Obama est élu et les sondages, cette fois-ci, n'en ont pas menti. Soulagement et retentissement. Il n'est jusqu'aux marchés financiers qui ne trouvent dans cette élection l'occasion de rebondir, exprimant ainsi leur confiance dans des jours meilleurs. Mais le monde entier s'est, comme à chaque élection présidentielle aux Etats-Unis, senti concerné. Davantage encore, après des années Bush auxquelles le peuple américain lui-même a clairement souhaité, hier, tourner le dos.
En France, la campagne électorale américaine a suscité non seulement de l'intérêt mais même, chez beaucoup, de l'enthousiasme. Bien sûr, il y avait le fait que le candidat finalement vainqueur est métis, qu'il est relativement jeune, qu'il incarne les valeurs du parti Démocrate. Tous ceux donc qui en France s'identifiaient peu ou prou à lui, espéraient sa victoire et s'en trouvent aujourd'hui confortés.
D'abord, tous nos compatriotes d'origine ultramarine et plus généralement non hexagonale qui luttent depuis des années pour se voir reconnaître leur qualité au travail, dans les études, au recrutement ou tout simplement dans la vie. Les jeunes générations, en attente non du bluff quotidien dont les abreuve mais de vrais horizons où s'investir. Tous ceux aussi, qu'ils se réclament ou non du socialisme, pour qui l'argent et son copain l'égoïsme ne sont pas des valeurs premières.
Si l'on va plus loin, on peut voir dans la popularité d'Obama en France un profond désir de rejoindre les Américains dans certaine capacité qu'ils ont à assumer leurs responsabilités et à tirer les conséquences des réalités, alors même que l' opinion générale sur les aptitudes politiques nationales ou internationales de nos amis d'Outre-Atlantique est, chez nous, souvent négative. Un paradoxe de plus à mettre au bilan du pays de Descartes...
Les choses sont peut-être plus simples qu'il n'y paraît. Les Français sont ici libres d'exprimer sans risques leurs idéaux. Aller non vers le repli sur soi xénophobe genre Hortefeux mais vers une société multiraciale où tous peuvent espérer non seulement l'affiche mais l'emploi et les responsabilités. Vivre dans un pays qui s'affirme sans complexes parce qu'il a une vraie proposition culturelle à faire au monde. Soutenir celui ou celle qui cherchera, non à les amuser en surfant sur les crises, mais à animer la nation en respectant toutes ses composantes et en les valorisant.
Tout le contraire, en somme, de la vision sociétale de notre actuel président et de ses conseillers, qui ressemble terriblement à celle du trop célèbre W. S'engager dans des guerres dépourvues de fondement populaire, privatiser à tour de bras, enrichir les riches et appauvrir les pauvres, rendre la France de plus en plus dépendante d'idéologies commerciales et financières qui ne mènent nulle part, diviser la société en cherchant des boucs émissaires, nager dans les contradictions, qu'est-ce d'autre en effet que pratiquer depuis des années la politique de Bush, celle dont les Américains eux-mêmes n'ont plus voulu ?
Qu'ils donnent le change aujourd'hui en en rajoutant dans l'autre sens n'ôte rien à leur responsabilité profonde, quoique partagée, dans tout ce qui s'est passé. Dès que l'alerte sera passée -si elle passe- les vieux réflexes de la droite reprendront le dessus. Or ce qu'Obama apporte, c'est une image (justifiée ou non, l'avenir le dira) d'honnêteté critique par rapport à une politique qui était celle de son prédécesseur et qui est toujours, au fond, celle des "petits Bush" étrangers, qu'ils s'appellent Sarkozy, Berlusconi ou Barroso. Ce profond désir de changement définitif qui a fait élire Obama s'oppose à l'entreprise du gouvernement français : éponger et rassurer pour repartir ensuite de plus belle faire la même chose, avec les mêmes.
Contraints peut-être lors de la dernière présidentielle à un choix par défaut, nos compatriotes ont sans doute, au travers de leur enthousiasme pour un Obama sans doute un peu idéalisé, dessiné le portrait chinois du profil politique qu'ils recherchent et sculpté en creux ce dont ils ne veulent plus en France : la démagogie, la réaction, les querelles d'Allemands entre gens de gauche omnubilés par leur ego et parfois aussi hélas leur sectarisme, le règne omniprésent de la pub et de la com en politique*. Seront-ils entendus ? Rien n'est moins sûr.
Ce serait pourtant une condition nécessaire pour que notre pays puisse rebondir durablement et susciter chez les Français, en dépit des difficultés quotidiennes de chacun, cet allant et cet enthousiasme qu'il est de la vocation des vrais politiques de faire naître et s'investir dans le présent et l'avenir.
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Dernière performance en date des spécialistes de l'intox qui entourent Nicolas Sarkozy : essayer de "vendre" au travers des media un parallèle entre leur patron et Barak Obama, censés incarner tous les deux des victoires de l'intégration réussie ! Ridicule. Qu'ils s'essaient plutôt (cf. Le Point de cette semaine, à propos du dernier livre de Ch.Pasqua) à un parallèle avec Silvio Berslusconi...sauf que ce dernier s'y connaît sans doute mieux en économie privée !
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