Comme il fallait s'y attendre, le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance (loi dite Sarkozy) a été voté à l'Assemblée Nationale grâce à l'UMP. Je ne fais pas partie des gens qui sont par principe contre une ou des propositions au simple motif qu'elles sont défendues par leurs adversaires politiques. Mais dans ce cas-ci, force est de constater que face à l' une de leurs missions les plus difficiles, celle d'assurer à leurs concitoyens le meilleur niveau possible de sécurité, les maires ne trouvent pas dans ce texte ce dont ils ont besoin et qui relève d'un cadre beaucoup plus large.
Par contre, ce projet de loi est, me semble-t-il, de nature à accentuer les risques d'infection des abcès sociaux et à encourager de dangereuses dérives, donc à compliquer la tâche des élus de terrain. Elle témoigne d'une grande confusion intellectuelle en mêlant des dispositions d'ordres totalement différents. Comme trop souvent aujourd'hui, ce nouveau texte est aussi un symptôme d'une véritable diarrhée législative de dispositions prises sans perspective politique globale.
Enfin, il se situe, il faut bien le dire, dans une optique électoraliste, bien éloignée de la sagesse et du recul qui devraient présider à la construction de la sécurité publique et de la paix sociale.
Et cette vision est particulièrement néfaste, en ce sens qu'entre les lignes elle vise spécifiquement certains publics (familles issues de l'immigration ou bénéficiant des aides sociales, gens du voyage, personnes psychiquement atteintes etc.)stigmatisés facteurs d'insécurité, ce qui explique d'ailleurs le côté fourre-tout des mesures énumérées qui concernent pêle-mêle les chiens, les allocations familiales, un "service national citoyen de la police nationale" sous le chapitre "intégration" (!), la sécurité passive des copropriétés etc.
Au mépris des faits et de l'humanisme le plus élémentaire cette loi, tout comme la "tolérance" vis-à-vis des propos racistes de tous bords, fait ainsi le lit de l'extrême-droite en ramenant tout doucement la génération du baby-boom à l'idéologie conservatrice des années d'avant-guerre, selon laquelle les problèmes de la société étaient dûs à certaines minorités qu'il s'agissait d'éloigner, de contraindre ou d'éliminer par la répression. On a vu la suite.
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