Permettre aux jeunes luso-descendants ou autochtones d'envisager des études supérieures en français comme en portugais, préserver le patrimoine culturel lusitanien, valoriser une langue de diffusion internationale peu enseignée en France.
C'est à ces trois objectifs importants que répond un nouveau projet, qui associe l'Ambassade du Portugal, l'Académie de Versailles et ses établissements d'enseignement et la collectivité territoriale chavilloise.
Il s'agir d' ouvrir à la rentrée scolaire 2007, simultanément au Lycée à sections internationales de Sèvres et au collège J. Moulin de Chaville, une section internationale gratuite en portugais, soutenue par un apprentissage du portugais à l' école primaire. Les jeunes lycéens qui auront suivi ce cursus pourront obtenir un double bac, portugais et français, qui leur donnerait accès à l'enseignement supérieur dans les deux pays et, le cas échéant, au Brésil. Quels sont le contexte et l'intérêt de cette initiative et pourquoi les parents doivent-ils s'y intéresser ?
Parlons tout d'abord du volet linguistique de cette initiative et rappelons que les locuteurs en portugais sont quelque 200 millions dans le monde, répartis sur tous les continents. Le seul Brésil est un véritable monde et un pays qui exporte aujourd'hui des biens industriels dans le monde entier, des avions en France par exemple. Le Portugal, pays de haute culture internationale, compte quelque 4 millions d'expatriés dont un en France et il est, pour de nombreuses raisons, une nation promotrice de l' Union Européenne.
Rappelons ensuite la différence entre l'enseignement de langues étrangères et l'enseignement en langues étrangères. Aujourd'hui encore, l'enseignement des langues en France est conçu d'abord comme celui d'une discipline semblable aux autres voire comme l'acquisition d'un vernis culturel utile aux locuteurs d'une grande langue internationale (le français) se déplaçant occasionnellement à l'étranger. Les programmes sont toujours construits dans ce sens même si des progrès ont été faits et les examens de langues sont conçus pour donner à des Français des diplômes français, administrés par des Français et non reconnus par les établissements d'enseignement étrangers.
La qualité et le travail des enseignants ne sont bien sûr pas en cause. C'est une toute une conception de la finalité et des méthodes dans l'apprentissage des langues qui pose vraiment problème. Elle est sans doute largement à l'origine du fait qu'après 600 ou 700 heures passés sur les bancs de l'école à apprendre pour la plupart l'anglais et/ou l'espagnol, de très nombreux jeunes restent tout-à-fait incapables de s'exprimer dans ces langues. Et ce n'est pas la disparition progressive de l'enseignement de l'allemand, pour ne pas parler de ceux de l'italien ou du néerlandais, présents à l'état de traces, qui améliorera les affaires, bien au contraire. Or, en dépit de mythes tenaces, il n'y a pas de langues européennes plus faciles que d'autres et les Français ne sont pas moins doués pour les langues que les autres, ils ont même fourni de grands linguistes. Tout dépend de la manière dont on s'y prend et de l'usage qu'on fait des opportunités.
L'enseignement en langues étrangères, proposé au départ aux jeunes issus de familles bilingues qui sont souvent celles de cadres internationaux, procède d'une vision tout-à-fait différente. Elle est d'ordre pratique, puisqu'il s'agit d'éviter à des familles appelées, parce qu'elles changent fréquemment de port d'attache, de voir leurs enfants handicapés par le changement de système scolaire en particulier au niveau linguistique. Dans les établissements -encore peu nombreux- à sections internationales, ce sont les matières principales qui peuvent être enseignées en anglais, allemand voire d'en d'autres langues ( au Lycée International de Saint-Germain en Laye, il existe de nombreuses sections de langues moins pratiquées en France). La Région Ile-de-France mettra bientôt en service un nouveau lycée à sections internationales dans l'Est de Paris. Inutile de dire que le niveau d'expression en langues des élèves de ces sections est sans grand rapport avec celui pratiqué dans l'enseignement classique, d'une part parce que la langue "étrangère" y est co-langue d'usage pour les cours, les devoirs et les activités extérieures, d'autre part parce que la présence de nombreux locuteurs d'origine, élèves et professeurs, y améliore encore la facilité d'expression et "décomplexe" totalement la communauté scolaire en matière linguistique.
Le problème, c'est que l'Education Nationale, pour diverses raisons, n'est pas en mesure de pourvoir en nombre suffisant des postes d'enseignants susceptibles d'enseigner en langues étrangères des matières telles que l'histoire, la géographie, la littérature ou des disciplines scientifiques. Dans ces conditions, il est nécessaire de pourvoir lesdits postes en recrutant des enseignants, généralement d'origine étrangère mais habitant en France, à l'extérieur. Le financement de ces postes doit dès lors être assuré par les parents, le plus souvent au travers d'une association spécialisée (voir la note ALERTE A SEVRES) . Les familles, compte tenu de l'avantage énorme que représente un cursus réellement bilingue ou trilingue dans leur vie internationale et pour le développement culturel, intellectuel et professionnel de leurs enfants, acceptent volontiers de faire l'effort financier correspondant, elles investissent dans l'avenir de leurs enfants.
Dans ce cas-ci, le problème est différent : si l'objectif est le même puisqu'il s'agit d'assurer un vrai bilinguisme et la possibilité aux jeunes "bi-bacheliers" d'évoluer au choix dans un troisième degré lusophone ou francophone, le milieu familial ciblé n'est pas le même (sauf a priori pour les Brésiliens, Angolais ou Mozambicains) Il s'agit principalement de familles établies en France mais souhaitant conserver, directement et au travers de leurs descendants, leur lien culturel avec le Portugal mais en y ajoutant une opportunité professionnelle efficace et même, peut-on dire, exceptionnelle. Ces familles ne disposent pas, en général, de moyens financiers confortables. Il est donc important que les classes soient gratuites, respectant ainsi le principe général de l'enseignement public.
C' est possible, grâce à l'effort de la "partie étrangère", le gouvernement portugais en l'occurence, qui peut accepter de financer ( par transferts budgétaires le cas échéant ) la mise à disposition à disposition d' enseignants capables, en portugais et avec des méthodes d' aujourd'hui, d'enseigner des matières générales.
Bien entendu, comme toute innovation, un certain nombre de difficultés restent à résoudre (mais nous sommes confiants !).
La première, c'est de faciliter l'accès à la future section du collège des jeunes issus du primaire quelle que soit leur origine, car le niveau linguistique nécessaire est évidemment élevé pour une entrée en section internationale. Il sera possible de les y préparer au travers un enseignement, de langue et non en langue qui pourrait être assuré par des enseignants ou lecteurs spécialisés. C'est ici qu'intervient la commune, qui pourra coopérer dans l'ouverture des postes nécessaires au sein d'un programme PEGASE (centres aérés éducatifs) ou en école, ainsi qu'en facilitant le logement des intervenants.
La seconde, c'est d'assurer à ce projet, qui n'a rien à voir avec les classes de "langues et cultures d'origine" conçues à destination d'un public différent, un retentissement et une adhésion suffisante de la part de la communauté d'origine portugaise et plus généralement des luso-descendants.
Radio-Alfa et Portugal sempre ont souhaité nous aider et nous les en remercions. Mais nous avons aussi besoin de vous, qui faites partie de cette communauté ou en êtes proches, de votre conseil et de votre soutien. Nous avons mis toutes les chances de notre côté : gratuité et qualité de l'enseignement, très bonne desserte de Chaville et Sèvres en transports en commun, travail en commun avec les autorités et les media portugais, qualité des relations internationales du Rectorat de Versailles. Mais que deviendrait ce projet si un nombre d'élèves suffisant ne pouvait être rassemblés, faute d'information ?
Que devez-vous faire, si vous êtes intéressé (e) pour vos enfants ?
Nous contacter sur ce blog ou par mail à [email protected], le projet est encore évolutif et peut être amélioré, dans l'intérêt de tous. Vous pouvez aussi contacter Jany COSTA à la mairie de Chaville ( 01 41 15 40 34).
A noter enfin que le Brésil n'est pas oublié. Mais nous devons encore contacter la partie brésilienne afin de voir dans quelles conditions elle pourrait être structurellement associée au projet. Nous vous tiendrons au courant.