Pendant 13 ans, la municipalité de Chaville (associatifs d'AGIR, socialistes et communistes) a oeuvré pour ramener la commune dans le peloton de tête pour les bonnes choses : urbanisme de qualité dans tous les quartiers, création d'un parc diversifié de logement aidé, relance d'un minimum d'activité économique et d'emploi local, création de nouveaux services sociaux pour toutes les familles, amélioration des conditions de travail pour l'enseignement public, qualité de la voirie et de l'environnement, coopération intercommunale, développement du sport. Elle a aussi travaillé pour faire descendre Chaville dans les "mauvais classements" : surtaxation des citoyens, perte de la proximité et de la qualité du service public, non-présence des services de l'Etat ou nationaux (poste, commissariat, sécurité sociale) et des antennes du département ou de la communauté d'agglomération), fracture sociale.
Le tout, au prix d'une qualité de gestion financière constamment reconnue par les seuls juges objectifs et indépendants : la Chambre Régionale des Comptes et le classement annuel de l'association des directeurs généraux des services des villes. Et avec un bon climat social, synonyme de motivation des personnels sans lesquels rien n'est possible au quotidien.
Ce travail, cette échappée vers l'avenir sont momentanément interrompus et la ville, malheureusement, redescend la pente pour devenir un simple guichet de "GPSO, l'agglo la plus techno" qui réserve à la droite l'exécutif d'une agglomération dont la population est partagée en deux politiquement (rappelons qu'aux dernières régionales, la sensibilité de gauche était majoritaire à Meudon, Chaville...et Issy-les-Moulineaux). Chaville a été donnée à des non-chavillois qui s'obstinent - c'est assez logique de leur part- à vouloir en faire un pur dortoir annexe aux quartiers d'affaires de GPSO. Elle se repeint en un gris qui, loin d'être classieux, reflète une vision de classe. Les Chavillois en paient déjà la facture et, ce qui est plus grave... les dégâts.
Etre pour la coopération intercommunale c'est une chose. S'en servir au détriment de la démocratie et de la qualité du service public au motif de conceptions économiques dépassées vendues par des gens qui n'ont jamais mis le pied dans une entreprise, c'en est une autre. Donner un chéque en blanc à un club monocolore est une erreur car, comme la réalité économique le prouve chaque jour, on n'est pas mieux géré parce qu'on est plus gros. Simplement, cela ne paraît pas parce qu'on draine toutes les ressources...
Il ne s' agit pas ici d'oublier le rôle essentiel des maîtres d'ouvrage ou des architectes mais de montrer comment une municipalité soucieuse de travailler sur le terrain à l'amélioration du cadre de vie et de la vie même des citoyens, peut opérer en faisant de l'urbanisme une affaire de qualité et non exclusivement de rentabilité à court terme... pour d'autres que pour le citoyen. Premier exemple : l'immeuble d'angle du "Puits Sans Vin" succèdant à la ruine qui dépara pendants des années le carrefour principal de la ville.
Le maître d'ouvrage est ici l'entreprise sociale de l'habitat "Le Logement Francilien", qui avait déjà construit l'immeuble de logement aidé situé en face de Saint-Thomas. L'architecte, l'agence Girardet (Sr.). Le croquis est de l'auteur du blog, excusez s'il vous plaît sa piètre qualité ! Il a été aidé par l'équipe d'AGIR pour les commentaires.
Le Puits Sans Vin (immeuble d'angle)
La mise au point administrative et technique de ce dosssier, hérité en 1995, a été extrêmement longue : mauvaise volonté du syndicat intercommunal d'assainissement, procédures juridiques simultanément en cours devant différentes instances, exigüité du foncier disponible, financements d'origines différentes, contraintes esthétiques etc.). Mais nous en sommes finalement venus à bout, grâce au bon partenariat avec le Logement Français, l'APEI mais aussi l'Etat, le Conseil Général etc. ..et à une attitude volontariste constrastant avec celle montrée aujourd'hui vis-à-vis de la partie commerciale des Créneaux, de la villa Sully en ruine et des promoteurs en général.
Le bilan final est intéressant : la ville est rentrée (grosso modo) dans les sommes qu'elle avait investi en rachetant à l'ancien propriétaire du café, faute d'autre solution, les murs et le fonds qu'il ne pouvait plus exploiter alors qu'il venait d'acheteren s'endettant; le Logement Francilien a pu étendre son offre sur Chaville en continuité avec le bâtiment adjacent; l'APEI bénéficie d'espaces neufs pour ses activités dont chacun salue la qualité; le carrefour est visuellement "bouclé"...à un détail près.
Dans le projet d'origine (ex- projet d'un Centre Ville), un vis-à-vis architectural de l'autre côté de la rue A.France aurait été proposé. Il est à craindre que ne vienne s'y substituer, avec la carte blanche donnée à la SPLA (société d'économie mixte de l'agglo GPSO) et aux promoteurs), une création de type standard comme celles qu'on peut voir à Viroflay, au Plessis ou ailleurs, créant ainsi un déséquilibre visuel. On ne parlera pas de Boulogne ou d'Issy pour ne vexer personne...mais chacun peut, en y circulant, se convaincre que "big" n'est pas "beautiful" , que le prix du m2 n'est pas une fin en soi et qu'on peut avoir beaucoup d'argent et mal le dépenser.
Les questions sont bien sûr les bienvenues (commentaires sur le blog par exemple).
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*Et pour finir, une petite fable de La Fontaine pour se divertir ... après tout, Versailles n'est pas loin !
Un paon muait ; un geai prit son plumage
Puis après se l'accommoda
Puis parmi d'autres paons tout fier se panada
Croyant être un beau personnage.
Quelqu'un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué,
Et par messieurs les paons plumé d'étrange sorte ;
Même vers ses pareils s'étant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.
Il est assez de geais à deux pieds comme lui,
Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui,
Et que l'on nomme plagiaires,
Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui ;
Ce ne sont pas là mes affaires