'un "fort volontarisme" et des engagements de l'Etat, de pérennniser la politique de médiation familiale et de mettre en place la réforme de l'aide à domicile...
2) On encourage les Caisses, organes paritaires et relais logiques de cette politique, à pousser les collectivités locales à investir. Les Caisses sont dépendantes de la Caisse Nationale d'Allocations Familiales, elle-même financée par des fonds budgétaires (Fonds National d'Action Sociale). Pour traduire dans l'action le "volontarisme" de la politique officielle, le Fonds national devrait progresser d'au moins 12% l'an.
3) Les Caisses poussent les collectivités à investir et assurent la mise en place de la PSU ( Prestation de Service Unique) qui se traduit d'ailleurs pour les collectivités par un déficit supplémentaire dans la mesure où elles ne peuvent pas, en général, répercuter sur les familles un mode de refinancement beaucoup plus sélectif et qui impliquerait sur le terrain un changement brutal des règles de tarification. Pour amortir le choc, les Caisses contractualisent donc dans la durée vis-à-vis des collectivités.
4) Le mInistère des Finances intervient et bloque la progression à 8%, ce qui rend impossible la réalisation des engagements pris par les caisses et sur la base desquels les collectivités se sont elles-mêmes engagées vis-à-vis des familles... et des contribuables locaux.
Cette politique du tapis retiré sous les pieds des opérateurs et des collectivités est devenue systématique dans le chef de l'Etat. Celui-ci ne freine guère ses propres dépenses de structure voire les augmente. Il continue à jouer d'effets de manche, comme dans le cas des hôpitaux ou des personnes âgées. On fait croire qu'on fait plus et on en fait moins, parce qu'on s'est imposé de fausses contraintes (baisse des impôts directs pour des raison idéologiques ou électorales, subventionnement indirect du secteur privé, incapacité à réguler les dépenses directes de l'Etat).
Dans la pratique, on réduit les capacités tout en cherchant à "refiler le bébé", c'est le cas de le dire, aux collectivités qui ne disposent dans ce domaine d'aucun moyen supplémentaire. Conséquences : une perte de confiance de plus en plus affirmée dans les engagements de l'Etat, une frilosité qui ne pourra que s'accentuer chez les collectivités territoriales sur qui pèsera bientôt l'essentiel des charges de solidarité sociale, des "coups de boutoir" dans la gestion technique des investissements qui ne peuvent qu'être préjudiciable à toute politique à moyen terme. Or, les besoins de l'enfance, des malades ou des personnes âgées, ça ne se gère pas dans le court terme et la communication omniprésente, ça se gère dans le moyen terme et l'efficacité. Ca crée des emplois utiles, ça répond à des besoins réels et durables, ça permet à la France de rester un pays socialement moderne, ça construit la paix sociale et l'unité du pays et ça prépare l'avenir des générations.
Mobilisons-nous pour éviter qu'un nouveau pan de la vie sociale ne soit livrée à une gestion qui n'est pas "moderne" ou "dynamique" mais au contraire hasardeuse, amateuriste et pour tout dire, peu sérieuse. Les Caisses d'Allocations Familiales doivent recevoir les resssources nécessaires à leur mission.