Voilà bien un thème d’actualité et qui risque de l’être de plus en plus. Quand on dirige une entreprise, une administration, une ville ou un pays, il faut se créer des marges de manœuvre. Pourquoi ? Tout simplement, pour pouvoir mettre en œuvre une politique c’est-à-dire une action réfléchie, motivée et pertinente, au service d’un objectif durable.
Quel sens ont en effet « business plans », programmes politiques ou politiques économiques bref tout ce qu’on peut promettre aux actionnaires, aux citoyens ou aux financeurs, si l’on ne s’est pas d’abord procuré les ressorts nécessaires pour faire vivre ses ambitions ? Il y a bien sûr les ressources financières qui sont aujourd’hui un réflexe voire une fixation mais il y en a d’autres qui se nomment imagination, potentiel humain ou géographique et dont on ne parle que peu ou pas alors qu’elles sont souvent décisives. Et quoiqu’on en pense souvent , le citoyen ou l’entreprise sont bien autre chose et bien davantage que de la substance fiscale, un "prêt à tondre" pour Bercy.
Une fois identifiées les marges de manœuvre, une seconde question se pose à leur sujet : à quoi bon les mettre en œuvre et manier la tondeuse si c’est pour en laisser le seul bénéfice à des intérêts privés ou corporatifs ou bien pérenniser certaines mauvaises gestions par exemple en protégeant certaines vaches sacrées quitte à reculer pour mieux sauter plus tard ?
Les marges de manœuvre, c’est en quelque sorte l’oxygène d’une politique. Encore faut-il le produire ou le reconstituer. Différentes solutions sont possibles, mais les méthodes restent les mêmes dans toute collectivité privée ou publique et plus généralement dans toute entreprise collective. Prenons donc l’exemple d’une collectivité publique, notre cher Chaville et cherchons à y identifier les marges de manœuvre et à en discuter l'emploi.
Nous pourrons ensuite – dans un prochain billet- élargir le sujet à ce qui se passe en France comme en Europe. Les marges de manœuvre nationales, en effet, fondent en ce moment au point de mettre en danger la construction européenne dans son ensemble. Nous tenterons de voir pourquoi. Et pour céder (un petit peu seulement) à la mode actuelle du vite dit, pas pris, nous nous laisserons aller à quelques billets d’humeur. Sur une note plus positive, notre proposition à propos du récent aménagement des rythmes scolaires. Un flash pour terminer sur l’international en commentant une prise de position – plus que justifiée à notre avis- du député des Français à l’étranger Pouria AMIRSHAHI à propos d’une velléité de création de filières totalement en anglais dans les universités françaises (projet de loi FLORASO)
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Les “sources du Nil”
L’image n’est pas choisie au hasard, car le Nil a toujours été l’origine de la richesse de l’Egypte, mère d’une puissante civilisation. Aussi maints explorateurs ont-ils voulu identifier ses sources avant que les gouvernements locaux n’envisagent d’atteler, plus ou moins bien, le fleuve à la production de richesses nouvelles, de marges de manœuvre pour la vie égyptienne.
Parmi les sources des marges de manœuvre il y a bien sûr l’impôt. C’est bien sûr celle des sources à laquelle on pense immédiatement. Et dans une collectivité territoriale qui contrairement à l’Etat, ne peut présenter un budget en déficit ni taxer la dépense, il va s’agir d’une ressource territoriale prélevée sur les ménages (Taxes foncières, d’habitation ou sur la transmission du patrimoine) ou les entreprises (ancienne Taxe professionnelle, aujourd’hui CPEI). Indirectement aussi l’impôt, national celui-là, alimente la Dotation Générale de Fonctionnement, contribution de l’Etat aux budgets locaux qui permet une certaine péréquation entre communes « riches » ou moins riches.
Voilà qui vient facilement et peut-être trop facilement, à l’esprit. Mais taxer les ménages c’est aussi prélever de la richesse, même sur les moins aisés qui consomment proportionnellement davantage. C’est donc limiter leur dépense et menacer la croissance, même dans une commune relativement bien placée. C’est aussi peser sur le commerce local, inciter les artisans et indépendants à ne pas embaucher. C’est rendre la commune davantage dépendante de facteurs externes.
C’est aussi et particulièrement dans le cas de Chaville, lourdement taxée depuis longtemps du fait d’une politique de droite associant sur-résidentialisation, équipements couteux en fonctionnement et refus du développement économique, un facteur grave de déséquilibre social. Les moins aisés et les jeunes ou Chavillois âgés ne peuvent à la longue supporter à la fois trop d’impôts et trop de loyers ou de mensualités de crédit et de transport, ils quittent une ville où ils aimeraient pourtant pouvoir rester. Mais qu’importe à des élus qui n’habitent même pas la ville et au fond n’est-ce pas ce que certains souhaitent. ?
Taxer les entreprises, alors ? Oui car la taxation territoriale des entreprises, à la différence des charges sociales qui pèsent sur elles, n’a jamais été excessive sur la base des anciens critères. Seulement, après que la Taxe Professionnelle qui fonctionnait assez bien ait été étourdiment abolie sous N.Sarkozy, soi-disant pour favoriser une relance de l’emploi, elle a dû être bien vite remise en place sous une autre forme mais avec des critères différents qui viennent brutalement alourdir l’addition, particulièrement pour les PME/ETI. Moralité : un manque à gagner fiscal, une baisse de l’emploi…et l’attribution de la responsabilité des bêtises au gouvernement actuel !
A Chaville, pour des raisons principalement politiques (tenter de faire croire à un endettement excessif et rendre ensuite au contribuable des morceaux de ce qu’on lui a pris en bloc pour se faire bien voir ) ce sont les ménages qui paient, et beaucoup, sans pondération par rapport à leur statut (locataire ou propriétaire). Et GPSO, notre communauté d'agglomération inféodée à l'UMP, risque de venir les ponctionner elle aussi dès qu'elle aura mangé la "cassette" vélizienne.
Deuxième solution : générer une croissance utile de l’économie locale en initiant un cercle vertueux. Cela se fait en investissant ou en aidant à investir, en innovant, en favorisant une production destinée à satisfaire de vrais besoins tout en favorisant l’équilibre des échanges avec l’extérieur. C’est ce que fait tout chef d’entreprise à la recherche de marchés utiles et solvables ou encore le dirigeant politique quand il réfléchit à restaurer la force de frappe globale du pays en termes culturels, économiques, politiques.
C’est aussi ce qu’un maire digne de ce nom doit faire en « pensant » sa ville comme un lieu de création collective de richesse et non comme une simple emprise foncière sur laquelle on fait main basse au profit d’intérêts extérieurs ou de calculs politiciens.
C’était l'idée de l'ancien projet du Centre-Ville qui, après de longues années d’inaction, avait été méthodiquement construit en accumulant de grosses réserves foncières, momentanément mais raisonnablement refinancées par l’emprunt. L’économie locale en était l'âme et il devait attirer une large clientèle extérieure grâce à une modernisation et à un développement des équipements (surfaces commerciales et hôtelières, services et restauration). Indépendamment de la ressource fiscale supplémentaires apportée par les logements, c’est surtout dans un tel cas l’emploi et la dépense locale qui sont favorisés et c’est pourquoi une opération de ce type génère, si elle est bien faite, un retour sur investissement qui justifie parfaitement, comme dans l’entreprise, un endettement momentané. Elle était de plus gagée par un foncier bien placé et en réévaluation constante ainsi que le prouvent les chiffres alignés de la vente continue et massive par la Droite locale de ces bijoux de famille… à la promotion qui pourtant n'en profite pas vraiment car un centre ville n'est pas fait pour cela. Elle peine donc à vendre.
Cette marge de manœuvre-là, le développement économique, provenant de la création d’un minimum d’économie locale, a toujours été refusée par la droite locale, obsédée par la division binaire du territoire entre communes "dynamiques" et "résidentielles"cohérente d'ailleurs avec sa vision de la société : l'argent à Boulogne et à Issy, les gens aisés dans les communes résidentielles satellites. Les autres n'ont qu'à aller ailleurs...et venir bosser le cas échéant avec 2 h de transport. Si l'on veut diviser la société et détériorer à grands frais l'environnement, difficile de faire mieux.
Il est malheureusement difficile de faire comprendre tout cela car le public à tendance à assimiler un tel projet à la construction d'équipements somptuaires durablement générateurs de déficit et il est bien sûr facile aux adversaires du développement de crier à un endettement excessif même si c'est parfaitement faux comme d'ailleurs l'examen objectif de la Chambre Régionale des Comptes le documente. Pendant ce temps-là ils peuvent, eux, à la faveur du rideau de fumée, tranquillement procéder à la vente massive des emprises foncières publiques à la promotion privée, comme leurs amis le firent d'ailleurs sous N.Sarkozy avec le patrimoine national. C'est comme cela que l'on contraint une ville vivante et diverse à se transformer, contre sa vocation, en dortoir de luxe.
Nous avons dit vocation : c’est ici que l’on retrouve une nouvelle marge de manœuvre, qu’on peut appeler géographique : ce sont les potentiels de transport, de construction ou de réaménagement, la prise en compte des traditions économiques et culturelles, le patrimoine bref tout ce qui concourt à un véritable urbanisme qui comme son nom l’indique (urba, la ville en latin) est l’art de bien disposer la ville en tant qu’organisme vivant. C’est d’ailleurs pourquoi déléguer celui-ci à l’extérieur de la ville et en particulier à des opérateurs commerciaux est une ineptie voire une forme de trahison citoyenne. Ineptie, car des opérateurs extérieurs n’ont ni la légitimité ni la compétence qui doivent ou devraient être celle des élus pour déterminer ce qui est bon ou mauvais pour leurs administrés ; la seule chose qui les intéresse est bien sûr leur intérêt commercial et ce n’est donc pas à eux de s'approprier l’urbanisme. Trahison car l’effort consenti par les citoyens n’a pas à être détourné au seul profit d’opérateurs privés, avec le consentement voire l’incitation d’élus complaisants.
De fait, du point de vue du potentiel géographique, Chaville est, contrairement à de tenaces préjugés entretenus depuis des années par la droite locale, très bien servi. Pouvoir d'achat significatif, excellent réseau de communications et voies de communication historiques, situation centrale entre Paris, Versailles et le plateau vélizien, environnement de qualité, tout pourrait concourir à faire fructifier nos talents au lieu de nous laisser enfermer dans un terne et frileux quant à soi qui conduira, si les choses ne changent pas, à faire d’une vraie ville un improbable quartier d’une agglomération que seul définit un acronyme. On voit déjà que sans dessein clair et affirmé motivant des élus et collaborateurs de qualité, la mise en trésorerie de la contribution collective, des marges de manoeuvre fiscales, est stérile.
Dernière marge de manœuvre, celle qui provient quand c'est nécessaire, des «économies » c’est-à-dire d’une gestion plus stricte de la dépense. Mais ici, deux méthodes sont possibles.
La première, la plus simpliste, est celle de la décimation des dépenses qui soustrait des budgets publics ou privés un pourcentage forfaitaire de dépenses jugées inutiles. A première vue efficace, elle n’est cependant comprise et acceptée que si elle est d’une impartialité totale et si l’analyse n’est pas faite par les seuls budgétaires dont les critères ne sont pas toujours les bons, car leurs habitudes peuvent leur faire perdre le sens de la perspective.
Si tel n’est pas le cas donc, elle peut conduire au désastre par le “décrochage” politique (au sens de la perte de portance de l’aéronef) car le « rendement » du système global chute alors beaucoup plus vite que les « économies » et en matière publique c’est mortel. La dépense publique étant en effet causée par le bien public, sa décimation ne peut être justifiée que par un progrès global avéré. Dans une version plus "soft" elle s'exprime chaque année par les fameuses "lettres de cadrage"plus ou moins sévères que distribue à l'échelon national Bercy et localement l'élu chargé des finances.
L’autre, beaucoup plus pertinente, consiste à s’interroger sur la finalité même de certains gros blocs de dépenses afin de vérifier leur pertinence globale. Elle n’est pas forcément plus lourde à appliquer mais nécessite que l’autorité opérationnelle ait une vision stratégique de sa mission donc raisonne dans le moyen voire dans le long terme, ce qui n’empêche pas l’action rapide dans certains domaines : la médecine d’urgence n’exclut pas l’autre, bien au contraire. Mais elle nécessite une rigueur intellectuelle et une volonté politique sans faille car elle met en cause de puissants intérêts, installés là depuis des lustres bien au chaud près de la pompe à euros, sans aucune intention d’abandonner des places confortables pour l’usage desquelles aucun compte ne leur est jamais demandé ou presque.
A Chaville, ces techniques n'ont guère été appliquées ; tout d'abord et c'est une raison générale valable pour toutes les municipalités parce que dans une collectivité moyenne 50% des dépenses, à peu près sont des dépenses de fonctionnement répondant aux besoins de la population au travers de la présence d'un personnel adapté et par nature très stables. La seule particularité est qu'à Chaville un effort considérable avait été fait pour l'accueil de la petite enfance et enfance sous la mandature précédente : crèches selon diverses formules, classe TPS (très petite section) entretemps supprimée, centres aérés etc.
De façon générale les dépenses étaient, à part cet effort particulier justifié entre autres par le fait que beaucoup de couples travaillent, normales et le sont restées. Les dépenses culturelles n'ont pratiquement pas bougé non plus. Importantes en valeur absolue, elles traduisent une forte appétence culturelle des Chavillois*.
Une exception cependant, le budget social est en forte baisse, non semble-t-il en vertu d'une analyse particulière de nature budgétaire (les impôts n'ont fait qu'augmenter fortement et la ville en a tiré une trésorerie excédentaire) ou sociale (la fracture sociale revient en force et les besoins augmentent) mais parce que la solidarité ne fait absolument pas partie des priorités de l'actuelle municipalité.
Au total, nous le voyons déjà, c'est sur le remploi des marges de manœuvre chavilloises qu'il faut s'interroger. La municipalité précédente avait construit des disponibilités foncières importantes prévues pour relancer économiquement et socialement la ville, faire de nouveaux efforts pour le collège Jean Moulin afin de rendre l'enseignement public plus attractif encore, créer dans les quartiers des animations commerciales et culturelles. L'actuelle a prélevé des masses d'impôts significatives. Qu'a-t-il été fait de ces marges de manœuvre ?
Force est de constater qu'en-dehors des investissements d'entretien que doit faire toute municipalité, rien de significatif ne s'est ensuivi : l'ancien projet synthétique de Centre Ville s'est vu réduire à la juxtaposition de trois projets de promoteurs avec quelques aménagements publics chichement mesurés (en particulier les parkings), les circulations étant largement privatisées. La MJC, en pleine expansion, s'est également vu réduite aux acquêts. Un groupe de promotion s'est par contre vu offrir les emprises réservées pour le collège et il en ira de même des installations sportives des clubs de tennis et de squash. Voilà pour les terrains.
Quant à l'argent, il a essentiellement servi à pré-rembourser sans nécessité les emprunts de l'opération Centre Ville dont on peut maintenant vérifier qu'elle tenait parfaitement la route ainsi qu'à se créer une trésorerie inutile, sauf pour les besoins de la communication. A la différence d'une entreprise, en effet, une ville peut toujours recouvrer des marges de manœuvre en levant des impôts si elle en a réellement besoin et c'est pourquoi le législateur ne lui permet pas de faire rémunérer ses liquidités qui seraient un trop-perçu sur le citoyen.
Cerise sur le gâteau, le "paquet" d'investissements non productifs ficelé et vendu à la hâte pour l'année préélectorale nécessiterait, s'il était réellement mis en oeuvre, d'avoir à nouveau recours à l'emprunt ! Rembourser pour réemprunter quand ça devient plus difficile et plus cher, ça c'est de la politique financière !...Les promoteurs ne seraient alors pas les seuls à se servir à Chaville et les banques participeraient aussi à l'aubaine. Tel est le prix d'une politique de communication par opposition à une politique d'utilité financière durable.
Ce n'est donc pas, on le voit, le fertile limon du Nil qui se dépose à Chaville. La précieuse eau des marges de manœuvre fiscales ou foncières se déverse largement dans des activités stériles qui, si elles se devaient se poursuivre après 2014, conforteraient son statut de ville-dortoir, de ville grise. Et l'argent de générations de Chavillois repart, finalement, vers les actionnaires des promoteurs.
Mais pour une bonne utilisation de nos marges de manœuvre il reste de l'espoir, particulièrement si une liste unie de progrès relève, l'année prochaine, le défi d'un nouveau et tranquille développement chavillois.
Avec une vraie stratégie, le désir de servir une ville qu'on aime parce qu'on la vit avant toute considération personnelle ou partisane et donc de travailler en équipe en vue d’un but commun, tout est encore possible. La marge de manœuvre existe. Instruits par la lecture de l'histoire commune, sachons la saisir !
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*Il faut ici se souvenir que pourchasser la dépense publique par doctrine est stupide et de toutes façons infaisable. Si une commune comme son nom l'indique est une entité citoyenne, c'est justement pour partager une construction collective donc publique. D'autre part la plupart des économies (en particulier celle des Etats-Unis) sont 'tirées" par la dépense publique (espace, défense, énergie, infrastructures etc.) même si les opérateurs peuvent avoir un statut privé. Quand Bouygues remporte un marché pour un projet, par exemple, c'est le citoyen qui, au bout du bout paie et pas le consommateur ou l'actionnaire. Quand on attend comme Soeur Anne la "reprise" américaine, c'est en fait la reprise de l'achat massif de produits chinois par les ménages, de la course aux armements et de l'exploitation intensive des ressources fossiles aux USA, accompagnée des débordements financiers collatéraux, que l'on attend. C'est schématique mais c'est à peu près ça. Ainsi va le monde...mais on n'a guère trouvé mieux pour l'instant.
Rien n'empêche cependant d'améliorer la qualité de la dépense publique : pertinence, rigueur de la gestion et du contrôle, efficacité sociale, culturelle et économique, retombées positives, développement durable et écologique, le tout au service d'un soft power de la culture francophone..Vaste programme !
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Billets d'humeur
Barjos frigides et vieux crocodiles
A propos de la loi "Mariage pour tous” actuellement soumise au Parlement, certains parlementaires ou agitateurs conservateurs voire ultra (que nous ne confondons pas avec les pacifiques manifestants qu'ils "récupèrent" sans scrupules) ont largement gauchi, si l'on ose dire, le débat. On a pu voir bien des larmes couler sur le sort dramatique qu'ils promettent aux enfants élevés par des couples homosexuels, une situation qui depuis des années n'est pas rare en France sans qu'elle ait donné lieu à des alertes particulières, que l'on sache. Alors qu'en Europe bien des gouvernements, y compris conservateurs, ont déjà montré la voie, on les entend parler de coup d'état (!), d'assassinat (!!) voire prôner la violence...A qui cela profite-t-il ?
Les mêmes sont restés d'un frigide silence devant une récente déclaration à la BBC d'un archevêque sud-africain électeur du pape, le cardinal Wilfrid Fox Napier, selon qui la pédophilie "n'est qu'un désordre psychologique" (a psychological condition, a disorder) qui ne mériterait qu'un traitement médical. Si l'on comprend bien cet éminent prélat, les prêtres pédophiles ne relèveraient pas de la justice des hommes car irresponsables de leurs actes (!). Et les autres pédophiles ? Rien à voir, no comments bien sûr, on s'en lave les mains...!
En d'autres termes c’est un détail de l’Histoire si l'on a fait odieusement payer à des enfants sans défense, de façon organisée (car la hiérarchie a couvert et continue parfois à le faire, c'est une triste et irréfutable réalité), les conséquences psychologiques pour certains prêtres du célibat obligatoire comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Irlande mais aussi dans certains pays latins. L’ inquiétant de cette déclaration, c’est qu’elle semble refléter les vues d’une partie de la haute Eglise : fulminer sur des risques virtuels et couvrir des crimes réels, vitupérer les homo et plaindre les pédo (l’hypocrisie appuyée sur l’incohérence en somme) et le retour d'une vieille tendance chez les religions du Livre: véhiculer d'odieux et haineux préjugés sous couvert d'un message spirituel.
La paille et la poutre, les jugements à la Ponce Pilate et les sépulcres blanchis, on connaît depuis Jésus-Christ qui les condamnait déja avant d'en être lui-même victime. Mais voici un pas de plus : oser prétendre que la pédophilie serait une déviation sans responsabilité (quand elle est le fait de prêtres, en plus !) alors que le simple fait d'autoriser des couples homosexuels à fonder une famille serait un quasi-crime, en tous cas "contre nature" ! Elle a bon dos, la Nature... Cette Réaction homophobe de plus en plus évidente tend à réveiller des tropismes qu'on espérait enterrés. Quoi d'étonnant à ce que des élus proches, hier ou aujourd'hui, de l'extrême droite affichent un bruyant soutien aux manifestations de contras, voyant là une nouvelle vague pour surfer et faire oublier leurs propres turpitudes.
Toutes les opinions sont bien sûr respectables du moment qu'elles s'expriment pacifiquement et respectent l'Homme et les lois de la République, si possible sans se faire récupérer par la haine de l'Autre. C'est bien l'hypocrisie qu'il faut combattre. "Gott mit uns" des ceinturons allemands, "In God we trust" sur les dollars US ou encore "Allahou Akbar" ou le Djihad détournés de leur sens spirituel sans parler d'un Grand Rabbin recyclant sans droits d'auteur les écrit homophobes d'un prêtre catholique, on ne veut plus de tout ça. On a envie d'écrire, si l'on est croyant mais pas forcément adepte d'une religion parliculière ou même agnostique : Dieu, garde-nous de ceux qui Te font dire n’importe quoi !
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Enfin sur une bonne piste ?
….”C’est pourquoi, il convient de retenir la culpabilité de Charles Pasqua de complicité des abus de biens sociaux commis par Dubois et Poussier au préjudice de la SOFREMI et de complicité de recel de tout ou partie des fonds ainsi appréhendés par Pierre-Philippe PASQUA, son fils (9.820.000 francs) et [par] Jean-Jacques GUILLET, par le biais de la Société d’Edition du Quotidien du Maire (12 millions de francs)….
au vu de ces éléments, il convient de prononcer, à l’encontre de Charles Pasqua, une peine d’un an d’emprisonnement qui est de nature à stigmatiser le comportement du prévenu. Toutefois, compte tenu de l’âge de M.Pasqua et de son passé au service de la France, il y a lieu d’assortir du sursis la peine prononcée”
(Arrêt de la Cour de Justice de la République du 19 avril 2010)
N.B. La Cour de Cassation … a confirmé vendredi 23 juillet [2010]l'intégralité de la décision rendue le 19 avril 2010 par la Cour de Justice de la République, qui avait condamné Charles Pasqua à un an avec sursis pour complicité d'abus de biens sociaux dans le dossier de la SOFREMI…
Commentaire
Le texte est explicite **. On peut bien sûr s’étonner d’un jugement où le “complice” du recel* (c’est-à-dire du délit), tout Ministre d’Etat qu’il ait été, est assez sévèrement condamné alors que l’auteur principal– Jean Jacques GUILLET – n’est lui pas (encore) poursuivi, et court toujours, donnant même à l’occasion de doctes leçons de finances publiques (!!!)
2 éléments de réflexion :
1) La Cour de Justice de la République ne juge que les ministres en exercice, laissant la Justice “normale” poursuivre les délits commis par les non-ministres…à condition que le Parquet géographiquement compétent fasse son travail ce que dans ce cas, il n’a pas fait.
2) Philippe COURROYE instruisit des affaires Pasqua mais fut ensuite nommé sous la Droite procureur des Hauts-de-Seine. Dans cette nouvelle fonction, son zèle s'était semble-t-il bien assagi.. Or son intervention était nécessaire pour que les faits de recel, avérés par la Justice, soient poursuivis et sanctionnés dans la logique de la première condamnation mais –peut-on penser- sans les circonstances atténuantes dont avait bénéficié Charles Pasqua.
Enfin, à l’heure où l’on prend conscience en France des effets catastrophiques du laxisme (qui quelque part est une forme de complicité) vis-à-vis des délits commis par certains élus et qui devraient (ou auraient déjà dû) s’ils sont avérés, leur interdire définitivement toute activité politique, le parquet financier s’ intéressera sans doute à ce cas, où les faits ont déjà été établis par la Justice puisqu’ils lui ont servi de base pour une condamnation exemplaire…du "complice" ! Avant de se livrer à ce qui ressemble parfois à un Concours Lépine sur la moralisation de la vie politique, il paraît beaucoup plus simple et surtout efficace de commencer par poursuivre et s'il y a lieu, punir des faits avérés et prouvés aux yeux de la Justice : l'élection ne blanchit pas le responsable d'un délit et doit encore moins servir à le protéger, le silence n'a jamais été non plus une solution aux problèmes, bien au contraire.
Exiger la transparence et la responsabilité par rapport à de tels actes ce n’est pas faire preuve d’acharnement ou d’animosité personnelle, c’est être, tout simplement, cohérent. C'est vouloir le respect minimum dû aux élus qui ne trichent ni ne volent ou recèlent, une juste sanction pour les autres. C’est aussi permettre, en démocratie, aux citoyens et aux élus ayant un minimum d'amour-propre d’être informés pour mieux faire la différence entre les deux espèces et donc voter ou soutenir avec discernement. Si l'on veut un jour en finir avec le “tous pareils” et restaurer la confiance dans la politique, le citoyen doit lui aussi assumer ses responsabilités. Pour le pouvoir, encore faut-il qu'il sache !
* recel : fait de détenir sciemment des choses volées par un autre (Robert 2012)
** pour plus de détails envoyer : http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/…03/charles-pasqua-vu- Le Quotidien du Maire quant à lui, a fini en liquidation judiciaire et l’on n'a donc plus accès à sa comptabilité…
NOUVEAUX RYTHMES SCOLAIRES
une chance pour l’Education Populaire ?
Plus nos modes de vie évoluent, plus la culture de l’information change, plus l’économie et la finance se mondialisent, plus la nécessité de former des générations capables de mener une vie équilibrée, de se comporter en citoyens exigeants mais responsables et d’être adaptables à un milieu lui-même changeant s’affirme. Bien entendu, cette formation a un coût, qu’il convient de considérer comme une condition précédente et non un détail de la réussite.
Pour répondre à cette nécessité, il faut nous monter capables d’apporter à nos jeunes une véritable éducation qui loin d’être la responsabilité exclusive de l’Instruction Publique, associe sous l’égide de la Laïcité l’ensemble des partenaires actifs de l’Education (Famille, l’Etat, collectivités publiques, monde associatif et autorités morales). Elle doit tenir compte des aptitudes de chacun quelles qu’elles soient et s’attacher à la solidité de son jugement.
Cette éducation –mens sana in corpore sano- doit avoir lieu dans un milieu de transmission des savoirs et des expériences caractérisé par la pratique de l’ordre, de la justice et du respect mutuel mais aussi par l’équilibre entre savoir, morale, hygiène du corps et l’ouverture à une société plurielle. Elle serait incompatible avec des horaires trop fragmentés, des moyens globalement insuffisants ou une initiative insuffisante laissée aux encadrants de toute appartenance.
C’est probablement dans cet esprit et pour offrir aux jeunes un espace éducatif plus équilibré, que les récentes mesures d’aménagement du temps scolaire ont été prises. Encore faut-il éviter certains risques qu’une mise en œuvre par défaut risquerait de réaliser et qui iraient à l’encontre du but recherché à savoir une meilleure réalisation par lui-même du futur citoyen (ou citoyenne) qui doit non rester un objet mais devenir un sujet.
Or la décentralisation a fait et fera de plus en plus des collectivités territoriales des partenaires incontournables et autonomes de l’Education. Il ne faut donc pas que le nouveau système qui va se mettre en place se ramène à une simple juxtaposition entre une Ecole dont seuls les horaires évoluent et des collectivités prenant en charge par différence des coûts dans une formule d’esprit « occupationnel » telle que celle des Centres Aérés.
Il faut aussi éviter de confier massivement des cohortes d’enfants à un milieu éducatif encore insuffisamment structuré, sans perspectives de carrière explicites ni organisation de programmes éducatifs pluriannuels répondant aux exigences déjà évoquées. Et ce risque, nourri par l’urgence, les considérations budgétaires et les habitudes intellectuelles, existe bel et bien. Les textes seuls ne suffisent pas : il faut concerter, financer, organiser et contrôler.
A l’inverse, l’Education populaire, même érodée par la confusion généralisée entre les missions d’instruction publique, d’éducation, de formation ou d’orientation et qui a conduit à vouloir créer un monopole* ministériel mammouthesque, reste un acteur essentiel de l’éducation. Elle est probablement la seule à disposer à la fois de puissants moyens de formation, de la capacité à dispenser des diplômes réellement adaptés à la solution du problème qui nous occupe ici, d’une motivation constante et d’une idéologie républicaine.
Elle rassemble aussi un vaste éventail de sensibilités politiques, sociales et morales qu’il est aujourd’hui clairement dans l’intérêt du gouvernement de fédérer, s’il souhaite dans ce domaine comme dans d’autres réussir la réponse sociale de la Nation aux conséquences des difficultés financières et économiques. Davantage peut-être que certaines administrations, elle est capable d’innover et de dialoguer y compris avec le monde enseignant.
Il parait dès lors souhaitable que la mise en place de la réforme des rythmes scolaires fasse l’objet d’une concertation multipolaire entre les acteurs de l’Education tant au niveau des objectifs que des programmes et de leur mise en œuvre et non d’un dialogue étroit et dominé par des considérations budgétaires à court terme entre l’Etat et les collectivités territoriales.
Il s’agit ici de créer une nouvelle dimension à l’Education qui va contribuer à une meilleure orientation, à des méthodes éducatives nouvelles, à l’acquisition de cultures indispensables encore négligées faute de temps ou de moyens adaptés dans le cadre parfois rigide de l’Instruction Publique. Ici aussi, l’éducation populaire apporte une tradition de dialogue plus souple associant tous les acteurs éducatifs.
Quant au financement, si l’on veut être réaliste, la création d’une nouvelle Caisse Educative Nationale dans la lignée des Caisses des Ecoles serait à envisager. Diversifier les ressources, les abonder par des contributions libres fiscalement avantagées, financer ou garantir de nouveaux investissements pour des lieux adaptés aux programmes éducatifs quels qu’ils soient (sport, culture, éducation internationale ou environnementale), assurer une péréquation éducative, tout cela est indispensable et serait économiquement et socialement porteur.
Enfin et peut-être surtout, rappelons-nous que si l’on veut rassembler et convaincre les Français, c’est en présentant un projet commun, en motivant tous les personnels de l’Etat, des collectivités, des associations et mouvements et en convainquant les familles au travers de leurs associations représentatives, d’être acteurs du destin de leurs enfants que l’on a le plus de chances de le faire. C’est une chaine socialement et économiquement vertueuse, cohérente avec notre temps et nécessaire aux Français du XXIème siècle qu’il s’agit ici d’initier, Unir et associer et non diviser ou stigmatiser comme on le faisait encore récemment, tel est le cap à prendre.
* qui dans les faits n'en est plus un !
Cinq années déjà…
"Engrisailler "Chaville a coûté cher ; mais pour le reste...
Pendant des années, on avait lutté pour faire disparaitre les immondices, les bâtiments abandonnés et les friches, les arnaques aux numéros d’urgence, les arrière-cours glauques, les épaves “oubliées”, l’affichage sauvage et l’incivisme canin..et travaillé à embellir la ville avec l’aide d’un personnel motivé. “Ils” ont repeint en gris sur le vert, ça coûte cher mais c’est plus classieux, non ?
L’absentéisme d’élus non-chavillois, le manque de suivi de coûteuses prestations de nettoyage (théoriquement “garanties” à GPSO !), l’indifférence pour tout foncier inexploitable par les promoteurs, la religion du “c’est pas nous”, l’absence de police de l’environnement font redescendre à la ville l’escalier péniblement gravi. Pas grave, on se remettra au travail en 2014…si vous le voulez bien !
…plus qu’une !
INTERNATIONAL
LA FRANCE DANS LE MONDEDeux visions, un projet
Nous avons le plaisir de relayer le communiqué de presse de Pouria AMIRSHAHI
-Député des Français de l’étranger (Maghreb/Afrique de l’Ouest)
-Secrétaire de la Commission des Affaires étrangères
-Secrétaire national du Parti socialiste,
publié à l’occasion du débat sur le projet de loi d’orientation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (projet Floraso)
"Non, la langue française française n’est pas un frein à l’attractivité des universités !
L’article 2 du projet de loi d’orientation de l’Enseignement supérieur et de la Recherche – qui permet aux établissements de dispenser leurs enseignements entièrement en anglais - porte un coup terrible à la francophonie. En portant l’anglais comme condition de l’attractivité de nos universités, et en marginalisant le Français dans notre pays, c’est l’ensemble de l’espace francophone qui est fragilisé et affaibli.
Non, l’enseignement « tout en anglais »* n’est pas nécessaire pour attirer des étudiants des pays émergents – de l’Inde au Brésil en passant par la Turquie ou la Corée - qui comptent, en leur sein, suffisamment de jeunes diplômés francophones ou désireux de le devenir.
Non l’enseignement « tout en anglais » n’est pas une chance pour la recherche française mais une condamnation, à l’heure où la recherche francophone, toutes disciplines confondues, étouffe de la pression, quasi-obligatoire, des revues anglophones.
Si la France veut être attractive, alors il est temps qu’elle contribue à la formulation d’une nouvelle ambition francophone. Bien des peuples amis sont disponibles, demandeurs et même parfois en avance sur ce chemin! Parmi eux, l’Algérie, pourtant non membre de l’OIF, la Belgique, le Canada, le Maroc, la Côte d’Ivoire, la Suisse, le Sénégal, la Tunisie et bien d’autres encore. Il existe un espace francophone véritable, à la fois d’échanges scientifiques, culturels et diplomatiques. Il existe aussi une francophonie économique, tournée vers le développement et le partage de la valeur ajoutée entre le Nord et le Sud.
Pour attirer dans ses universités, la France doit promouvoir, comme la gauche en a l’intention, une politique centrée sur la qualité des enseignements, de la recherche et des équipements.
Plutôt que de composer avec une langue, l’Anglais, qui ne mérite certes pas l’opprobre mais n’a certainement pas besoin d’une telle soumission pour exister, donnons à la Francophonie ces outils dont elle manque cruellement : pourquoi ne pas, enfin, reprendre cette idée d’un Erasmus francophone ? Pourquoi ne pas promouvoir l’idée d’un « passeport économique et culturel de la francophonie » destiné à instaurer, dans cet espace, une mobilité sans entrave aux étudiants, scientifiques, artistes, chercheurs, chefs d’entreprises.
La langue française n’a pas à s’excuser. Portée avec l’audace des grandes passions, elle peut rassembler des peuples qui ont avec elle un trésor commun qu’il nous faut chérir et cultiver.
À l'instar de nombreuses associations de défense de la langue française du monde entier et de l’Académie française, je suis favorable au retrait de cet article 2".
* Bien sûr, certaines grandes écoles commerciales pratiquent dans le cadre de mastères complémentaires en général, quelques enseignements en anglais mais le profil en est totalement différent, beaucoup plus spécialisé et elles n’ont aucune vocation à représenter globalement le système universitaire national. L’Université ne doit pas à notre avis les imiter mais jouer offfensivement la complémentarité mondiale. Nous sommes pour l’enseignement international et régional des langues à l’Ecole, au collège et au Lycée, non à l’Université. A la base, non au sommet. Ne confondons pas ouverture (encore bien trop faible à l’EN) à la diversité culturelle et à la connaissance réelle des langues et esprit de soumission sapant la francophonie dynamique. "Pour bien défendre sa langue il faut apprendre celle des autres.." (NdlR)
Commentaire
Il est rassurant de constater que parmi les parlementaires socialistes, des voix s’élèvent pour défendre le bon sens et freiner la dérive vers la politique des “quelques arpents de neige”. Il est clair que deux conceptions opposées s’affrontent discrètement mais réellement et qu’il faudra bien en choisir une, si possible la bonne, avant de réaliser qu'on va dépenser encore plus d'argent contre nos propres intérêts.
L’une est une suite logique de la pensée unique qui est en fait une réaction, une soumission que dissimule une fausse "modernité."
Faisant fi des réalités et des responsabilités qui sont collectivement les nôtres et adepte d'une Europe où le principe de la concurrence dite libre et sans entraves prime les valeurs morales et le service public, elle voudrait faire de la France un pays comme un autre, en faisant fi de ses responsabilités et donc de ses charges particulières. A quoi bon avoir des territoires dans le monde entier, à quoi bon la dimension stratégique, à quoi bon la Caraïbe, la Réunion ou la Corse, à quoi bon la Francophonie, notre avenir ce n’est que l’Europe “fédérale” voire "chrétienne" face (?) aux Chinois ou aux Indiens. “On” n’a pas à jouer dans la même cour que les Américains, ceux-ci avec la Finance et la Mondialisation décident de tout etc. Que nous importent les Francophones d'ailleurs, ils n'ont qu'à se débrouiller et nous oublier... Le Québec, Brazzaville, c'était bon pour le Général, c'est ringard. A quoi bon finalement la culture française, à quoi bon le français et à quoi bon tout ce qui fait notre valeur ajoutée dans le concert mondial ? Tout cela coute cher et crée des problèmes. Bradons tout au nom de la "bonne" (?) gestion, concentrons-nous aveuglément sur la dépense publique, ce mal absolu qui nous fait vivre. Gardons quelques habitudes gauloises et n’embêtons personne, parlons anglais comme tout le monde* et même enseignons en anglais comme bien des pays qui, eux, ne peuvent l'éviter. C’est la politique du conformisme et de l’à quoi bon, masquée ou non par un “réalisme” illusoire car ce que les Autres viennent chercher chez nous c’est justement la différence. Pour nous, ce serait une politique irréfléchie et mécanique de comptable, non une politique de chef d’entreprise, a fortiori d'Etat. Et aussi le douteux couronnement du goût d'un paradoxe qui caractérise trop souvent notre nation et lui porte le plus grand tort, celui de vouloir exister tout en se reniant, choisissant ainsi le "not to be" du dilemne shakespearien.
L’autre, issue du bon sens, doit être celle de l’avenir. Elle constate qu' aujourd’hui encore la culture française au sens le plus large du terme contribue largement à faire vivre l’économie française et les Français. Elle réalise que cette culture que nous devons développer massivement en tant qu’investissement productif et porteur, est l’épine dorsale d’une puissance douce ou soft power (!) qui comprend de nombreux volets (la Diplomatie et la communication, le Droit, les Recherches, Sciences et Techniques, l’Enseignement, le maintien de la Paix et le développement de la Démocratie et de la Laïcité, l’économie privée et publique, la culture populaire etc.) interdépendants, chaque actif conquis ou reconquis réagissant positivement sur un autre, sous la maitrise d’œuvre d’une gouvernance volontaire et bien organisée. Ce n’est pas faire du néo-impérialisme ou du post-gaullisme que d’affirmer cela, c’est agir durablement pour que l’ensemble des pays d'expression ou de sensibilité francophone, dans leur propre intérêt, fassent fructifier leurs acquis et portent et propagent ensemble une dimension culturelle originale, indispensable à l’avenir d’un monde apaisé. Ce n’est pas d’une politique défensive d’exception culturelle (exception à quoi ?) dont la France a besoin. C’est de repasser à l’offensive, de s’affirmer pacifiquement mais sans complexes, en union avec toutes les nations qui ont aussi besoin de son héritage, à commencer par sa langue. C'est ici, justement que la fameuse concurrence libre et sans entraves devrait jouer. Pourquoi ce divin principe serait-il limité à l'économie alors que justement, notre culture sert notre économie ? Nous devons faire en sorte que l'option proposée par la culture française et francophone retrouve toutes ses chances dans le concert mondial des cultures car elle est un facteur de Paix et cela seul serait suffisant. Le chemin de l’emploi et du bonheur des Français comme celui de leurs frères et soeurs en culture ne passe donc pas par le conformisme et le malthusianisme mais par l’innovation, la création et l'affirmation tranquille de soi**.
*Encore faudrait-il le pouvoir, même si nous le voulions ! Heureusement notre bonne Education Nationale veille, il suffit d'écouter la quasi totalité de nos politiques s'essayer à parler anglais pour se rassurer quant à la réalisation de ce mythe-là!
**Pour être "concurrents" encore faut-il en effet exister sur le marché, puisqu'on ne plus parler une autre langue que le "commercial" dans cette belle Europe de l'UE, ce nouveau nationalisme fondé sur le matérialisme, le vote par ordre et la "culture chrétienne" autrement dit le renoncement à la Laïcité. Sinon la concurrence libre et sans entraves ne jouerait pas et ce serait terrible...La concurrence économique dans un monopole culturel, est-ce bien cohérent ?
La réaction de P. AMIRSHAHI est déjà un grand pas dans le bon sens. Battons-nous avec lui et tous nos amis pour une politique internationale de la force douce et notre économie. Nos emplois et l’Europe ne s’en porteront que mieux.