UNE EXPO A VOIR ET A MEDITER
"Le Tigre et l'Asie", au Musée des Arts asiatiques - Guimet nous rappelle avec talent et opportunité un aspect essentiel de la personnalité de Georges Clemenceau : orientaliste bien sûr avec une partie des élites de son temps mais surtout moderne homme d'Etat, incarnant une France capable à la fois de se respecter elle-même et de respecter les autres civilisations, parce qu'elle en a fondé une et qu'elle doit -encore-en être digne et la faire vivre, parmi d'autres. Une démonstration du primat du politique, en somme, loin du triste épisode de matérialisme historique que nous vivons actuellement et selon lequel l'Argent et la mondialisation (?) vaguement repeints aux couleurs de l'UE, seraient devenus l'Alpha et l'Oméga ; un nouveau Veau d'Or, en somme, dont le Tigre n'aurait fait qu'une bouchée. Miam !
Les boîtes à encens japonaises
Une très belle collection de délicieuses boîtes à encens, que CLEMENCEAU dut disperser pour financer un passage à vide dans sa carrière politique lorsqu'une violente campagne de presse semi-cléricale chercha à le couler au travers du "scandale de Panama". L'art japonais se révèle ici véritablement génial dans sa stylisation de motifs généralement naturels. CLEMENCEAU, tout en restant réaliste, chercha à rapprocher culturellement la France et l'empire du Soleil Levant. D'autres, plus tard, voulurent en faire autant mais en restèrent à la démarche personnelle...
... et d'autres objets
Quelques inévitables estampes et divers objets-souvenirs, retraçant un grand voyage asiatique qui ignora le Japon, trop éloigné pour ûn homme âgé et privé de l'A 380 d'aujourd'hui. Retracée aussi, l'amitié avec un maharadjah indien précurseur qui l'invita à la chasse au tigre. Pour Clemenceau, c'était une chasse au principe simple :"J'ai un fusil, et le tigre n'en a pas". A propos Tigre, l'inévitable et talentueuse caricature vous attend...
La carrière interactive
L'exposition rappelle le parcours "symphonique" de Georges CLEMENCEAU. Aux antipodes des carrières d'aujourd'hui, souvent fondées sur la triade haute administration-parti-media, voici une plume qui n'avait pas besoin de nègres, un politique qui n'avait pas besoin de gourou, un talent qui se chargeait tout seul de sa communication. Médecin, amateur d'art, il était comme le tigre, tout-terrains. Franchissant à la nage d'impétueux fleuves de boue, bondissant, tapi à l'affût, terrassant sa proie mais aussi pourchassé lui-même dans la jungle politique d'alors, tel était le Tigre.
La guerre, quelle guerre ?
Le djihad clémencien n'était pas seulement la poursuite impitoyable de la guerre contre les empires centraux. C'était aussi le combat voltairien contre l'Infâme d'un ennemi d'une religion oppressive. Mais il était toujours prêt à découvrir la spiritualité d'autrui, témoin cette cérémonie bouddhiste organisée dans le lieu même de l'expo, au sein de ce qui allait devenir le Musée Guimet (du nom d'un orientaliste contemporain). C'était aussi, à l'instar du véritable djihad, d'abord un combat contre soi-même, une rigueur nourrie de la pratique du sport, du contact avec la nature et avec la misère humaine, en guerre comme en paix. Un combat pour la justice, mené par un homme libéré de la plupart des préjugés de son époque et rebelle à tout credo autre que le sien.
Mentionnons en passant le combat pour la vérité dans l'Affaire Dreyfus, où il alla jusqu'à préférer PICQUART, martyr des principes, à DREYFUS lui-même, acceptant la grâce d'une injuste justice.
Les coups de griffe
furent généreusement distribués aux adversaires et parfois aux amis politiques, justement ou injustement. Mangeur de gouvernements, le Tigre n'était pourtant pas mangeur d'homme. Violent parfois contre la multitude et briseur de grèves, lui que le souvenir des horreurs de la Commune a marqué, était aussi un authentique défenseur du Peuple, une preuve vivante qu'il vaut mieux peut-être s'imposer pour le combat contre la misère que de le survoler, confortablement installé dans l'avion qui transporte aussi les grands chefs d'entreprises, les banquiers, les journalistes et les hiérarques roses. Il ne se contentait pas de tenir la Rose à la main, il la respirait et la cultivait.
L'actualité du message
Juger CLEMENCEAU selon les critères convenus d'aujourd'hui a peu de sens. Il commit sans nul doute des "erreurs" mais par rapport à quoi ? La dimension historique, en tous cas, il l'avait et même si tout comme CHURCHILL il fut "remercié" par les électeurs au profit d'un successeur jugé plus reposant après des efforts terribles, il avait la dimension nécessaire de ses responsabilités, celles de diriger un pays dont 250 millions d'humains parlent la langue. Et prétendre en substance, comme j'entendais récemment un hiérarque "socialiste" le faire, que les hommes d'Etat font partie du passé en France ou en Europe et que le conformisme est donc devenu une règle comportementale, autrement dit que le Politique doit s'indexer sur le libéralisme ambiant, la communication, les intérêts partisans ou catégoriels et n'emprunter que les chemins déjà rebattus par l'administration d'Etat, est aberrant pour ne pas dire plus.
Que tout le monde ne puisse se hisser au niveau des G. CLEMENCEAU, W.CHURCHILL ou de quelques autres, c'est sûr ; de là à en faire un axiome...Georges CLEMENCEAU nous rappelle donc que la liberté intellectuelle est un principe premier de la politique, que le courage en est un second et que la Culture en est un puissant adjuvant qui éclaire, contextualise et dans le cas de la France, devrait impacter les décisions majeures.
Nous sommes en train de l'oublier, installant à sa place une idole, l'Economie (?). Or, comme les vrais économistes le reconnaissent, celle-ci n'est même pas une science. Comme tous les faux-dieux elle n'existe que par la crédulité de ses fidèles, trompés par son apparence de pouvoir. C'est pourquoi vouloir construire l'Europe (a fortiori un "socialisme"), sur la seule base de la mondialisation (ne serait-il pas plus honnête de l'appeler de son vrai nom, le libre-échange ?) voire du budgétarisme, ce n'est pas être réaliste, c'est fabriquer et adorer un colosse aux pieds d'argile. C'est prôner une religion qui ne rapporte qu'à ses prêtres, non une construction solide pour tous. Tout le contraire de l'idéal de Clemenceau (cf. citation n° 2 ) et du socialisme tout au moins dans sa version Jaurès.
Question amusante : qu'aurait pensé Clémenceau des "Européennes" ?
Européen, CLEMENCEAU ? Cela dépend comme on l'entend. Témoin forcé des horreurs de 1870-1871, Clemenceau a défendu la France et son territoire comme un tigre. Sans les idéaliser comme on le fait parfois aujourd'hui, il ne haïssait nullement les Allemands en tant que tels et a compris que tout en tentant de prendre des garanties, il ne fallait pas humilier un peuple militairement abattu mais toujours fort. Il ne cultivait pas davantage la stupide haine de l'Anglais et avait un amiral britannique comme ami proche. Sur les uns et les autres ses jugements sont pénétrants, parfois durs mais aussi compréhensifs. Il pratiquait l'Europe plutôt que de la fantasmer. Et il aurait ri d'un roi-soliveau venu se substituer chez nous, sans bases autres que raciales et pseudo-religieuses, à un authentique concept culturel, la francité, qu'il faudrait au contraire transcender à l'échelle d'un monde en demande de concurrence culturelle, indissociable de la concurrence économique qu'elle sous-tend.
On a aussi du mal à penser que le Tigre aurait accepté une vision étrange consistant à adopter en bloc la doctrine économique (concurrence libre et sans entraves) et la langue (l'anglais) de ces mêmes Anglo-Saxons que l'on prétend en même temps exclure d'un sous-ensemble politiquement flou. Cela revient à pratiquer la poste hongroise avec un cheval au trot, l'autre au galop, exercice qui a toutes les chances de finir dans la poussière de la puszta hongroise. Quant à l'idée d'une Europe "chrétienne", son sang républicain n'aurait fait qu'un tour !
N'oublions pas que si la 1ère République s'est battue contre l'Europe coalisée des "tyrans" bénie par les goupillons d'alors, c'est pour promouvoir bien d'autres "valeurs" que celles de l'Europe "chrétienne" et y imposer l'universalité des Droits de l'Homme. Le temps a passé bien sûr mais une chose est sûre : le conformisme n'est pas et ne saurait être une base politique pour la France car il n'est pas dans notre intérêt ni dans notre nature. Ne confondons pas une paix portée bien à tort au crédit de l'"Europe" et une soumission aveugle. Ne nous imaginons pas non plus que la qualité des valeurs est proportionnelle à l'étendue du territoire et à la puissance économique, en d'autres termes qu'un maxi-nationalisme européen d'inspiration libérale serait par essence politiquement et socialement meilleur que les Etat-nations à base culturelle que l'on vilipende. Sinon les Etats-Unis (fédéraux), la Chine, l'Inde ou la Russie (théoriquement fédérale) seraient des paradis et cela se saurait. Hier et aujourd'hui, tout prouve le contraire et courir la poste par principe sans se demander d'abord où l'on va, n'est pas une attitude rationnelle ni raisonnable. C'est un réflexe administratif, une fuite en avant qui coûtera cher y compris à l'idée européenne. Soyons modestes et souvenons-nous que nos amis helvètes, avant de construire avec bon sens et ténacité une modeste Confédération ancienne de 4 siècles au coeur du sous-continent, ont su et dû respecter leurs quatre langues et vivre des conflits internes.
Au plan politique, avec son esprit impitoyablement rigoureux et pétri d'histoire, sachant par expérience qu'on n'impose pas aux peuples à coups de règlements et de Parlements (il n'en connaissait que trop bien les limites) ce dont ils ne veulent pas, CLEMENCEAU aurait sans doute flétri l'incohérence et l'ambigüité comme contraires au bon sens. Il aurait sans doute ironisé en en voyant certains se réclamer du fédéralisme et promouvoir en même temps un étonnant "consulat" germano-français qui est par définition antinomique du fédéralisme, sans même évoquer des blessures encore fraîches. Imagine-t-on la Californie et le Massachussets dicter leur loi aux autres états des USA sous prétexte qu'ils sont plus puissants qu'eux ?
En vrai réaliste, il aurait vu qu'il est temps encore de sauver quelques avancées intéressantes comme l'euro ou le parcours international des jeunes universitaires en changeant vraiment de cap. Cela impliquerait bien sûr que Paris cesse de traiter le Parlement Européen en fourrière politique tout en le laissant devenir le cheval de Troie d'un populisme nourri par l'ultra-libéralisme de l'Union : idôlatrie et mépris de l'Europe mêlés, en somme. Un peu léger tout cela, n'est-il pas ?
Beaucoup de vrais "Européens" estiment aujourd'hui que la dérive vers une "Europe des marchands" idéologiquement fragile et dans les faits subordonnée à des intérêts extérieurs, a assez duré et qu'elle ne doit pas exclure le rayonnement culturel, économique et social de tous ses acteurs. C'était d'ailleurs assez largement l'esprit d'origine des Traités, qu'est venu corrompre à Bruxelles comme à Paris la prédominance d'une vision administrativo-financière, court-termiste de surcroît et même irresponsable quand on reproche à la Commission d'appliquer ce que le Conseil Européen a laissé passer ou même promu. Or, tout comme la haute-administration en France, la Commission Européenne ne conquiert pas le pouvoir ; elle ne fait qu'occuper l'espace déserté par la gouvernance politique et émettre des diktats nourris de sa propre vision en ses lieu et place.
C'est au contraire la convergence naturelle des influences de tous ses Etats (et pas seulement de l'Allemagne et de la France), dans le respect de vrais principes politiques et non économiques qui pourra un jour permettre -peut-être- un pas de plus vers une unité européenne, quand les choses seront mûres pour cela et si cela apporte quelque chose à la majorité des citoyens. La réflexion de CLEMENCEAU, souvent prémonitoire, nous incite à penser ainsi car elle est nourrie de bon sens, de principes solides et de perspective historique, trois choses qui manquent cruellement aujourd'hui.
Mais trêve de conjectures, laissons parler le vrai CLEMENCEAU !
Citations
J'emprunte ici à l'ouvrage de Jean GARRIGUES ("Le Monde selon Clemenceau", Tallandier éd., 2014) parmi beaucoup d'autres, quelques belles, féroces, profondes ou savoureuses citations.
1. Amour (à Marguerite BALDENSPERGER, de 40 ans plus jeune)
Mettez votre main dans la mienne.Voilà. Je vous aiderai à vivre et vous m'aiderez à mourir. Tel est notre pacte. Embrassons-nous
ou encore (GC n'était pas précisément un modèle de fidélité et il l'assumait)
Très belle Dame et plus que charmante amie, vous êtes en or décidément. Je vous vois en or bleu, le plus rare de tous, avec des reflets de gris perle et de vert tendre qui se jouent dans le détour de vos yeux.
Ma conclusion personnelle c'est que le mariage absolu tel que les célibataires du catholicisme ont la prétention de l'imposer à autrui est un idéal de liberte, non le résultat que l'on peut attendre d'une contrainte divine et humaine
2. Briand et Poincaré (Ouille !)
Briand ne sait rien mais comprend tout ; Poincaré sait tout mais ne comprend rien.
Parce qu'une intelligence toute fluide épuise indifféremment, dans l'imprécision des buts et des moyens, toutes les possibilités de dire et de faire, M.Briand se voit le chef d'orchestre du défaitisme français
3. Classe ouvrière (Point et contrepoint)
L'ouvrier a des droits dont il veut, avec grande raison, imposer le respect. Mais il doit, à son tour, respecter les droits d'autrui. Le socialisme n'a de sens s'il n'est d'un idéalisme ordonné. la Révolution Française doit vraiment aboutir à autre chose qu'à un déplacement d'iniquité.
( à Jaurès) Vous prétendez fabriquer directement l'avenir ; nous fabriquons, nous, l'homme qui fabriquera l'avenir et nous accomplissons ainsi un prodige beaucoup plus grand que le vôtre [...] Nous mettons notre idéal dans la beauté de l'individualisme, dans la splendeur de l'épanouissement de l'individu au sein d'une société qui ne le règle que pour le mieux développer
Les réalisations des idées de justice sociale, avec leurs chances de succès et de revers, n'en sont qu'à leur commencement. Le libre gouvernement des peuples par eux-mêmes ne permet à aucune nation d'y échapper.
4. (1871, la Commune) GC n'était pas seulement un homme de guerre; au député du Haut-Rhin:
Je suis horriblement triste ici, comme tu peux l'imaginer. Nous sommes une douzaine ou deux de simples qui nous sommes donné la tâche réjouissante de parler le langage de la raison aux aliénés de toutes couleurs qui ménent gaiement aux abimes ce qui reste de notre pays
5. Dette (prémonitoire ?)
L'Echo de Paris m'apporte des citations de journaux allemands disant que la France a demandé à l'Allemagne d'intervenir en sa faveur auprès des Etats-Unis pour l'allègement des dettes. Cela me paraît de la folie [...]. Adieu la France si nous en sommes là !
6. Félix Faure (décédé dans les bras de sa maîtresse en 1899)
Il se croyait César, il n'est mort que Pompée
7. Femmes (GC était à la fois féministe et misogyne, sauf à titre personnel bien sûr !)
La femme libérée ! Non seulement du corset, abominable objet de torture mais aussi et c'est l'essentiel, de toute l'hypocrisie qui abîme cet être délicieux mais dont les hommes ont au cours de 3000 ans saccagé le naturel, la spontanéité, la véracité, l'individualisme, le courage sportif. J'espère que la femme du XXème siècle s'émancipera de notre tutelle !
8. Guerre des Boers (menée par les Anglais au tournant du siècle) et colonialisme
Somme toute, les Anglais ont fait aux Boers d'Afrique du Sud ce que nous sommes très fiers d'avoir fait aux Arabes d'Afrique du Nord, aux Malgaches, aux Tonkinois, ce que les Allemands nous ont fait à nous-mêmes
Et puis, il y a quelqu'un aussi donts les droits sur le Maroc ne sont pas sans valeur, c'est le peuple marocain.
Une seule difficulté.
Nous ne connaissons de droits que ceux qui peuvent s'appuyer d'artillerie. Nous revendiquons le droit des peuples de s'appartenir en Alsace-Lorraine. Voyez ce que nous en faisons, comme les autres nations, en Afrique et en Asie. Les Marocains qui ont tous les droits, manquent de canons à tir rapide : de là nos droits sur eux
9. Laïcité (lors de son élection à la tête du Conseil Municipal de Paris en 1875)
Le caractère dominant de notre politique municipale [...] c'est d'être profondément imbue de l'esprit laïque c'est-à-dire que, conformément aux traditions de la Révolution Française, nous voudrions séparer le domaine de la Loi à qui tous doivent obéissance, du domaine du Dogme qui n'est accepté que par une fraction seulement des citoyens
à la fin de sa vie :
Je suis naturellement pour la plus large liberté de conscience [...]. L'Eglise catholique est une grande chose. Il faut la respecter. Mais certains de ses dirigeants se souviennent trop qu'elle a été tout.
10. Liberté
Personne n'est moins ambitieux que moi mais je voudrais être indépendant afin de n'avoir besoin de personne (mes amis exceptés) et de pouvoir mépriser tout le monde à mon aise (à l'exception des susdits). voilà mon idéal
11. Lincoln
A mon sens, Lincoln est l'un des plus grands hommes qui aient vécu : grand par la pensée, grand par le coeur, grand par l'action...
12. Palais-Bourbon (P.DEVEDJIAN, plus modeste, ne voudrait paraît-il nettoyer que le Conseil Général des Hauts-de-Seine )
C'est dommage que la Seine ne passe pas un petit peu plus à gauche. Elle nettoierait tout ça
13. Politique (et auto-dérision)
En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables
14. République
La république n'est rien qu'un instrument d'émancipation, de justification, un instrument d'évolution pour l'éducation de tous, par l'effort de chacun
Conclusion
A l'heure où l'on palabre à satiété sur les pourcentages de déficit budgétaire (dont la fin est devenu l'Arlésienne du moment) cependant que le populisme -en attendant peut-être pire- emprunte tranquillement, à la faveur de la démocratie "européenne", la porte de service de l'Union, on peut penser avec G. CLEMENCEAU qu'
il est grand temps, pour le peuple français, de se ressaisir et de remplacer par une politique de fermeté le désarroi d'apeurement qui tient, suspendues sur nos têtes, les menaces d'une consolidation de barbarie.
L'exposition, en tous cas, mérite le détour artistique...
..et stimule la réflexion politique et humaniste !