Avec le Parc Saint-Paul nous poursuivons cette série,
destinée à informer les Chavillois
(et les amis qu’intéresse le devenir de notre cité) des raisons, desseins et options d'urbanisme
à l’origine des réalisations, lancées avant 2008 et qui sortent de terre ou se terminent actuellement.
Bonne lecture !
L’ensemble « ALJT » que l’on pourrait aussi appeler « Parc Saint-Paul » est issu d’une décision du groupe de la Caisse des Dépôts et Consignations qui avait construit dans les années 60 et gérait le Foyer de Jeunes Travailleurs situé boulevard de la Libération (1ère rue à droite après le pont SNCF R.G. en venant du Puis Sans Vin). Ce foyer accueille les jeunes adultes en début de carrière professionnelle (par opposition aux étudiants qui ont en principe (quand ils en trouvent) d'autres lieux d'accueil et la durée maximum d'accueil est en principe de 2 ans, suite à quoi un parcours vers du logement aidé est souhaitable (mais là aussi, trop souvent théorique !)
Il est géré par une « petite-fille » du groupe, l’association ALJT et c'est l’un des plus importants dont celle-ci dispose en région parisienne. Très bien situé à proximité des gares RG et Chaville-Vélizy il ne posait pas de problèmes particuliers si ce n’est qu’il n’était plus aux normes (toilettes et douches collectives à l’étage). Il fallait donc le reconstruire sur place et la mairie fut de ce fait consultée.
Deux solutions étaient possibles. Soit, comme d’autres le font, laisser faire et se contenter de vérifier que le permis de construire est conforme. Soit, entrer dans la démarche du maître d’ouvrage et l’accompagner car le paysage chavillois ne doit pas, selon nous, être livré au petit bonheur la chance à la volonté des constructeurs. Parmi ceux-ci en effet certains sont conscients que tout projet doit participer au développement qualitatif et durable et de la ville et donc s'intégrer esthétiquement et économiquement dans le tissu urbain.
D'autres, plus nombreux hélas, ne s'intéressent qu'à leur propre projet et voudraient faire prévaloir leurs seules priorités. Pour toute municipalité qui se respecte, un dialogue serré est donc à construire avec les maîtres d'ouvrage, ce qui tourne généralement à l'avantage des architectes qui évitent ainsi d'être totalement inféodés aux considérations financières leur client et peuvent mieux exprimer leur talent. Et même si le goût et la compétence d'urbanisme ont un côté subjectif, ils demandent chez beaucoup d'élus à être formés ce que la loi, malheureusement, ne prévoit pas pour l'instant.
Chaville est hélas l’une des rares villes de l’Ouest parisien où n’existe pratiquement plus aucun patrimoine architectural, celui-ci ayant été largement détruit dans le passé et, ce qui est plus rare, ayant continué à l’être plus récemment (totalité du Doisu, église de Chaville et plus récemment Villa Sully, bientôt façade de la Maison aux Lierres et peut-être l’Académie des Beaux Arts ou le pavillon situé à l’entrée de Chaville) avec une large part de responsabilité des élus.
Jusqu’en 2008, la politique municipale était de sauver ce qui pouvait encore l'être ou tout au moins de reconstituer « dans l’esprit » les bâtiments ayant un véritable intérêt patrimonial* ou insérés de façon prégnante dans un paysage (ancienne Ecole Gérard par exemple), ainsi que le patrimoine « meuble » tel que collections artistiques ou d’intérêt local et associations de création artistique. Bien entendu le patrimoine naturel (parcs ou vignes) devait également être protégé (parc F.Mitterrand) ou développé (vigne du parc de l’Académie). Ils risquent maintenant d'être, sous couvert du futur PLU, livrés aux convoitises des promoteurs car situés dans des sites privilégiés et qui, donc, se vendraient cher.
Ici, à proximité du groupe scolaire A.France, se présentait une opportunité de valoriser un site ancien, issu du partage de l’ancien Parc de Michel Le Tellier dont l’actuelle avenue Saint-Paul était l’un des axes forts. Sur cette partie du Parc (lire à ce sujet, pour plus de détails, l’intéressant ouvrage de l’A.R.C.H.E. ** « Chaville au fil des rues »), fut érigé à titre privé par un maire de Chaville, Joseph Cazalot (de 1824 à 1828), un « château » sis au milieu d’un parc arboré. Au fil des années, une congrégation des Frères de Saint-Vincent de Paul s’y installa après agrandissement (rehaussement de l’immeuble) et vers 1922 le bâtiment fut transformé en pouponnière par une œuvre publique.
Ce n’est qu’en 1967 qu’il fut détruit pour laisser la place à l’« ancienne » ALJT, dans une facture des années 60 qui sans être extraordinaire, donnait au moins une bonne qualité de vie et respectait le paysage ainsi qu’au groupe scolaire A.FRANCE/LES IRIS. Tout autour, par contre, s’installaient des immeubles assez importants, sans grand caractère architectural pour la plupart.
Le projet devait donc
-densifier raisonnablement l’occupation (du fait de contraintes économiques et sanitaires) sans pour autant altérer un environnement urbain déjà chargé
- ne pas gêner excessivement les riverains, leur apportant au contraire un plus grâce à la construction d’un stationnement souterrain et s’harmoniser avec le quartier.
- reconstituer dans l’esprit la présence du « Château » Saint-Paul et un espace vert continu (parc)
- ne pas obérer l’espace scolaire voisin (accès, vues et apports de lumière) et au contraire apporter aux enfants un environnement de qualité contribuant à l’éducation de leur goût. Contrairement aux idées reçues en effet, il ne faut pas justifier un urbanisme médiocre par un imaginaire manque de respect des habitants mais au contraire stimuler leur citoyenneté en leur apportant à tous la qualité de l’environnement urbain. La qualité des constructions est donc un facteur positif d'éducation et un exemple pour le voisinage scolaire
- être protégé autant que possible du bruit des trains grâce à une bonne orientation des constructions.
- compléter le programme chavillois de logement aidé, tout en apportant une justification supplémentaire à l’effort du maître d’ouvrage en direction d’un beau projet
Le croquis du soussigné (JL), sans aucune prétention artistique bien sûr, est censé aider à comprendre comment les options retenues se sont traduites dans la réalité du projet. Il est fait d’après une perspective tracée par l’architecte. Merci à I.C. d'avoir contribué à la mise en page.
- Un petit regret : il était prévu un parc public au centre du projet. Suivant une regrettable tendance actuelle qui consiste à s’imaginer que la prolifération de barrières genre SNCF et de mobilier urbain lambda améliorent la sécurité et l’environnement, l’espace a été re-privatisé et saucissonné ce qui n’était pas dans le « contrat » d’origine…Mais les critères « économiques » sont passés par là dans l’esprit d’une future revente du patrimoine locatif et de toutes façons l’heure n’est plus pour l’instant à un urbanisme de qualité à Chaville.
Soyons déjà satisfaits qu’un partenariat positif réunissant la SCIC, l’ALJT et l’architecte ait pu permettre une réalisation pérenne et, pensons-nous, valorisante pour notre ville. La promotion privée voisine (Bouygues) a d’ailleurs également consenti à s’intégrer architecturalement dans le site où elle marque discrètement sa différence par la couleur de la toiture et les enduits plus « mode » contrastant avec le classicisme volontairement privilégié par l’architecte du projet, Bénédicte GECELE-PASQUIER. Les formes générales restent toutefois visuellement compatibles.
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*. L’ancien projet d’un Centre Ville incluait entre autres la reconstitution en perspective de la maison particulière et de sa gloriette située Pavé des Gardes.
** Association pour la Recherche sur Chaville, son Histoire et ses Environs