Voici venir la dernière ligne droite des élections présidentielles. Après avoir cinq ans durant soufflé le vent, le président sortant récolte la tempête…ou la pétole*, c’est selon. Au mépris et aux attaques vis-à-vis des uns ou des autres répondent aujourd'hui chez de très nombreux Français l’indignation ou une lassitude fondamentale devant les tours de bonneteau dont on les berne depuis des années.
Est-on ici injuste, quelqu’un peut-il prétendre que ce quinquennat aurait vraiment fait progresser le pays ? Nous ne le pensons pas car, passant en revue ses prétendues “réformes” de notre société, force est de constater que, lorsqu’elles ont été suivies d’effet elles se traduisent par autant de reculs, formant une réaction sociale, économique et culturelle de la France, une marche arrière du pays.
Cela rend d’autant plus nécessaire de faire succéder, à une période d’agitation et de réaction, une période de reconstruction et d’action, calme et réfléchie.
* Vent zéro, pour les marins
LA REACTION
Le quinquennat de N.Sarkozy se présentait sous les auspices d’une restauration de la valeur travail, de l’intégrité politique, du dynamisme économique et d’un “modernisation” de la société française. Mais dans les faits, qu’a-t-on vu ?
Le retour des fermiers généraux
Dans le domaine économique, la fête au Fouquet’s qui a tant fait couler d’encre est sans doute plus symbolique encore qu’il n’y paraît . En effet, la relation entre le pouvoir sortant et les gros bras du CAC 40 rappelle irrésistiblement les rapports entre celle le pouvoir royal et ses fermiers généraux* dont le plus célèbre fut, précisément, Fouquet. Quant on lit les contrats de type “PPP**” que l’Etat souscrit en ce moment avec de très grandes entreprises comme Bouygues, c’est le mot “léonin” qui vient à l’esprit. L’énorme loyer qu’il devra leur payer dure bien au-delà des échéances politique, il est déconnecté de la prestation du fournisseur et de plus couvert par le secret commercial. On ne saurait avouer de façon plus évidente que les sympathisants économiques des campagnes de droite n’ayant plus confiance, ils exigent l’emploi d’un procédé juridique indépendant du résultat des élections pour continuer à coopérer. Je t’appuie, l’Etat paiera, même si la Gauche passe !
De son coté, le groupe Dassault oblige depuis des années, au travers d’achats forcés d’appareils dont nos armées n’ont pas besoin l’Etat et donc le contribuable à porter à sa place le risque industriel (la mondialisation, c'est bon pour les salariés). Ce groupe, comme Lagardère par exemple, est largement présent dans les media. Il dispose donc des moyens de faire pression sur la Droite. C’est par ces méthodes, acceptées voire promues par les Sarkozystes depuis des année que notre Etat se voit progressivement inféodé à un lobby militaro-industriel et communicationnel. Or quand l’Etat verse des centaines de millions de loyers quelle que soit la contre-prestation ou sert gratuitement d’assureur industriel on n’est plus très loin de déléguer la perception de l’impôt. C’est sans doute la seule chose que Nicolas SARKOZY n’ ait pas encore annoncée mais dont il rêve sans doute, dans son obsession de tout privatiser : affermer le paiement de l’impôt !
La seule différence avec nos rois c’est que ceux-ci, inquiets d’une fracture sociale grandissante et du risque de révoltes d’Indignés qu’on appelait à l’époque jacqueries, faisaient de temps en temps rendre gorge aux Fermiers Généraux. Dans notre République par contre, on a pu voir récemment nos parlementaires, méthodiquement chloroformés par l’inflation législative, se voir refuser l’information sur les contrats Bouygues de Balard et rester muets d’impuissance devant les scandales du type de l’hôpital d’Evry ou de DEXIA ou encore les opérations hippiques du ministre Woerth. Il paraît que la Justice s’en occupe. Sans doute faudrait-il qu’une équipe pluridisciplinaire de juristes affûtés assistés d’une inspection générale motivée décortique bien tout cela.
* Les fermiers généraux percevaient l’impôt pour le compte de l’état royal et se payaient eux-même sur leur recette.
** “Partenariats” Public Privé
Le service public d’avant les rois
A propos des Rois –on finirait par en être nostalgique- on peut aussi parler du service public que certains d’entre eux, suivis par les empires et les républiques idéalistes inventèrent : hôpitaux et hospices, poste, transports publics voire commerce international. Pourquoi ? Pour des raisons idéologiques ou de propagande certes mais aussi parce qu’étant durablement là, le pouvoir politique pensait durablement.
Il avait donc tendance à appliquer le bon sens à une politique durable et à travailler à moyen terme, au-delà des intérêts corporatistes ou capitalistes dont il se méfiait et qui ont aujourd’hui le champ largement ouvert devant eux, pas seulement dans le domaine de la Défense. On comprenait bien alors que politique et économie, public et privé ne sont pas à mettre en concurrence mais à hiérarchiser et à faire travailler ensemble, tout simplement parce qu’ils ne sont pas de la même nature.
Dire que “l’économie” et a fortiori la finance ont vocation à s’auto-gouverner revient à dire que les troupeaux n’ont pas besoin de bergers car ils seraient dotés de puces électroniques ou que les banques ont un sens inné de la citoyenneté. Dire que la poste, la santé, le soin de la vieillesse, le fonctionnement des centrales nucléaires peuvent être entièrement délégués au privé, parler de “rentabilité” pour des services publics, appliquer des “critères” privés à l’administration c’est stupide et dans certains cas, criminel ainsi que le cas de Fukushima tend à le prouver. Ceci ne veut évidemment pas dire et ce, depuis toujours, que l’administration du service public ne doit pas être rationnelle, économe, incorruptible et juste. Mais imaginerait-on d’exiger d’un service privé qu’il soit juste, économe, incorruptible alors que le profit (pour qui, d’ailleurs, au juste ?) est en principe sa seule loi ? Ce ridicule et dangereux mélange des genres, typique de la droite européens ultra-libérale, ne tient pas la route et doit cesser.
Le rôle du secteur public est en effet de diminuer la fracture sociale, de porter des risques et des investissements (de sécurité entre autres) que le privé ne veut ni ne peut faire alors qu’ils sont indispensables mais aussi d’assurer les bases d’une société juste, donc équilibrée et pérenne.
Quelle a été la réaction sarkozyste ? Détourner le concept de RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques) qu’il n’a pas inventé en une décimation aveugle des services publics qui fait dépendre la qualité de notre administration du dévouement sans failles de quelques-uns ; inventer des règles absurdes vaguement inspirées du privé tout en nourrissant largement celui-ci par diverses astuces ou compromissions ; nier l’importance d’une éducation de fond, essayer de faire croire à tous que les enseignants paressent, intervenir dans les programmes scolaires pour tirer l’enseignement général de tous vers le bas. Tout cela pèsera sur des générations entières, si la barre n’est pas bien vite redressée.
Mais au-delà de l’équilibre économique de notre société, il y a aussi et c’est le plus important, son équilibre politique car le matérialisme totalitaire qu’on prétend nous imposer est fondamentalement dangereux. Lorsqu’on voit les tendances d’extrême droite se multiplier en Europe y compris dans des pays de tradition démocratique, ce n’est en effet pas la faute à l’immigration qui est avant tout un problème de gestion quotidienne dans un esprit laïc et républicain. Ce sont les inégalités, la misère grandissante, la perte de confiance dans las élus qui font le lit des fascismes. Le racisme, peu importe qui il vise en premier, fait le reste.
Un vieux parfum d’Europe Centrale
Cela vient-il de ses gènes d’Europe Centrale (pour employer son propre vocabulaire) ou non ? Peu importe. Le fait est que le président sortant n’a visiblement pas bien assimilé la logique de l’histoire française. Comme les Etats-Unis, la France est en effet porteuse d’une culture propre et puissante dépassant le cadre étroit d’une Europe libérale et continentale auquel certains voudraient la confiner.
Elle a donc vocation à faire valoir des concepts autonomes comme la citoyenneté internationale, la laïcité (la vraie bien sûr et non son avatar anti-musulman), l’équilibre culturel du monde, une vocation océanique et l’humanisme. Proche des USA sur tous ces plans, elle doit s’en éloigner quand il s’agit d’inféoder sa politique internationale à des concepts bibliques, à des intérêts financiers ou économiques apatrides, à un mépris permanent pour la solidarité environnementale ou à la simple humanité. Celle-ci proscrit entre autres la peine de mort, l’oppression économique ou le recours à la terreur opérationnelle, version évoluée du terrorisme. La politique sarkozyste, si elle existe, fait tout l’inverse. Quelque part entre Budapest et Washington elle cultive des thèmes typiques de l’avant-guerre et d’un univers vaguement inspiré de Bush Jr. et cousins de ceux de V.Orban.
La situation européenne reflète peut-être les derniers moments d’une gouvernance de plus en plus confisquée par la droite libérale et les intérêts économiques. Elle donne à penser que c’est bien cette droite d’argent qui avait pavé le chemin des fascismes européens. Ainsi, au lieu de donner aux maires ou aux préfets la volonté et les moyens d’administrer vite, bien, clairement et à tous les règles du vivre ensemble dans une République laïque, le pouvoir actuel diabolise sans rien résoudre et se fait ainsi le fourrier de l’extrémisme.
Les déclarations constantes du ministre Guéant lisant un prompteur présidentiel avec en contrepoint le discours des Dati, des Yade, des Juppé ou des Raffarin, tout cela constitue une comédie permanente et très dangereuse. A force de dire et de laisser dire, on finit effet par laisser croire, croire, laisser faire et finalement, faire. Gare à la boîte de Pandore une fois ouverte ! Et est-ce un hasard si N.Sarkozy a été politiquement éduqué dans les Hauts-de-Seine où il a fréquenté de nombreux anciens de l’extrême-droite sur qui la peinture gaulliste commence à s’écailler ?
Et ceux qui, se reconnaissant de telle ou telle communauté au sein de la République, s’imaginent que le racisme a plusieurs vitesses et qu’ils peuvent sinon approuver tout au moins tolérer les dérives, se trompent. La bête une fois déchaînée mange tout le monde. Qu’ ils regardent seulement ce qui se passe en Hongrie, où la dérive antijuive ne prend même plus la peine de se cacher soixante ans après Horthy et qu’ils considèrent aussi que comme la langue d’Esope l’Europe (une autre invention grecque !) peut nourrir le meilleur mais aussi le pire.
Le retour à la politique magique
Mais ce qui caractérise peut-être le plus ces quelques années que nous venons de vivre avec “NS” c’est la pratique permanente du détournement. Détournement du mouvement gaulliste devenu un parti de droite ordinaire véhiculant de plus en plus souvent des thèmes et même des thèses pétainistes. Détournement plus scandaleux encore de la Résistance. Détournement de la réforme administrative, devenue castration du service public. Détournement de la laïcité enrôlée pour un combat vague, vain et venimeux contre l’Islam et guettée par un préjugé très clair en faveur de l’enseignement confessionnel. Détournement de la valeur travail au profit des rentiers, les actionnaires petits ou grands étant semble-t-il la seule clientèle qui intéresse ce régime. Détournement de l’Europe dont le grand projet social et humaniste se réduit de plus en plus à une sainte alliance libérale plus ou moins orchestrée par un directoire de droite germano-français. Détournement de l’Histoire, à l’occasion. Détournement de la bonne gestion publique en une entreprise d’appauvrissement des peuples. Détournement du beau mot de Réforme en une entreprise de démolition de beaucoup de choses solides et intéressantes alors que les corporatismes et les lobbies dorment tranquilles.
Plus grave encore il y a le détournement de la démocratie. Même pour un partisan inconditionnel d’une ’”Europe” censée être une garantie universelle ( comme si la taille d’une organisation politique était en elle-même une garantie d’excellence) le lamentable exercice qui a consisté à faire approuver par les parlements ce que les peuples avaient refusé devrait être honni. Son initiateur en France était bien, en tous cas l’actuel président et cela ne l’empêche d’ailleurs pas –ou bien en est-ce précisément la raison- de faire la promotion du référendum populaire sur des thèmes de division. Car il y a, pour couronner le tout, le détournement de la fonction présidentielle. De rassembleur, le président est devenu diviseur ; de pédagogue, il est devenu trompeur ; au lieu d’incarner la France, le président personnifie l’instabilité et l’irrespect. Censé garantir les institutions, ce premier magistrat du pays a mené en exploitant les faits divers un combat permanent contre une Justice* qu’il affame et suborne à la moindre occasion, après nous avoir promis une République exemplaire. Enfin, il laisse les intérêts privés prendre une place de plus en plus prépondérante dans le fonctionnement de l’Etat.
Mais pourquoi tout cela, pourquoi ce comportement déroutant ? C’est sans doute la question la plus intrigante et la plus importante car il s’agit d’envisager un nouveau mandat pour un homme qui parfois ne semble pas savoir lui-même ou il veut aller. Nous pensons qu’il s’agit pour lui, tout simplement, d’un exercice de politique magique : se griser de la magie du verbe, pratiquer l’exercice du tabou et celui du bouc émissaire, négliger que l’exercice proportionné du pouvoir à l’intérieur des lois existantes et des principes républicains est dix fois plus productif qu’une diarrhée de textes, tout cela nous fait revenir des décennies voire des siècles en arrière. Le tout constitue un okapi politique. Gaullisme et pétainisme, atlantisme et nationalisme, libéralisme et jacobinisme, christianisme et matérialisme lui donnent une étrange livrée. Mais cet okapi est agressif au lieu d’être craintif et part en guerre par principe. Pour qui et pourquoi faire, on n’en sait trop rien. C’est le symbole même de la réaction, au sens propre du terme et c’est tout ce dont la Droite, qui en tant d’années a eu largement sa chance, a su accoucher.
* Voir l’article sur Chaville ci-dessous
L’ACTION
Changer, c’est proposer autre chose, bien sûr et ce n’est pas facile. Le paysage politique est brouillé et la grande bouffe de l’information à laquelle nous sommes de plus en plus exposés fait perdre tout relief aux choses. Les faits ne sont plus analysés, mis en perspective, structurés autour de principes fermes. Ce qui est vain est mis en exergue, des questions fondamentales sont tues. Dès lors bien des ânes se répondent d’un pré à l’autre, “les marchés” dictent leur loi. La politique du fil de l’eau ou du fait divers n’est plus loin, on en a largement eu la preuve pendant cinq ans. L’autre candidat majeur de la présidentielle propose, lui, une remise en ordre et une approche cohérente tenant compte des messages parfois très pertinents d’autres concurrents amis. On peut et pensons-nous, on doit l’accompagner tout en étant conscient des difficultés qui nous attendent sur le chemin de l’ACTION.
Un avenir pour la jeunesse
Ce thème est essentiel. Non qu’il faille se désintéresser du présent ou du passé ni des citoyens qui ne sont pas encore ou ne sont plus jeunes. mais il s’agit de préparer, au travers de notre jeunesse, un avenir au pays et plus largement à la culture française que nous ont légué nos ancêtres. Cette démarche est essentielle car elle est structurante. Elle indique la direction d’un progrès social. “Réformer” pour réformer, à supposer qu’on réforme vraiment et bien, n’a en soi aucun sens. Remettre le pays en marche pour qu’il donne au citoyens plus de bonheur dans l’avenir, en a un. Comme le rappelle François HOLLANDE il s’agit pour nous se permettre à chaque génération de vivre mieux que la précédente, de rendre l’Etat impartial, de faire respecter la morale publique et de porter haut les valeurs de la France dans le monde. Vaste programme comme l’aurait dit Charles de Gaulle mais programme tout de même ! Mais la manœuvre a un but et pour tous, pas pour quelques-uns seulement. C’est déjà très bien.
Le second volet de l’idée jeunesse c’est l’Education. L’Education est le poumon d’un pays, elle contient son avenir et l’expérience tunisienne récente est à méditer : si ce petit pays sans ressources naturelles a su depuis des années s’en tirer à peu près et semble-t-il bien négocier une nouvelle page de son histoire, c’est sans doute parce que depuis des années, il a su investir très fortement dans l’Education d’où davantage d’adaptabilité, moins de brutalité dans le changement, une meilleure capacité de rebondissement même si à court terme, un état aussi petit ne peut assurer un emploi à tous ses diplômés. La France peut travailler à une autre échelle et même si l’hexagone n’abrite que 65 millions d’habitants notre pays peut et doit transformer son investissement éducatif à la dimension de l’espace francophone et du monde. Créer des plate-formes universitaires dans le monde entier en coopération avec d’autres pays latins pourrait être une excellente base pour mieux former étudiants, enseignants, chercheurs et personnels du monde culturel, par exemple. La France de demain n’exportera pas vers les débris d’un empire colonial mais grâce à des investissements nouveaux et partagés.
Le troisième volet du triptyque est implicite : c’est la volonté de bâtir l’avenir sur autre chose que le culte des “marchés”, intéressante création anthropomorphique du libéralisme moderne à laquelle les droites européennes semblent vouer un culte rappelant fort celui du Veau d’Or, celui-là même dont Moïse cherchait à détourner le peuple d’’israël. François HOLLANDE accepte certes l’économie de marché qui, comme la démocratie en politique, est le pire des systèmes à l’exception de tous les autres. Mais il en refuse en même temps les déviances et les abus. du libéralisme qui est une doctrine et non une donnée économique. On ne saurait en effet, à moins d’être irresponsable, proposer à notre jeunesse de faire n’importe quoi qui lui rapportera, le plus vite possible, de l’argent à dépenser dans n’importe quoi pour faire tourner la machine : un moderne moulin de Maître Cornille*, en somme. C’est pourtant le discours sarkozyste, illustré par le slogan célèbre mais idiot et d’ailleurs démenti par les faits “Travailler plus pour gagner plus”. On doit au contraire construire pour elle les moyens de travailler pour vivre, non de vivre pour travailler c’est à dire d’être libre dans une démocratie durable. C’est pour cela aussi que l’Education républicaine et non seulement l’enseignement, est prioritaire.
* Cf.. “Les lettres de mon moulin” d’Alphonse Daudet
Une autre vision de l’entreprise et de la finance
En économie de marché, le secteur privé porte une très large part de la substance économique, laquelle est le principal pourvoyeur d’emploi. Il est donc important qu’il puisse mettre au service de besoins réels et raisonnables le maximum de capacités de production ou de service. De là à perdre totalement de vue, comme on le fait trop souvent au prétexte de “mondialisation”, la légitimité respective des besoins, des consommations, de l’emploi, des échanges, de la concurrence, des situations géographiques ou politiques, de la protection durable de la Nature, il y a un pas que tout humaniste – et tout dirigeant responsable- se refusera à franchir.
En d’autres termes il faut à tout moment vérifier, dans l’intérêt même d’un fonctionnement positif de l’économie de marché qui est faillible comme toute création humaine, qu’on sait où l’on va et qu’on n’a pas perdu les pédales. La récente situation de la crise dite de la dette est un avertisseur utile dans ce sens mais il n’est pas certain du tout qu’on en ait tiré les bonnes conclusions et donc réussi à éradiquer le mal, prévenant ainsi un retour proche de la crise.
En effet, davantage que la finance elle-même qui n’est finalement qu’un outil.et un thermomètre c’est à la financiarisation de l’économie qu’il faut s’en prendre et cette financiarisation a une origine : la rupture de l’équilibre interne de l’entreprise au profit de ses actionnaires. A partir du moment où les gardiens du temple de l’économie capitaliste c’est-à-dire les politiques et leur administration laissent faire, que ce soit par indifférence, incompétence ou promiscuité corruptrice, l’équilibre se rompt et, l’entreprise devient prioritairement une “pompe à fric” que des patrons grassement payés laissent les actionnaires librement…actionner. Elle n’est plus un projet commun, professionnel et rémunérateur de satisfaction d’un besoin de la société mais une proie pour les conseilleurs et les opérateurs financiers.
Le paradoxe est d’ailleurs que ces actionnaires sont aussi bien de petits porteurs rassemblés au travers des véhicules financiers (OPCVM, FCP) que de gros actionnaires privés ou publics. Dans une certaine mesure, le citoyen est donc, en tant qu’actionnaire diffus, l’artisan de son propre malheur quand l’emploi est menacé, même si on ne lui a pas demandé son avis pour être actionnaire. Sous le couvert de l'anonymat des "marchés", on lui fait supporter davantage de bénéfices nets à court terme, donc moins d’emploi, surtout dans un pays comme la France où la finance familiale, à quelques spectaculaires exceptions près, est faible. La rémunération ne file cependant pas dans ses poches mais dans la rémunération du réseau et de l’habillage du produit : la banque copie la grande distribution. On tond le mouton trop ras et l'essentiel du profit part chez les négociants en laine. Puis, on dépèce le mouton.
Il existe donc au développement de l’emploi pour toutes les générations deux conditions principales : la création de nouveaux marchés qui représentent des besoins authentiques de la société, et la priorisation légale de l’esprit d’entreprise, au travers entre autres de moyens juridiques et fiscaux, le tout dans un contexte international et non seulement euro-continental.
Sur ce sujet comme sur ceux de la recapitalisation des PME, d’une clause d’égalité de traitement fiscal avec les grandes entreprises, du transfert de la propriété familiale de l’entreprise ou des financements et des aides à l’exportation, une conférence annuelle des entreprises présidée par un secrétaire d’Etat spécialisé serait probablement une bonne idée pour remettre les choses à plat et restaurer la vraie compétitivité. Il faut enfin et c’est l’intention du candidat que nous soutenons, prendre les PME/PMI au sérieux sans pour autant diaboliser le CAC 40 qui joue le jeu ni négliger l’économie sociale et solidaire, plus nécessaire que jamais à la diffusion d’un capital stable et à un nouveau paysage des entreprises françaises.
Stabiliser les marchés financiers en les drainant au profit de la bonne entreprise, découvrir et encourager les marchés réels, investir dans le chef de la puissance publique dont le rôle est d’organiser, de coordonner mais aussi de programmer tout cela, voilà ce à quoi nous invite la démarche de François HOLLANDE. Une entreprise moderne au service d’un développement sain et porteur d’emploi, non des poches de quelques-uns qui confisquent les marchés en se faisant couvrir par le contribuable, c’est notre projet : Colbert, pas Fouquet’s.
Des marchés qui s’ouvrent
Si les mesures fiscales sont importante pour l’ensemble des citoyens comme pour les entreprises il faut bien se dire que, de même qu’une entreprise vit de son chiffre d’affaires et de ses marges et non de ses économies, la maison France vivra des nouveaux marchés à découvrir ou a redécouvrir, ainsi que de la réduction de son déficit du commerce extérieur, bien plus grave au fond que l’impasse budgétaire. Celle-ci finance en effet des dépenses de l’Etat qui sont au moins en partie productives alors que le déséquilibre de nos comptes extérieurs est une faiblesse durable et stérile depuis des années. Il n’a pourtant guère paru inquiéter le président sortant qui n’en a jamais parlé et surtout n’y a rien fait, comme à l’autre, d’ailleurs. Il a même, en début de mandat, souhaité encourager la consommation.
On a ici, comme pour les banques ou les contrats léonins du PPP, la démonstration de l’absence totale de stratégie sous-tendue par une croyance aveugle dans les vertus du libéralisme que nos amis allemands ou américains eux-mêmes ne partagent guère. Eradiquer méthodiquement les déficits commerciaux et rechercher avec les entreprises les moyens de les inverser est donc devenu urgent. Cela nécessite de l’imagination mais aussi d’établir une forme de programmation souple et concertée de la politique de commerce extérieur de notre pays. Le chef d’orchestre est bien sûr l’Etat mais il ne peut rien faire sans les musiciens et il lui faut une baguette, ne fût-ce que symboliquement.
Pour donner de la substance à ce projet, bien des possibilités s’offrent : étudier les nouveaux besoins et ceux qui en dérivent (comme par exemple le couple logement/aménagements et équipements), dégager du pouvoir d’achat, explorer de nouveaux horizons comme l’espace, les nouvelles énergies, les espaces océaniques, le développement internet de la francophonie, la recherche et l’éducation et plus généralement les grands projets que seule peut porter la puissance publique. C’est précisément cela que nous devons apporter.
Et pour ceux qui, impressionnés par le discours ambiant sur l’épouvantable problème de la dette publique*, se demanderaient où sont les moyens, il faut se rappeler qu’en France quatre grandes masses budgétaires dépassent 30 milliards d’euros par an : la Défense, l’Instruction Publique dite Education Nationale, l’aide au logement et le fonctionnement des services de Bercy. Il doit être possible à un gouvernement sainement volontariste de dégager, à l’intérieur de ce total, une masse de manœuvre intéressante, pour le bien final de tous. Pas en s’attaquant aux plus faibles, aux plus dévoués et aux plus mal payés mais en menant au contraire ce qu’aurait dû être la RGPP à savoir une méthode intelligente de balancer les moteurs de l’Etat pour accompagner au mieux le développement du pays, non une décimation aveugle et contre-productive. La finance de développement est également essentielle, elle figure clairement au projet de François HOLLANDE parce que c’est une dimension incontournable de la France de demain.
Au plan international et en se rappelant qu’une Europe financière est impraticable sans la Grande-Bretagne, qu’est-ce qui empêche de créer un fonds européen susceptible de porter des grands projets européens ? Rien, si ce n’est les vieux préjugés des roitelets libéraux de la Commission Européenne. Encore peut-on éventuellement s’affranchir de leur assentiment. Vive donc l’imagination, qui est un pilier de la bonne finance et vive même la spéculation, si elle concerne des projets porteurs de développement et non des paris stériles et dangereux contre les Etats dont les libéraux font porter les conséquences aux citoyens. Vaut-il mieux payer l’impôt utile ou les spéculations destructrice de DEXIA ? La finance est nécessaire mais ce doit être une finance saine, non une finance malsaine où chacun fait mal le métier du voisin.
On pourrait multiplier les exemples. Le programme de François HOLLANDE, aussi solide et raisonnable qu’il soit, ne saurait être comparé à celui du président sortant et ce pour une bonne et simple raison : Nicolas SARKOZY ne propose aucune stratégie prenant véritablement en compte le développement de la maison France alors que c’est la seule option qui permette de dégager durablement de la valeur et de l’emploi. De plus, quand bien même il lui viendrait l’idée d’en énoncer une, il n’aurait plus la crédibilité nécessaire pour la porter.
Dès lors, le choix est assez simple. Il faut toutefois se souvenir que cette stratégie, en ce compris les moyens nécessaires en hommes, en techniques et en finance, doit être mise en place le plus tôt possible car la force de résistance de certains lobbies ou corporatismes, intacte après 5 ans d’un sarkozysme qui ne s’est guère attaché aux choses sérieuses, reste considérable. Ce sera souvent le concours de personnels compétents, dévoués et motivés, restés étrangers à la promiscuité des affaires et fidèles à leur engagement qui permettra d’aider à vaincre les résistances, afin qu’à la Réaction succède enfin l’Action.
* Ramenons les choses à leurs justes proportions : on nous a assez seriné que le “92” avait le même budget que la Grèce…et on prétend que le défaut partiel de celle-ci menacerait l’économie européenne ! Ce n'est pa sérieux.
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A CHAVILLE AUSSI, LES SARKOZYSTES PERDENT LEURS NERFS !
Jean-Jacques GUILLET, député maire de Chaville,
est un spécialiste de la Communication. Dès ses débuts à l’extrême droite puis sous l’égide de Charles PASQUA, il s’est rodé à toutes ses techniques : l’amalgame, la provocation, la récupération et a même paraît-il inventé de nouveaux concepts dans la spécialité.
L’article sur le le PLU chavillois paru dans le Chaville Magazine n°96 dans la tribune du groupe d’opposition de gauche AGIR ne lui a pas plu, c’est le cas de le dire ! Sur un ton pourtant factuel et interrogatif, on s’y demandait pourquoi notre ville se verrait exempter d’appliquer la quelque 250ème loi de l’année, laquelle prévoit l’augmentation de 30% des surfaces constructibles sauf avis contraire des conseils municipaux et l’on y examinait donc diverses hypothèses, aléatoires il est vrai compte tenu du mode actuel de gestion du pays !
Mais les élections législatives approchent et le maire est député sortant sur la 8ème circonscription des Hauts de Seine. Or les Chavillois, même s’il ne leur fait pas l’honneur de partager leur sol, commencent à mieux connaître leur édile et surtout sa gestion, ce qui pourrait compromettre sa réélection. Il a donc fait rédiger un “droit de réponse” où, sur la base de citations déformées de textes antérieurs, l’équipe d’AGIR se voit, avec un certain culot il faut le dire, affubler de qualificatifs peu amènes. Aucune position argumentée n’est bien sûr prise sur le fond et l’on se contente d’affirmer platement que Chaville n’est pas concerné. Voire…
A l’instar de François HOLLANDE vis-à-vis du président sortant, nous nous garderons bien d’entrer dans ce jeu-là, qui qualifie d’ailleurs ses auteurs. Nous nous contenterons donc, puisqu’il est question de crédibilité et qu’il est bon que les Chavillois connaissent mieux leur maire et député sortant, de citer un arrêt de la Cour de Justice de la République rendu le 30 avril 2010 et confirmé en cassation.
Cet arrêt condamnait Charles PASQUA à un an de prison avec sursis et cite nommément le député-maire de Chaville. En voici.un extrait essentiel, verbatim
…C’est pourquoi, il convient de retenir la culpabilité de Charles PASQUA des chefs de complicité des abus de biens sociaux commis par Dubois et Poussier au préjudice de la SOFREMI et de complicité de recel de tout ou partie des fonds appréhendés par Pierre-Philippe Pasqua, son fils (9.820.000 francs) et Jean-Jacques Guillet, par le biais de la Société d’Edition du Quotidien du Maire (12 MF)
Autrement dit, des collègues parlementaires de J.J.GUILLET (la Cour en compte 12 sur 15, dont 8 appartenant à la majorité actuelle) et des juges professionnels disent en droit que l’actuel maire de Chaville a recelé quelque 2 millions d’euros détournés. Dès lors, pourquoi n’a-t-il pas été condamné comme Charles PASQUA ? Tout simplement parce que la C.J.R. ne juge que les ministres en exercice au moment des faits qui leur sont reprochés. Or, J.J.GUILLET n’était pas ministre, heureusement pour lui, ce qui lui permet aujourd'hui de donner des leçons d'orthodoxie financière à Chaville !!!
Il revenait dès lors au Procureur de la République de Nanterre de prendre le relais pour poursuivre et défendre l’intérêt de la Société (l’Etat et les entreprises victimes du détournement) sur une base évidente, puisque le Droit était dit. Mais ce département, berceau politique du président sortant, n’est pas “normal” non plus au plan judiciaire et le procureur s’y nomme Philippe COURROYE. Il semble avoir pour l’instant “oublié” ce dossier pourtant lumineux mais il y a tant à faire pour lui dans les Hauts-de-Seine qu’il s’en est peut-être découragé…peut-être un changement politique lui rendrait-il sa motivation ?
Voilà en tous cas qui donne une bonne idée du crédit à accorder au député-maire et à ses associés quand ils parlent à propos de l’opposition d’“informations mensongères”, d’”absentéisme” , d”irresponsabilité” ou d’”incompétence”. Pour évaluer ce crédit nous nous fondons, nous, sur des faits graves, avérés et jugés, non sur un laborieux et travail de propagandiste. Que celles et ceux qui ont des yeux pour voir, voient et s'ils s'en sentent le courage, en tirent les conséquences.
Pour ce qui est de l’absentéisme, des informations mensongères et de l’incompétence des uns ou des autres, c’est aux Chavillois d’en juger après quatre ans d’exercice de cette municipalité et le cas échéant de sanctionner son chef en juin prochain, aux élections législatives. Quant à la municipalité, mieux vaut sans doute pour elle se consacrer à son travail qu’à l’invective : Il y en a bien besoin et l’ambiance des prochaines élections ne pourra qu’y gagner.
N.B. Les soulignements et couleurs sont de la rédaction