Tchatche et réalités
A Chaville, depuis des années, la gestion des élus de la municipalité de progrès était l'objet de critiques rituelles : le moindre réajustement de la fiscalité,de l'ordre de moins de 5% était l'objet de la part des élus de droite, aujourd'hui investis des responsabilités, de propos aussi catégoriques que déplacés sur la "bonne gestion" dont ils se proposaient de faire (enfin !) bénéficier la ville, la soi-disante imprévoyance des responsables en place et l'insupportable pression fiscale..les Chavillois paient aujourd'hui pour voir, comme au poker.
La Région Ile-de-France, dont le principal tort (comme celui de 19 autres d'ailleurs en France) est d'être dirigée par la gauche, faisait également l'objet du même genre de critiques, colportées à l'envi par les Karoutchi et autres Pécresse alors qu'en valeur absolue et malgré des missions énormes (transports, lycées, formation professionnelle et bien d'autres), l'impôt régional est très faible en Ile-de-France (60 euros par an et par habitant en moyenne) et très maîtrisé.
Ces éminentes personnalités sont bien plus discrètes sur la gestion calamiteuse d'un état surendetté et c'est compréhensible : avant d'être à Nanterre, en coup de vent, un médiocre écuyer en chef des "écuries d'Augias", leur patron fut aussi, en tant que ministres des Finances et avec les résultats que l'on constate aujourd'hui, le superviseur général des banques à Bercy. Cependant, malgré d'indiscutables talents d'acteur, sa comédie actuelle vis-à-vis des dirigeants bancaires* amuse de moins en moins de monde. Alors les régionaux de l'étape préférent vendre une éventuelle "reprise en main" de la Région par cet Etat super-performant et cet admirable Chef... en même temps que la casse du Service Public et la création d'une nouvelle banque ! De qui se moquent-ils et qui peut croire à de tels discours ?
Les résultats du match
Il existe une réponse, cinglante et indiscutable, à cette mauvaise foi et aux leçons dispensées par des gens dont la compétence en gestion n'égale pas toujours, et de loin, la faconde. Une réplique, surtout au mythe suivant lequel la droite gérerait mieux que la gauche. C'est la feuille d'impôts, impavide juge de paix des résultats et d'un comportement.
Chaville + 17 % ( avec déjà la promesse culottée, comme avant les élections, de les faire baisser à nouveau !...)**
Département des Hauts de Seine : + 6%
A l'arrivée, 23 points en plus, et pour tout le monde, y compris les moins favorisés, en pleine période de crise.
Région Ile-de-France : + 0%
Les explications :
Une grande assurance des élus conservateurs vis-à-vis de la confiance --confinant parfois à la foi du charbonnier - de leur électorat et qui se croient donc tout permis ; un maniement purement politique et au doigt mouillé des augmentations de la fiscalité et surtout hélas, une gestion souvent calamiteuse et parfois douteuse comme l'a ouvertement reconnu Patrick DEVEDJIAN, président d'un "92" gouverné depuis toujours par les conservateurs ( et où par conséquent, le sempiternel prétexte de l'héritage ne saurait être invoqué.), en évoquant ces Ecuries d'Augias que seul Hercule parvint à nettoyer en détournant le fleuve Erymanthe.
Le Conseil Général des Hauts-de-Seine sont, de fait, un brillant exemple. Trente élus conservateurs (sur 45) y forment un groupe dirigé précédemment par Jean-Jacques GUILLET, aujourd'hui par Jean SARKOZY. Les politiques coûteuses et non suivies, un jour au l'autre avortées sans raison logique, les privatisations inefficaces, les budgets excessifs de communication, les choix techniques ou les projets défiant le bon sens, des structures et une ambiance de travail lourdes, l'absence totale de contrôle indépendant, tout cela a finalement un prix. C''est nous qui le payons. Mais un jour ou l'autre, même les électeurs les plus ancrés à droite en auront assez et comprendront qu'en abdiquant par principe leur pouvoir de sanction démocratique, ils pavent le chemin des abus, alors que le changement, c'est-à-dire la simple mise en concurrence des gestions possibles, serait cohérente avec leurs idées et leur serait bénéfique. Sur le terrain de la gestion, la gauche est en effet souvent bien placée et sans doute pourquoi elle s'est vue confier la quasi totalité des régions.
A la Région Ile-de-France, Jean-Paul HUCHON et son équipe tchatchent peut-être moins, mais ils travaillent, dans la cohérence, la rigueur et la continuité. Tout n'est certes pas parfait mais financièrement la Région a la meilleure cotation internationale, n'emprunte que ce qu'il faut et sait gérer son personnel. Les réalisations avancent jour après jour surtout depuis que, depuis trois ans, l'Etat a enfin passé la main en matière de transports et de personnel des lycées...Alors, retourner à la gestion centralisée du pouvoir central sur la base sur le thème "vous payez, je commande" ? Non, merci ! Que Nicolas Sarkozy, ses émules et ses consorts réforment d'abord leur comportement et leur philosophie archéo-libérales, et on pourra discuter...
Le bluff des Régionales
On comprend dès lors pourquoi l'état-major sarkozyste a décidé, à quelques mois des élections régionales, l'émission d'un gigantesque rideau de fumée destiné à masquer les vrais débats locaux sur la gestion de l'argent public dans chaque région, débats portant sur des faits et non sur des évidences ou l'agitation de faux problèmes (ainsi, le "coût" total des élus territoriaux c'est-à-dire de la démocratie de proximité, est inférieur à 0.50% du budget des collectivités et à la moitié du seul budget "communication" de l'Etat. Quant au soi-disant "mille-feuilles", ce n'est en fait qu'une tarte à la crème***). D'où le lancement de la fabuleuse "réforme" territoriale avec sa double déclinaison "provinciale" et "parisienne" : "soft" pour la province, "hard" pour l'Ile-de-France.
Ces projets sont -nous y reviendrons- politiquement scélérats et réactionnaires dans leur esprit, typiquement "Second Empire". Ils sont économiquement et socialement néfastes et muets sur la question, essentielle, du financement : comment l'Etat, structurellement de plus en plus déficitaire, vivant à crédit et très mal géré malgré des coupes claires dans les services publics, pourrait-t-il compenser les collectivités territoriales (qui représentent aujourd'hui 70% de l'investissement public, donc un potentiel de relance essentiel) des pertes de recettes très importantes (taxe professionnelle) dont il les menace en plus du coût des missions nouvelles qu'on leur impose ?
La cavalerie
Pas de réponse à cette question essentielle : on se contente de tirer sur l'avenir une série de traites qui ressemble de plus en plus à de la cavalerie. La vérité si je mens... Il s'agit encore une fois,de diviser les Français et de les opposer à des élus insuffisament soumis au goût du pouvoir, pour assurer la pérennité politique du président et celle de ceux qui - en politique ou dans l'économie - ont misé sur lui. Il s'agit aussi de rallier et de remotiver une administration préfectorale bien démoralisée ces derniers temps en lui faisant espérer à nouveau un rôle majeur au plan local... car elle est l'indispensable relais de toute réaction centralisatrice du pouvoir.
Philosophons
Mais tout cela est cousu de fil blanc. Et il y a fort à parier que, dans ce domaine comme dans d'autres, une fois ( très éventuellement !) obtenu le résultat politicien espéré, les projets seront négligemment renvoyés dans les placards ministériels d'où on les avait provisoirement sortis sous prétexte d'une imaginaire "urgence" : pourquoi le pouvoir irait-il vent debout contre un Sénat prêt à basculer à gauche ? Ils y rejoindront le vaste cimetière des Etats Généraux divers et des promesses électorales. Ce ne sera pas la première fois qu'on verra ce scénario fonctionner...
Pour les dirigeants UMP, c'est devenu cela aujourd'hui, faire de la politique : mettre le travail sur la Loi ou l'action municipale au service de desseins politiciens. Espérons seulement que ces pauvres principes ne seront pas trop appliqués à Chaville pendant les quatre ans et demi qui nous séparent encore d'une possible reprise de la marche en avant de notre commune.
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* Souvent eux-mêmes anciens énarques et/ou hauts fonctionnaires de Bercy, disposant d'un parachute ventral bien plus scandaleux que les fameux parachutes dorés : après avoir "contrôlé" pendant des années un organisme financier, j'en suis nommé dirigeant et plus tard, surtout si ça ne "marche" pas, le système de la disponibilité me permet de retrouver mon corps d'origine, bien au chaud et sans perte d'avancement. Le sauf-conduit total, en quelque sorte, quels que soient les résultats de ma gestion. Pas mal, le "libéralisme", vu de cette façon ! Une bonne et vraie réforme serait de prévoir que les fonctionnaires hors classe ne peuvent que démissionner de la Fonction Publique...mais qui osera la faire ?
** Pourquoi dès lors matraquer fiscalement tous les Chavillois, alors qu'il n'y a jamais eu le moindre problème de trésorerie pour la ville ? Le sujet, c'est que le maire réalise maintenant qu'il va y avoir à un moment donné des excédents suite à une brutale augmentation qui touche durement les moins favorisés et qu'il faudra en répondre politiquement..
C'est cela, la gestion politique et au doigt mouillé : on amuse le citoyen en dépensant en communication et en jouant au yoyo fiscal :
1. Avant les élections, je promets n'importe quoi alors que je connais parfaitement la situation qui est publique et bien documentée (sous réserve bien sur que mes futurs adjoints aient un minimum de compétence)
2. Après les élections je frappe un grand coup en invoquant un imaginaire héritage, voire en affabulant carrément et je constitue ainsi des marges de manoeuvre pérennes
3...A l'approche de nouvelles échéances qui m'intéressent vraiment, je relâche un peu la pression.
Bien sûr que tous les élus sont contraints par la démagogie ambiante de gérer la contribution fiscale des citoyens dans le temps, sauf ceux qui bénéficient de grosses rentes de situation fiscale grace à la taxe professionnelle. Mais ce doit être dans des proportions raisonnables et justifiées, Ce n'est en aucun cas la situation à Chaville, ni au titre des recettes ni à celui des dépenses.
*** voir notre prochaine note "Mille-feuilles...ou tarte à la crème ?"
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