L’orgueilleuse citadelle des Hauts-de-Seine a tremblé sur ses bases mais, faute sans doute d’un nouveau Josué, elle est encore debout. Ces élections cantonales ont montré plusieurs choses. La première, c’est que l’inexpugnable donjon que les héritiers de Charles Pasqua croyaient s’être bâti hors du droit commun de la République, montre de profondes lézardes. La seconde, c’est qu’à Nanterre aussi ce n’est pas une profonde communauté de valeurs qui rassemble la droite mais une simple conjonction d’intérêts. La troisième, c’est que comme il fallait s’y attendre, les hiérarques de Jéricho n’ont prêté aucune attention au bruit des trompettes, couvert par le bruit de leurs disputes.
Vous aviez dit valeurs du sarkozysme ? Ici aussi le masque tombe : de même que sur un point essentiel (la Droite peut-elle continuer à cloner et à légitimer l’Extrême-Droite), la droite française est divisée, à Nanterre il y a fracture : d’une part les survivants de l’ère Pasqua, nostalgiques du temps des "Rats Maudits" (consulter leurs aventures sur internet) et puis les jeunes ou les républicains conservateurs. Ceux-là ne souhaitent pas rester liés au confusionnisme brutal des sarkozystes et commencent à envisager un autre Président, voire même un autre candidat. Les conservateurs menacent de divorcer d'avec la Réaction et c'est bien.
Troisième conclusion : le club nanterrois est resté sourd aux trompettes de Jéricho. Dès l’annonce des résultats Patrick DEVEDJIAN, sitôt sauvé par la chute d’Isabelle BALKANY, remonte au perchoir et organise sa revanche. L’UMP 92 reste présidée par J.J.GUILLET qui bien au chaud joue son propre jeu tout comme le Fils du Président, rentré en coulissse. Tout continue à se jouer, non en tenant compte de l’avis des électeurs mais sur la base des messages du châtelain absent. Tout ce beau monde espère sans doute aussi « tenir » jusqu’au nouveau tour de bonneteau qui leur permettra peut-être de s’en sortir : la "réforme" des collectivités territoriales.
Et dans le canton de Chaville ? Encore une fois Marnois, Vaucressonnais et Dagovéraniens auront sauvé la mise à la droite. Mais l’édifice bricolé par Ch. PASQUA et consistant pour « sécuriser » la circonscription UMP de J.J.GUILLET, à accoler au canton de Chaville ces communes étrangères au chef-lieu, se lézarde lui aussi : ainsi, cette fois-ci, seuls 35% des Vaucressonnais ont voté ! A Ville d’Avray, la gauche franchit le score historique des 37% et dans certains bureaux chavillois ou dagovéraniens le vote nul** atteint ou dépasse 6%. N’oublions pas non plus les scores de premier tour d’EELV et de l’extrême-droite.
Alors, quelles conclusions locales et départementales ?
A Chaville, la "gestion" du député-président de l’UMP départementale-maire se voit clairement sanctionné, sa suppléante n'obtenant que 46,6% des voix. La candidate socialiste profite du bon report de celles des électeurs de gauche et des Verts qui lui permet d’obtenir un score multiple de celui, stationnaire à 20%, du PS. Nous nous en réjouissons avec elle. Avec elle nous constatons aussi que l'union, qu'il ne faut jamais briser sans raison sérieuse, fait encore une fois ses preuves.
Mais méfions-nous des tenaces réflexes de parti qui amènent souvent la défaite, comme l'UMP nous le démontre à son tour. A Chaville, à Nanterre, c'est d'abord la voix des citoyens qu’il nous faut écouter. Elle exige des élus, non d'afficher des étiquettes qui ne prouvent rien ou de vendre du vent, mais d'agir pour prouver leur loyauté, leur force de caractère, leur compétence et leur présence au service de tous. Ce scrutin aura été une occasion de le rappeler, l'avenir sera celle de le pratiquer.
* Jean-Jacques GUILLET, son président, est lui, tranquillement resté en place et semble avoir changé d'opinion au sujet de Patrick DEVEDJIAN. Comme disait humoristiquement Edgar Faure, ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent...
** Regrettons encore une fois que le vote blanc soit en France assimilé au vote nul