Voici venus les mois d'hiver, porteurs chez nous d'obscurité et de froid mais aussi de leur antidote, la fête. Bien sûr, ce n'est pas la fête pour tout le monde. Huit millions de Français, dans le monde entier et pas seulement dans l'hexagone, vivent une vie difficile. Mais la fête n'est pas seulement là pour les gens heureux. Religieuse ou non, elle existe aussi pour faire oublier si possible le quotidien et stimuler la fraternité ou, pour les croyants, la charité.
Au plan politique, c'est aussi le moment d'énoncer un message d'espoir car il arrive toujours, ce temps dans l'histoire d'une nation où elle se ressource, divorce de l'argent-roi, du corporatisme et de la médiocrité et donne enfin leur chance à l'imagination, à la compétence et surtout à une citoyenneté positive. C'est le sens de notre note "Pour une France sans complexes" : ne nous obstinons pas à quérir ailleurs des solutions qu'il nous incombe de trouver.
Dans les Hauts-de-Seine et dans notre Chaville aussi l'espoir existe. En finir avec le verrouillage des mécanismes républicains dans le "92", y faire profiter tout le monde de la richesse commune. A Chaville, fermer une pauvre parenthèse immobilière voulue par des étrangers à la ville et reprendre le chemin d'une vraie cité conviviale. "Chaville aux Chavillois" n'est pas un texte de repli mais une revendication de bon sens.
En cette trêve des confiseurs souvenons-nous que la confiserie consommée avec modération est excellente. Mais ce n'est pas une raison pour se laisser confire soi-même dans la pensée unique et les habitudes intellectuelles. Régalons-nous donc des confiseries et confits mais gardons pour autant l'esprit vif comme le champagne et peut-être reposé après la fameuse trêve...des confiseurs. C'est l'idée de cette petite prose de fin d'année.
C'est aussi, tout simplement, l'occasion de vous souhaiter une très bonne année 2013.
La France d'aujourd'hui est-elle complexée ? Oui sans doute. Il suffit d'écouter une bonne partie de la classe politique, les commentateurs médiatiques ou le discours de l'intelligentsia nationale pour constater que loin de donner confiance, le discours ambiant tend à se défausser sur l'Europe, la mondialisation, la finance internationale ou la conjoncture économique de la recherche de solutions aux problèmes qui se posent. De plus, ceci expliquant peut-être cela, l'ensemble des dirigeants européens, même de très haut niveau, semble concentré sur la politique à court terme sans doute à cause de la pression médiatique. Donc, plus on parle de développement durable et moins on le pratique. Est-ce là une fatalité et n'est-il pas du ressort des citoyens de faire comprendre à leurs élus que c'est bien autre chose que l'on attend d'eux ? Ils n'attendent pas en effet de leurs mandataires qu'ils se contentent d'accompagner la crise ou même surfent sur elle comme on l'a vu sous Nicolas SARKOZY, s'imaginent en simples palliatifs des méfaits du grand capital et de la haute (?) banque ou jouent les point-contrepoint entre eux. Ils voudraient les entendre fonder sur des principes solides et constants un dessein politique que chacun puisse s'approprier et promouvoir, s'il le juge bon. Les dernières élections présidentielles en France ont marqué une évolution dans ce ses et il faut s'en féliciter.
La problématique
Quels sont donc ces complexes qui, dans le cas de notre pays, semblent empêcher notre gouvernance, pourtant riche en talents, de déployer ses ailes et de renouer avec un passé encore récent ? Ou ce qui revient au même, quels sont les freins internes, ces complexes qui, bien au delà de simples réflexes anti-libéraux pourfendus par N.Sarkozy au travers de quelques porte-voix, empêchent notre culture originale, pourtant partagée par près de 200 millions de citoyens du monde et bien davantage encore de sympathisants, de s'exprimer en une soft power ou puissance douce qui serait bénéfique aux Français eux-mêmes et à leurs enfants ?
Et l'on ne voit pas pourquoi cette démarche ne serait pas aussi légitime pour les Français qu'elle l'est pour des Américains, des Chinois, des Mexicains ou des Indonésiens. Cette question est essentielle car elle est la clé sans laquelle le dynamisme culturel et économique, seule sortie de crise crédible, ne peut être libéré : la culture française, au sens large du terme, ne vit pas aux crochets de "l'Economie", elle en est au contraire un pilier et une justification. S'imaginer en effet que ce seront la croissance américaine ou la consommation interne de biens importés ou encore la fabuleuse "Europe" libérale qui nous sortiront éternellement de l'ornière est une grande illusion que même les plus enragés libéraux ne partagent pas et qui de plus, fait apparaître la classe politique comme une mouche du coche, ce qui est dangereux. C'est donc dans la refondation d'un projet culturel et social, d'une nouvelle société moins inféodée aux "marchés" et au matérialisme capitaliste, d'une "nouvelle frontière" franco-européenne qu'il faut rechercher des raisons d'exister et de prospérer. Mais quels sont-ils donc, ces complexes qui nous en empêchent ?
Le complexe fédéral européen
L'Europe n'est ni un bien ni un mal, c'est un constat géographique : les Mexicains ou les Canadiens devraient-ils nécessairement devenir Etats-Uniens au motif qu'ils sont chrétiens dans le même sous-continent et que les USA sont économiquement supérieurs ? D'autre part le bon sens nous dit qu'un ensemble d'états soit constitué en Fédération n'en fait pas en soi un modèle démocratique : la Fédération de Russie, le Brésil ou le Nigéria sont-ils par essence meilleurs que le Royaume-Uni ou le Grand-Duché du Luxembourg ? Enfin attribuer à l'"Europe" le mérite de la paix depuis 1945 est une sympathique tromperie. En réalité c'est l'équilibre entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique et le sens des responsabilité de leurs dirigeants qui a maintenu la paix en Europe et c'est bien sûr tant mieux. Mais tant qu'on cherchera à parer une oie des plumes du paon en partant du principe que l'union politique doit se fonder sur les critères du libéralisme ce qui revient à défendre à Bruxelles une politique et des principes différents voire opposés à ceux que l'on dit pratiquer à Paris, c'est une Europe des marchands qu'on voudra imposer au grand dam des peuples qui clairement, n'en veulent pas !
C'est pourquoi pratiquer systématiquement le renvoi en touche vers Bruxelles comme le font de trop nombreux dirigeants européens, ne peut aboutir qu'à faire de l'Europe marchande le bouc émissaire du mal-vivre de citoyens victimes de la confusion entre économie de marché et libéralisme qui aboutit à leur demander de se saigner pour subventionner un système dans lequel l'emploi est un facteur négatif. Pour aller où et avec quels contrôles ? La grue financière finira-t-elle par croquer les grenouilles ? Ou quelqu'un se lèvera-t-il pour dire que ce conformisme n'est pas du réalisme ?
Le réalisme est probablement ailleurs, dans une Confédération européenne qui serait d'abord un animal politique fondé sur l'adhésion profonde des peuples européens et non sur la confiscation par une alliance de partis de leur volonté au profit des seuls intérêts économiques et avec un malentendu culturel évident. Dans cette confédération la France aurait un rôle essentiel à jouer, en pesant culturellement avec nos amis Belges, Suisses, Grand-ducaux, Monégasques et même Roumains ou Polonais. Elle pourrait aussi valoriser sérieusement son apport militaire et sa présence directe et indirecte dans le monde ce qui n'est pas le cas actuellement. Elle cesserait de décevoir nombre de ses travailleurs (marins-pêcheurs, agriculteurs, artisans etc.) dépendant pour leur pain quotidien des services de l'Union Européenne et grandirait l'"Europe" qui deviendrait enfin pluriculturelle à l'échelle mondiale. En perdant ses complexes, la France grandirait l'Europe. Plus de roi soliveau ni d'"Europe" justifiant toutes les inactions et la pratique fondamentaliste d'un libéralisme injuste, mais une volonté citoyenne authentique et la pratique tranquille de la puissance douce, partagée avec l'ensemble de nos partenaires. Ne serait-ce pas mieux qu'un sous-ensemble flou fonctionnarisé et anglicisant de surcroît alors que le Royaume-Uni, seul grand pays anglophone, est taxé par les Fédéralistes d'être "anti-européen" ! Au pays de Descartes, essayons pour une fois d'être un peu cartésiens.
Le complexe colonial
Le développement durable des intérêts français jusqu'à aujourd'hui est largement fondé, même si on l'oublie souvent, sur la transformation progressive de ce que l'on pourrait pudiquement appeler l'investissement colonial des siècles passés. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des puissances mondiales, même les plus apparemment paisibles et démocratiques comme les pays scandinaves ou la Belgique car on est presque toujours ou l'on a été l'oppresseur plus ou moins violent de quelqu'un et il n'existe pas de peuple élu qui serait meilleur que les autres. Lorsqu'un peuple se prétend tel par l'histoire, la géographie, la race ou la religion, c'est qu'il est déjà un oppresseur en puissance ou en réalité. Quand des dirigeants se font les chantres de la justice il en sont souvent, consciemment ou non, les fossoyeurs et parfois même favorisent des crimes terribles. Hiroshima et Nagasaki, connais pas ; l'Europe, tueuse par action ou omission de millions de Juifs, connais pas. Les méchants, ce sont les Chinois, les Arabes, les Iraniens... L'Histoire nous enseigne tout cela, la Géographie nous le confirme quotidiennement.
Pour autant, reconnaître sans masochisme des méfaits, des exactions, des oppressions en réparant ce qui peut être réparé, en se tournant vers l'avenir et en proposant un chemin d'union et d'amitié ou en se battant inlassablement pour la paix, est la marque de dirigeants responsables et de grands pays. De ce point de vue, la récente rencontre des présidents algérien et français est sans doute exemplaire si elle est sous-tendue par autre chose que des convergences économiques et politiques conjoncturelles : les liens du sang exigent davantage que les intérêts économiques. Avec l'Afrique, il faut comprendre que la demande d'amitié, de justice et de culture des peuples africains au travers de gouvernements qui sont ce qu'ils sont mais qui sont les leurs doit être satisfaite par une ouverture française et que l'obsession anti- Françafrique est parfois mauvaise conseillère.
C'est en effet en regardant l'Afrique dans son ensemble comme la terre d'un nouvel investissement, pacifique celui-là et non comme un pré carré que les Américains ou les Chinois nous concèdent encore et où il faut semble-t-il tenir un discours de maître d'école en contrepoint de la main laissée aux intérêts économiques traditionnels, que nous ferons oublier la "Françafrique" qui qualifie précisément une vision coloniale et non prospective du sujet. Si nous voulons perdre notre complexe africain, il faut investir hardiment dans les media et la Toile francophone, les transports, l'agriculture et aussi dans la sécurisation du continent. Il faut investir dans l'éducation y compris dans les zones réputées anglophones et dans des pays au fort potentiel comme Madagascar où ce qui vient de se passer en Algérie devrait nous servir d'exemple. C'est la seule porte de sortie pour "eux" comme pour nous. De l'argent, il y en a, si l'on considére la gestion de l'Etat d'un point de vue politique et économique global, non administratif ou corporatif. Pour reprendre l'exemple de l'entreprise si cher aux sociaux-démocrates européens, reproche-t-on à un grand groupe d'investir massivement pour survivre comme le ferait un Apple, un Nokia ou un Renault ? Non. Alors pourquoi le reprocher à une nation ou à une confédération ?
Le complexe libéral
Il est curieux de constater à quel point la pensée unique du libéralisme a envahi notre espace politique, au point qu'à gauche on entend de plus en plus souvent tenir un discours certes réjouissant pour la droite qui y voit une conversion à ses idées ou plutôt à ses erreurs mais reste à nos yeux une dérive manifeste de ce qu'on est convenu d'appeler la social-démocratie. Ce discours consiste en substance à admettre que "les marchés" financiers, avec les pseudo-indicateurs concoctés par les agences de notation seraient les juges de paix de la qualité de la gestion publique et plus généralement de la conduite d'un pays qui, faut-il le rappeler, ne se mesure pas seulement à une appréciation économique et marchande de la qualité de vie des citoyens. Il se voit en adoucisseur d'une réalité dure mais nécessaire, que d'autres (la droite) expriment plus abruptement, il écarte d'un revers de main le concours de l'imagination et de la volonté politique : la charge de la preuve est mise sur une hypothèse positive plutôt que sur l'échec avéré d'un système. Bref, c'est un discours conformiste qui est justement le point faible, le talon d'Achille de la social-démocratie, comme il le fut avant-guerre avec les résultats que l'on sait.
La situation actuelle montre à l'évidence le côté incomplet -c'est un euphémisme- de cette approche, qu'expliquent la consanguinité institutionnelle et co-optative entre la haute fonction publique française et européenne, les milieux dirigeants de l'économie et des media et le fonctionnement des grandes formations politiques européennes. Mais une analyse différente semble possible. L'économie de marché est un fait géographique et historique aussi vieux que les activités d'échange de l'humanité. Il est assurément inutile de le nier et chercher à l'encadrer est aussi vain que de lutter contre l'eau ou le vent. Le libéralisme par contre n'en est qu' une lecture idéologique, politiquement orientée et qui veut fonder la confiance (ou l'aveuglement) nécessaire à la financiarisation des échanges surtout quand la finance tend à prétendre vivre hors-sol en divorçant de l'économie réelle. D'où la prolifération des tricheries (le trafiquage du LIBOR à Londres par les plus grandes banques est à cet égard édifiant), des notations* bidon et de la privatisation forcée de tout ce qui peut tomber sous la main de façon à justifier une fuite en avant de plus en plus inquiétante.
*Ces "notations" sont d'ailleurs la risée des véritables professionnels qui savent très bien à quoi s'en tenir même lorsqu'ils en vivent indirectement et se souviennent fort bien que les agences, qui ont mis des années à s'apercevoir de l'épouvantable dérive des finances publiques devenue le leitmotiv du moment sans qu'on parle jamais des déficits commerciaux, avaient hier une vision très favorable de l'Union Soviétique comme aujourd'hui de la Chine...L'important, c'est de faire remonter les taux, de provoquer des privatisations et de ressusciter des marchés de change actifs pour gagner de l'argent. Les risques, ce n'est pas leur problème c'est leur gagne-pain surtout quand ils savent qu'on les fera finalement couvrir par le contribuable-investisseur...
De fait, bien des dirigeants même de gauche nourrissent un véritable complexe vis-à-vis du libéralisme européen. Il conduit bien des hauts-fonctionnaires à considérer que leurs propres troupes ou entreprises publiques sont pléthoriques ou inefficaces et que le sarkozysme était plus condamnable par son style et ses méthodes qu'au fond. Il suffirait donc de louvoyer et d'éviter le pire politique en attendant l'embellie américaine tout en continuant à dégraisser forfaitairement le mammouth et à s'agiter un peu devant une économie de marché dont on feint de croire qu'elle répondra à des ressorts traditionnels comme les impôts ou les subventions. Il conduit d'autre part les grands dirigeants économiques et particulièrement les banquiers à se dire qu'il suffit de coucher les oreilles et de garder de bonnes relations avec Bercy à qui les relient de nombreux ponts : après tout les socialistes ne sont pas si méchants et on en a vu d'autres...
Nous pensons, nous, que ce complexe-là est particulièrement néfaste. Il conduit à mettre les habitudes aux commandes, à refuser de s'intéresser aux vrais problèmes qui nécessitent une remise en cause, à considérer que le pouvoir doit appartenir à l'administration et non à l'imagination. Il empêche la découverte des vrais gisements de productivité donc de marges de manoeuvre, il encourage objectivement la dérive des grands systèmes publics (logement, santé, instruction publique, emploi) qui finit par mettre un effort fiscal toujours accru au service non de leurs cibles légitimes (le demandeur de logement, le patient, l'élève ou l'étudiant, le chômeur) mais d'administrations, de corporations ou d'entreprises censées les servir sans que leur performance soit vraiment contrôlée, a fortiori sanctionnée.
Cette puissante dérive est pour l'instant palliée par des mesures politiquement utiles sans doute mais hélas sans effet décisif sur le rendement de systèmes de plus en plus coûteux, les mêmes causes produisant dans les mêmes conditions les mêmes effets. Quant aux sujets plus globaux comme la Défense ou l'Education il faudra bien les repenser plus fondamentalement encore. Une Défense professionnelle de dissuasion ne doit plus être une simple réserve financière de l'Etat pour les mauvais jours mais une vraie mission populaire et européenne. Dans ce dernier cas, elle devrait être co-financée par tous ses bénéficiaires, à commencer par nos partenaires* L'Education doit, elle, cesser d'être confondue avec l'Instruction Publique et devenir un partenariat national et durable avec les familles, les collectivités, le monde associatif.
*Pourquoi la France porterait-elle seule, en effet le coût direct et indirect d'une dissuasion réputée efficace et nécessaire au sous-continent ? Si elle ne l'est pas, c'est 3 milliards d'euros par an que l'on pourrait économiser...On parle de réviser la PAC européenne : il y aurait là les bases d'une négociation intéressante qui permettrait peut-être à l'Union d'acheter moins de matériel de défense US et à la France de cesser d'être plus européenne que l'Europe...ou de travailler pour le roi de Prusse.
C'est à ce prix qu'un réel changement peut être attendu et qu'on ne parlera plus seulement de services publics à décimer ou de patrimoine à brader pour "calmer les marchés" (???) mais d' investissements porteurs d'avenir : Colbert reprendra la place usurpée par Fouquet et l'on commencera à se souvenir que ce qui compte c'est la pertinence temporelle et sociale de la dépense induisant l'emploi et non son caractère public ou privé : qu'est-ce qui "tire" l'économie américaine sinon, directement ou indirectement, les dépenses "stratégiques" donc publiques : défense, espace, réserves énergétiques, informatique et qu'est-ce qui sous-tend la politique des "fonds souverains" si ce n'est des variantes du nationalisme (fonds asiatiques) voire de la religion (Qatar) ? Pour raison garder, il faut que le raisonnement politique reprenne du champ.
Le complexe de l’entreprise
est lié au complexe libéral mais il est d'un ordre différent. Tout comme l'économie en général, l'entreprise a subi de plein fouet la tendance à la financiarisation : le pouvoir y est donné aux juristes et aux financiers aux dépens des ingénieurs et des commerciaux donc à l'abstraction et aux contraintes externes aux dépens des moteurs du développement. Elle hypertrophie de même le côté financier ou plutôt budgétaire de notre MITI (Bercy) aux dépens du côté industriel et surtout elle a progressivement amené à une véritable rupture du pacte d'entreprise entre capital et travail, entre l'actionnaire d'un côté, de moins en moins attaché à "sa" société, la direction et les collaborateurs de l'autre. L'entreprise est trop souvent devenue objet de rentes individuelles et non sujet d'enrichissement collectif.
Bercy et les institutions financières : un noeud gordien difficile à trancher ?
Ici aussi l'obsession de la rentabilité à court terme dictée par les marchés obnubile des actionnaires (devenus souvent anonymes et apatrides), souvent des fonds de pension ou souverains (qu'on n'appelle nationaux que s'ils sont occidentaux) aux motivations parfois suspectes. Les directions, asservies au prix de rémunérations mirobolantes et souvent sans rapport avec leurs prestations, tendent à ne plus défendre la "maison" et préfèrent sauter de barreau en barreau dans la cage financière. C'est pourquoi les aubaines telles que les privatisations, les grassouillettes délégations de service public, les fameux "PPP" ou la garantie de la puissance publique pour les aventures bancaires sont recherchées car elles fournissent cet oxygène que le capitalisme financiarisé exige en énormes quantités. Le temps de la Banque Ottomane, outil de dépeçage de l'empire éponyme, est revenu et Goldman Sachs se repaît de la Grèce, en attendant de plus grosses proies que la naïveté ou la collusion de leurs gouvernances perdront. Les banques mènent leurs gouvernements par le bout du nez en dépit des scandales, dans toute l'Europe, Allemagne comprise et aux Etats-Unis, voire en Chine.
Pour autant l'analyse marxiste traditionnelle selon laquelle là où il y a entreprise il y a nécessairement exploitation, reste vivace y compris chez les proto-libéraux. Cela les conduit, au-delà d'un discours convenu, à entretenir des relations difficiles avec le monde des artisans, des professions libérales, des TPE ou PME/PMI, des jeunes entrepreneurs ou même de l'économie sociale et à préférer discuter avec les grands patrons, sortis du même moule qu'eux pour la plupart. En effet, plus l'on se rapproche des réalités de terrain qui ne répondent pas aux schémas traditionnels (bons syndicats contre patrons exploiteurs, DRH structurées pratiquant l'intox, marketing durable des "grosses boîtes", commande publique traitée astucieusement par de super-juristes etc.) moins les habitudes administratives sont efficaces et les visions de parti probantes. Un véritable travail est donc à mener pour sortir de ce complexe de l'entreprise conçue à la fois comme moteur et comme lieu d'exploitation et mettre fin à un malentendu fondamental avec l'entrepreneur mais aussi avec le travailleur et la jeunesse.
Une nouvelle vision sociale de l'entreprise doit en naître qui permette à la puissance publique à la fois de la respecter mais aussi d'assurer sans complexes sa mission : faire ce que le privé ne pourra ni ne voudra jamais faire et qui est cependant indispensable au bien commun, avec d'autres critères, rigoureux mais différents. S'imaginer en effet qu'il n'existe qu'une seule forme de gestion pour ce qui est public et ce qui ne l'est pas, avec les mêmes normes d'appréciation, les mêmes formations et les mêmes idéaux que le privé* est une erreur dangereuse dont il faudra bien sortir car elle peut sacrifier l'avenir d'un pays à la subjectivité erratique des opérateurs financiers, comme l'Histoire nous en livre de nombreux exemples. Faudra-t-il une crise majeure de plus pour le comprendre ? Rigueur (enfin !) publique et para-publique, OUI ; clonage de la gestion privée qui elle-même est très loin d'être toujours un exemple (cf. les banques), NON.
Bien d'autres complexes existent qui concernent une laïcité authentique, une vision équilibrée du monde et la véritable culture de notre nation, celle qui a fleuri à certaines époques de notre histoire et pourrait refleurir aujourd'hui si on le voulait vraiment. Cette culture, c'est l'épine dorsale de notre future politique et le seul moyen de mobiliser les citoyens d'aujourd'hui et de demain comme nos amis dans le monde parce c'est une valeur vraie et partagée. Or sans mobilisation il n'est pas possible de réussir. Alors...
* Ainsi, l'on parle d'hôpitaux publics ou d'une Poste "rentables" (sic) ce qui n'a techniquement aucun sens : si un service public était rentable, il pourrait par définition être assuré par le secteur privé donc les impôts ne seraient plus nécessaires, les "riches" étant couverts et les pauvres se débrouillant comme ils pourront (c'est le reaganisme officiel). D'autre part, comme tout organisme public, un hôpital vit principalement de dotations d'argent public. La "perte" comptable ne reflète donc que le niveau plus ou moins élevé de ces dotations. Or, si dans l'Histoire les autorités les plus conservatrices y compris les rois ont souhaité nationaliser (ou collectiviser si l'on préfère) la poste, les transports, la santé, l'énergie, l'eau etc. c'est qu'ils avaient leurs raisons -essentiellement politiques - qui sont toujours valables, d'ailleurs. Cela ne veut évidemment pas dire qu'il faut laisser les opérateurs publics et leurs partenaires sociaux ou techniques maîtres absolus du jeu...le Diable est dans les détails, toujours.
BALTIMORE ou NANTERRE
En DVD nous est livrée ces derniers temps une excellente série qui filme en triplex le devenir d'un journal local, de la police et de la politique pourrie dans une grande ville américaine. Mais bien avant "Baltimore", le même genre de film nous était déjà projeté au Conseil Général des Hauts de Seine. Un épisode savoureux nous en est actuellement proposé car bien que la nouvelle Garde des Sceaux ait -enfin- mis fin aux fonctions de Philippe COURROYE, ci-devant procureur général du "92" et dont le rôle semblait être d'ensabler les poursuites qui auraient pu inquiéter nombre d'élus UMP du département**, certains semblent n'avoir pas compris que les choses changent et que "délinquance" est un terme valable pour certains jeunes de la rue mais tout autant pour les routards de la magouille politique et les encaisseurs de parti, même quand ils ont jusqu'à présent réussi à échapper à la sanction qu'ils méritent. La Justice, Dieu merci, est une coureuse de fond.
Rappelons que la Cour de Justice de la République avait condamné par un arrêt SOFREMI confirmé en cassation, le sieur Charles PASQUA à un an de prison avec sursis pour (entre autres) recel de 15 millions de francs de rétrocommissions* dans le chef de Jean-Jacques GUILLET, nommément cité dans l'arrêt. Or receler revient à voler, comme il était rappelé sur nos anciens billets de banque. Eh ! bien, qui plastronne sur le site internet de CHAVILLE à la présidence du Contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) ? Jean-Jacques GUILLET soi-même... Surréaliste, non ? Dans un certain sens sa compétence est il est vrai indiscutable et il pourrait par exemple enseigner aux jeunes sauvageons la science des rétro-commissions ou l'art de l'opportune liquidation de sociétés. Il pourrait même leur donner l'exemple du civisme en demandant à être enfin poursuivi, sur la base de faits établis et sanctionnés en justice...
* dont environ un tiers d'argent public, l'Etat étant à 35% actionnaire de la SOFREMI au préjudice de laquelle les détournements étaient opérés. Si l'actuel maire de Chaville n'a pas été condamné comme son complice Ch.PASQUA, ce n'est pas du fait d'un quelconque non-lieu. C'est tout simplement parce que la Cour de Justice de la République ne peut juger que des ministres en exercice lors des faits reprochés. JJG n'était pas ministre. Il revenait donc au Procureur de la République de prendre le relais et de poursuivre sur la base de faits établis et jugés par la Cour, ce qu'il n'a pas fait...cui prodest ?
Pour nous, l'aveuglement, l'omertà ou le laxisme vis-à-vis de la délinquance en col blanc, a fortiori en écharpe de quelque couleur qu'elle soit n'ont pas lieu d'être, sinon c'est la République qui est menacée. Maintenant que le "verrou" Courroye a sauté, le nettoyage des Ecuries d'Augias du 92 dont Patrick DEVEDJIAN avait parlé au grand scandale des copains et coquins altoséquanais, peut commencer. "Vaste entreprise" aurait dit le Général, mais en voilà un voeu pour 2013 !
**Fonctionnement de la mairie de Levallois, achat par N.Sarkozy d'un duplex dans l'île de la Jatte, affaire Naouri autour du groupe Casino...et affaire de la SOFREMI impliquant Ch.PASQUA , son fils et JJG.
CHAVILLE AUX CHAVILLOIS
Depuis 5 ans c'est-à-dire plus de 80 % d'un mandat, Chaville vit une triste parenthèse. La municipalité actuelle semble s'être attribué le métier de promoteur immobilier en proposant à des investisseurs généralement non-chavillois le plus grand nombre possible de mètres carrés à des prix de l'ordre 7 000 euros du m2, ce qui ne priorise évidemment pas les mal-logés, ni même les Chavillois en général. Mais aujourd'hui, qui n'a pas dans sa famille de mal-logé ( étudiants, parents âgés, chômeurs, divorcés ) n'ayant pas ces moyens ? L'égoïsme total n'est donc plus de mise.
Quoique soutenue par la municipalité, cette activité immobilière qui contraste avec une inertie totale voire un recul constant dans les autres domaines, n'est guère florissante. Il a ainsi fallu renégocier de fait avec les promoteurs le prix convenu au départ de la revente des réserves foncières de la ville pour essayer de relancer les ventes. Le rythme des constructions reste toutefois faible, ce dont il faut plutôt se féliciter et ce pour pour plusieurs raisons.
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Le première, c'est que dans une ville de 20 000 habitants, en un temps où beaucoup de familles souffrent et où l'emploi est une priorité nationale, c'est d'abord un minimum d'activité et des logements pour des budgets modestes qu'il faut, et non fouetter aux dépens du contribuable la spéculation immobilière. Et ne nous laissons pas abuser par les mots : le logement aidé n'est pas toujours social, loin de là et la loi SRU peut, à Chaville comme ailleurs, être détournée de son but.
Exemple d'une emprise non directement exploitable par la promotion : tant que la municipalité actuelle restera,
les chances que ce chancre urbain, presque résolu en 2008, disparaisse sont quasi nulles
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La seconde, c'est qu'en matière d'urbanisme, les résultats sont pitoyables. Même si les Chavillois ne réaliseront vraiment l'ineptie du pseudo-projet de centre ville venu se substituer au vrai que lorsque le béton commencera à monter, on comprend déjà que, sauf si un changement politique intervient en 2014, Chaville s'enfoncera définitivement dans le statut d'une ville-dortoir qui n'aura même pas le mérite du standing, si c'en est un.
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La troisième, c'est qu'il faut en finir avec le principe d'une ville dirigée ou plus exactement présidée par un non-citoyen du lieu, qui n'a même pas fait l'honneur à son perchoir actuel d'y faire son nid. Mais au-delà de ce symbole il est inadmissible qu'un maire déjà absentéiste comme député, ne soit pas depuis 5 ans quotidiennement sur le terrain pour s'y occuper personnellement des sujets de sécurité, de propreté, de solidarité sociale ou d'éducation. Quoiqu'en répète et fasse l'UMP locale, Chaville n'a pas à devenir un simple hameau, annexe politique, économique et associative de Boulogne ou d'Issy-les Moulineaux.
Dans ces conditions, on le voit, mieux vaut que le béton haut-de-gamme ne devienne pas un sarcophage pour la ville afin qu'on puisse sauver ce qui peut encore l'être de sa vitalité et de son avenir. Nous avons toujours voulu un Chaville tranquille, équilibré, vivant et où tout le monde a sa place et se sent bien. Mais nous voulons aussi qu'on cesse de faire main basse sur notre patrimoine et les réserves foncières patiemment accumulées pour faire d'une vraie ville un simple objet de profit, tout en lui faisant perdre son âme.
Alors, souhaitons de réussir dès 2013 à bien préparer la fin de cette triste parenthèse avec une équipe de Chavillois sérieux, imaginatifs et motivés par l'intérêt général.
Bonne Année à toutes et à tous !