Mais la liberté, ce n'est pas la licence...
LAÏCITE : UNE AUTRE APPROCHE
Le concept de laïcité s'est vu bien maltraiter ces derniers temps. Venue sans doute de bien loin dans notre histoire, voilà une idée qui s'est épanouie sous nos républiques jusqu'à constituer l'une des bases mêmes de cette culture élargie à la Francosphère et qui constitue notre apport au concert des nations. Nous ne voulons la laisser ni périr ni se dissoudre. C'est sans doute en lui rendant sa force sur le terrain quotidien et son caractère populaire et universel que nous lui insufflerons une nouvelle vie et cesserons d'être abonnés au conformisme techno-européen. L'afflux de réfugiés fuyant les nouveaux méfaits des religions et de la xénophobie nous donne une occasion de la faire rebondir, de ne pas devenir une France molletiste qui préfère bombarder qu'aider et dont la politique extérieure oscille entre Jérusalem et Riyadh.
- Du gallicanisme royal à la laïcité républicaine
Au-delà des aventures du XIXème siècle marquées par l’essor de l’idée de Laïcité dont la France peut revendiquer sinon l’exclusivité tout au moins d’être le principal champion, il est intéressant de réfléchir à ses possibles origines. Celles-ci peuvent en effet nous informer sur la possible pérennité de cette caractéristique culturelle de notre pays, à l’heure où l’Europe technocrate-chrétienne qu’on nous propose ou nous impose peut la faire disparaître. Il nous semble qu’on peut remonter à la fois à l’origine gréco-latine de notre culture, bien antérieure aux « racines chrétiennes de l’Europe » mais aussi au sentiment national très tôt cultivé par nos souverains et qui faisait que ceux-ci, aussi catholiques qu’ils fussent, ne souhaitaient pas prendre leurs ordres à Rome.
L'attentat d'Agnani : mythe peut-être mais ô combien significatif !
C’est peut-être sur ce substrat, enrichi par la Renaissance elle-même nourrie de l'Antiquité et le siècle des Lumières, confirmé par la chasse aux Jésuites du XVIIIème siècle dans différents pays d'Europe, que se développa l’idée d’un état fort, capable d’imposer la paix entre les sectateurs de diverses religions et de construire sa propre morale. En Orient c'est celle au contraire de prendre les religions minoritaires à leur propre jeu en en faisant en auxiliaires du pouvoir qui semble avoir prévalu, en lien peut-être avec le statut spécial des autres religions du Livre dans l'Islam. Toujours est-il que chez nous la laïcité, une fois dépassée l'opposition à Rome et aux bulles pontificales, est devenue essentielle aux Républiques au point d'en devenir un élément structurant.
Elle sera probablement aussi, avec notre langue et notre situation géographique dans le monde, l’une des pierres de touche qui permettraient aux Français de pouvoir se considérer comme réellement impliqués dans une Europe qui ne serait plus celle des marchands, banquiers et technocrates et cesserait aussi de limiter son bagage spirituel à ces "racines chrétiennes" qui existent certes mais qui n'ont pas à étouffer les autres. Comme les civilisations chinoise, iranienne, égyptienne, indiennes ou amérindiennes et bien d'autres, celles de la Grèce ou de Rome ont préexisté au Christianisme. La Renaissance, les Lumières, le développement des sciences, la Philosophie et bien d'autres ingrédients sont venus amender et enrichir le terreau de notre sous-continent et dans le cas entre autres du Royaume-Uni de la France, du Portugal et de l'Espagne il s'est largement disséminé. Et partout où la francité s'est développée, le ferment laïc existe.
- La laïcité au-delà des clivages politiques
Quoiqu’il en soit et pour ces raisons mêmes, on ne saurait imaginer une laïcité dont la gauche serait le seul défenseur. Si la laïcité existe, c’est justement parce que de très nombreux électeurs de droite ou du centre partagent cet idéal puissant, porteur de paix et qui en dépassant les clivages politiques a largement contribué à construire, dans le monde entier, une communauté francophone de plusieurs centaines de millions de gens de toutes origines, cultures et croyances.
Comme leurs concitoyens de gauche, ces électeurs refusent ce déterminisme aberrant qui lie l’origine à une religion (ce qui revient à prétendre qu’un non-gaulois d'origine ne peut devenir laïc). En bons républicains, ils cantonnent eux aussi la spiritualité à la sphère privée, tant en ce qui concerne la vie adulte que l’éducation des enfants et des jeunes. Ils pensent aussi que le dialogue interreligieux est sans doute une bonne chose car il désamorce le fanatisme mais qu'il ne concerne par définition que les croyants et non les citoyens en général, quelle que soit leur culture d'origine.
En France ou ailleurs, assimiler une origine et une religion, c’est revenir en arrière. C'est reprendre le principe de l’ancien Empire Ottoman dont les communautés ou peuples était gouvernés au travers de leurs chefs religieux supposés, quelles que soient les convictions réelles de chaque sujet. Plus grave encore, c’est requinquer des hiérarques confessionnels souvent discrédités qui ont fait carrière dans leurs communautés respectives, auprès de Français de même culture déjà en évolution vers la République laïque. C'est faire croire à ces derniers qu’on ne peut se faire écouter sur des sujets sociaux ou sociétaux qu’en arborant kippa, barbe , loden, voile, croix, soutane, fichus etc.
Le conformisme, un très mauvais conseiller
On mesure ainsi à quel point le virage chrétien-technocrate et euroconformiste est moralement et politiquement néfaste. De toute façon, le peuple français ne le prendra pas car ce serait tourner le dos, non seulement aux acquis de ses Révolutions mais à la politique historique de la plupart des dirigeants français, fussent-ils rois ou empereurs. Il a d’ailleurs déjà essayé vainement de le faire comprendre à sa caste dirigeante au travers du rejet du projet de Traité Constitutionnel Européen. Maids il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
- La laïcité en action
L'éducation républicaine peine : si l’ensemble des Français reste en effet fidèles à la laïcité, on a pu voir celle-ci, dès les années 30, attaquée d’une part par les forces réactionnaires toujours présentes dans notre société mais aussi par un matérialisme ambiant d’autant plus pernicieux qu’il avance masqué et qui se traduit par une dégradation continue des idéaux républicains.
Ici, c’est la culture de gauche qui est considérée y compris au plus haut niveau comme ringarde et contraire au développement économique. Là, c’est la tradition d’universalisme qui est minée et l’Instruction Publique (ce qui ne veut pas nécessairement dire étatique) qui perd son monopole même si elle y gagne le nom trompeur d’Education « Nationale » : nationale, sans doute, mais pas universelle. Cette double évolution vers la pensée captive sape nos libertés, il faut la combattre.
Le socle pédagogique se voit progressivement affaibli au profit de conceptions utilitaristes à court terme et l’arthrose ministérielle liée à la dominance d'une caste qui hante aussi la politique et les grandes entreprises, paralyse immédiatement toute action ferme pour aller à l'essentiel dans les réformes qui dès lors font souvent long feu. Parallèlement la suspension sine die du service national, creuset pourtant essentiel d’une république laïque, se voit maintenue sous de faibles prétextes. A la rigueur, on veut bien laisser servir ceux qui en ont le plus faible déficit éducatif mais on refuse de payer le prix d'un service civique universel plus nécessaire que jamais.
Mais surtout le principe actif de la laïcité dans l’éducation s’est vu substituer une vision purement didactique et parfois dogmatique, malgré les efforts et même les combats d’ une large partie du corps enseignant, comme si la laïcité n’était pas au moins autant l’affaire des cellules familiales et des associations que celle de l’Etat et de l’école. La laïcité devient sorbonnarde, confine parfois à un rite desséché ou même dérive vers des obsessions concernant une seule religion.
Or la Laïcité se doit d’être populaire au sens le plus large sans quoi elle risque de se perdre car ce n’est pas à coups d’interdits et de leçons qu’elle vivra. C’est pourquoi elle doit à nouveau s’incarner dans le monde associatif et proposer un contenu éducatif rassembleur, porteur de valeur ajoutée. Pour nous, la laïcité est d’abord un comportement exemplaire, loin des anathèmes qu’il vaut mieux laisser à la partie la plus négative de la sphère religieuse.
- La vague de réfugiés : une opportunité évidente
L’arrivée dans l’espace européen de contingents massifs de réfugiés, qualifiés de "migrants" tant qu’une circonstance dramatique –la découverte et la photographie d’un cadavre de bébé sur une côte turque- n’avait pas provoqué un revirement qui ne sera sans doute pas le dernier des grands responsables européens, peut constituer un test pour la laïcité française.
C’est en effet une occasion exceptionnelle de prouver que l’intégration de populations majoritairement instruites et qualifiées professionnellement, originaires de surcroît de pays comme la Syrie où la France a laissé une empreinte et sans doute une dette (voir ci-dessous), peut se faire dans de bonnes conditions à condition de prendre les choses par le bon bout. Pour nous, il faut d’abord tenir aux Français un langage différent de la logorrhée sarkozienne, elle-même prisonnière d’une dialectique politicienne d’assez bas étage et dont l’immédiat avant-guerre avait déjà donné un exemple, les droites européennes jouant les fourriers de l'extrémisme. Le gouvernement a commencé à tenir ce langage et c’est tant mieux, mais il doit maintenant s’y tenir.
Ramener le sujet à ses justes proportions, expliquer la situation particulière de la France vis-à-vis de la Syrie, éviter les amalgames et la confessionnalisation du sujet, créer un organisme ad hoc gérant l’ensemble de l’opération sans chercher à se défausser immédiatement sur les collectivités territoriales, rendre notre politique extérieure cohérente avec l’action d’accueil, tout cela relève du bon sens. Dans de nombreux secteurs comme la santé ou l’éducation, des Syriens, des Palestiniens, des Irakiens ou des Afghans apportent déjà leur valeur ajoutée à notre République et personne ne s’en plaint. Pourquoi ne le feraient-ils pas à plus grande échelle, avec de futures familles éduquant leurs enfants sur une base laïque et contribuant au développement du pays ?
Un pays n’est pas un gâteau qu’on se répartit en tranches d’autant plus petites qu’il y a de convives, c’est une entreprise coopérative commune et pérenne qui réussit d’autant mieux qu’elle a de collaborateurs motivés et de clients et répartit sagement les fruits du travail de tous. Nos cousins allemands comme jadis les Américains l’ont senti. Dès lors il envisagent l'accueil des réfugiés comme une opportunité pour eux-mêmes et sauront en faire leur profit même s’ils ont momentanément des problèmes car leurs dirigeants ont, eux, une stratégie pour rendre l'Allemagne encore plus forte. Ne restons donc pas en arrière et raisonnons sainement, quitte à être un peu en avance sur une opinion victime de la pauvre démagogie de certains politiciens.
A l’arrivée, la laïcité n’est pas seulement un moyen de structurer une République et d’orienter positivement une nation, elle est aussi un moyen essentiel de réussir les greffes humaines que l’Histoire peut nous conduire à opérer et qui commencent déjà à prendre, sport et culture étant sur ce point en avance sur la société en général. Plus encore que la communication par le langage, elle offre une croyance commune permettant de dépasser les convictions individuelles. Donnons-lui sa chance et pour cela, donnons-lui des moyens.
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LAÏCITE ET SPORT : UN CLUB EXEMPLAIRE A CHAVILLE
Point n'est besoin d'aller chercher très loin des exemples d'une laïcité de terrain, propre à souder les nouvelles pousses de la République. Encore faut-il que les forces centrifuges que sont les craintes, les préjugés, l'hypocrisie ou tout simplement la douteuse gestion politicienne de moyens financiers qui se raréfient, ne l'emportent pas sur la vraie priorité : travailler encore et toujours à une éducation saine et commune.
- Du CG 92 à Chaville
Il était une fois deux karatékas de haut niveau qui s’ennuyaient un peu au Conseil Général où ils avaient le sentiment de jouer un peu trop les hommes-sandwiches sur fond de politique. Ils souhaitaient surtout construire un projet éducatif et pérenne à la hauteur de leurs capacités et de leur altruisme.
L'exemple, toujours l'exemple...
A Chaville, le maire de l’époque –moi- souhaitait diversifier l’offre sportive chavilloise en lien avec le dynamisme retrouvé de la ville mais il voulait surtout proposer un élargissement de l’action éducative concomitamment avec la création du gymnase A. Halimi dans le quartier du Doisu. Son équipe souhaitait en effet rassembler les Chavillois et en particulier les jeunes pour dynamiser la ville tout en favorisant la tranquillité publique.
Les bonnes relations de l’époque entre le Conseil Général et la Ville permirent un montage gagnant-gagnant-gagnant : aux sportifs l'opportunité de réaliser leur nouveau projet, au CG92 la possibilité de recruter de nouveaux auxiliaires et à Chaville la chance d’accueillir un potentiel sportif exceptionnel portant un projet éducatif dans la mixité sociale.
- Mixité et laïcité : les mérites d’un club
Coté ville, on n'a pas été déçu : depuis 10 ans, le Karaté club de Chaville est passé de 30 à plus de 270 adhérents et répond à tous les critères posés par une municipalité pour bénéficier de son soutien, entre autres l’existence d’une section pour les très jeunes, une féminisation importante, une prise en compte des vétérans et du handisport.
Cerise sur le gâteau, le KCC s’est acquis grâce à ses résultats sportifs* une véritable audience nationale avec 5 plateaux télévisés en 2015.
Cette évolution n’aura pu échapper à un maire technicien de la communication, même s’il n’habite pas la commune. Elle bénéficie à celle-ci à un moment où les collectivités territoriales doivent s’affirmer car elles sont le socle de la démocratie participative. Elle enthousiasme les jeunes et leurs familles. Pour nous cependant et malgré ce remarquable bilan, l’essentiel n’est pas encore là car il existe à Chaville, dans cette spécialité comme dans d’autres, d’autres clubs dotés d’excellents dirigeants et dont le bilan sportif et humain est bon, parfois très bon.
Ce qui nous séduit, c’est la réussite du KCC à amener des jeunes et des moins jeunes de tous les milieux et cultures d’origine à mieux se connaître et s’apprécier au sein du Sport, avec devant les yeux l’exemple de champions à la fois rigoureux mais bienveillants, eux-mêmes issus de la diversité, dans un équipement moderne au centre d’un quartier aussi sympathique que populaire. Celui de la transparence aussi, pour la gestion du club et du respect de la haute tradition des arts martiaux.
Contrairement à certains, nous ne voulons pas à Chaville du triste « développement séparé » des quartiers et des éducations qui ne peut manquer d’alimenter la fracture sociale et de faire naître chez certains jeunes le néfaste sentiment qu’ils feraient partie d’une élite auto-désignée par l’habitat, les revenus ou l’éducation en vase clos tandis que d’autres seraient renvoyés au vide éducatif et à ses inévitables conséquences, que ne palliera aucune police municipale.
Ce que fait le KCC à Chaville et il est dans ce sens exemplaire, c’est de l’éducation républicaine. On y apprend aux plus favorisés à comprendre et respecter les autres et surtout à vivre avec eux. Aux moins favorisés on apporte avec des cadres qui ont pu leur manquer au départ et des moyens de bien démarrer dans la vie sans être poussés au conflit sociétal voire tentés par de mauvais guides. On y accueille les familles et on dialogue avec elles, on les aide à mieux comprendre, au sens large, les règles du jeu et surtout à les pratiquer. On soutient ceux qui risqueraient de devoir partir faute d'argent. Bref, on fait de la laïcité de terrain.
* Chez les Jeunes : meilleur club des Hauts de Seine avec en moyenne 40 médailles chaque année ;
chez les Minimes, trois titre nationaux ; chez les Seniors, 1 titre de champion du monde 2008 au Japon.
Pour les grades : formation de 29 ceintures noires, 2 "3ème dan", 1 "5ème dan", 1 "6ème dan".
Formations : 3 brevet d'Etat; 4 DIF (diplômes d’instructeur fédéral) ; un arbitre national,
4 arbitres départementaux jeunes.
Un bel équipement pour de beaux résultats
- Les règles du jeu municipal
C’est sans doute justement, si l'on en juge par le traitement financier qui'il se voit infliger, ce que la municipalité sous l'influence peut-être de ses éléments les plus extrémistes, reproche à ce Club autant que son franc-parler, c’est-à-dire le fait d’être un intervenant éducatif affirmé et non un simple vecteur municipal à vocation ludique.
C’est un fait que dans bien des mairies, les élus tendent à utiliser le levier financier ou l’emploi municipal pour s’inféoder les associations ou éliminer les récalcitrants, l’austérité financière actuelle ayant d’ailleurs bon dos. Bien entendu, il faut aussi faire respecter l’argent du contribuable et éviter des dérives qui affectent parfois le monde associatif, mais ce n'est pas le cas ici.
Les dérives peuvent aussi concerner les élus eux-mêmes, quand ils ne conservent pas la distance nécessaire ou pratiquent sous prétexte d’efficacité et de convivialité, le mélange des genres entre mandats électifs, responsabilités associatives et administration territoriale. Ils risquent alors de servir des politiques néfastes qu’en privé ils critiquent parfois. Mais la mise en dépendance des élus, moyen de gouvernement traditionnel des maires absentéistes, est l’une des clés des déviances territoriales...dont le 92, fief des Républicains sarkozystes, est hélas coutumier.
Construire, et non détruire le lien social...
Quoiqu’il en soit, c’est au pied du mur que l’on reconnaît le vrai maçon et la municipalité serait bien inspirée d'oublier son idéologie en soutenant activement les associatifs œuvrant pour l’éducation républicaine, même s’ils ne sont pas parfaits et ont parfois le verbe haut. Mais ont-ils d’autres moyens de se faire entendre ? Pour l’instant la réponse semble négative mais soyons optimistes. Si rien ne bouge, il faudra reprendre le sujet quitte à appeler à Chaville un chat, un chat.
Tout élu qui vit dans sa ville et l’aime ne peut qu’être d’accord sur ce postulat : le sport et la culture associatifs ne sont pas seulement des récréations que s’accordent des citoyens oisifs ou au contraire stressés professionnellement mais des acteurs majeurs dans l'Education. Ils ont un rôle sociétal essentiel, celui de permettre à tous de se rencontrer, de s’apprécier et de partager sincèrement, au-delà des discours convenus. Ils jouent aux côtés des familles, de l'instruction publique et de l'éducation territoriale ("périscolaire", conservatoires etc.) un rôle irremplaçable dans la sécurisation de notre société laïque en travaillant sur la motivation et l'exemple, non la répression.
La photo, c'est bien. mais un soutien effectif et proportionné aux mérites, ce serait beaucoup mieux !
Les soutenir à proportion de leurs mérites non seulement sportifs ou culturels mais sociaux est donc légitime. C'est un devoir et c’est en plus un excellent investissement. Ainsi, plutôt que 65 000 euros** pour faire transiter une étape sans enjeu du Tour de France et proposer quelques secondes d’images paysagères, ne vaut-il pas mieux investir pour un club qui apporte en plus de son travail de fond, une notoriété de niveau national sur plusieurs media, méritée celle-là et gratuite de surcroît ?
** Budget voté par GPSO pour rémunérer ASO ( du groupe Amaury, également propriétaire du "Parisien") mais très inférieur aux dépenses réelles exposées par les communes de l'agglomération pour le passage de la fin du Tour et qui devraient friser les 200 K€. Comme dans d'autres spécialités (par exemple l'athlétisme où le chronométrage bénévole par le club s'est vu substituer de coûteuses prestations privées) les municipalités affiliées à l'UMP - pardon, aux Républicains 92- font la preuve à la fois d'une mauvaise gestion et d'une hypocrisie certaine par rapport aux clubs à qui l'on vend l'idée qu'il n'y a plus d'argent. Evidemment, si l'on s'y prend ainsi...De ce point de vue, Charles PASQUA n'est pas mort et les travers du CG 92 non plus car on voit bien où passe la baisse des subventions associatives.
Pas d'accord : c'est justement quand il y a moins d'argent qu'il faut faire les bons arbitrages à Nanterre comme à Chaville. L'aide au tissu associatif qui souffre davantage doit alors être priorisée par rapport au sport professionnel qui reste d'abord un spectacle et doit à ce titre être pris en charge par les consommateurs et les sponsors...ou alors c'est que les vraies raisons de ces décisions aberrantes sont à rechercher ailleurs .
Beaucoup moins cher, beaucoup plus utile et... beaucoup plus chavillois qu'une fin de Tour en roue libre
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REFUGIES SYRIENS : LA FRANCE LEUR DOIT BIEN ÇA !
A force de chercher les problèmes au Proche et au Moyen-Orient, l'Occident les a trouvés. Les Etats européens dont la France n'avaient encore digéré, ni leur réflexion européenne ni l'assimilation des vagues précédentes. Pourtant certains ont toujours des réflexes de gendarmes du monde et n'imaginent toujours pas laisser à des populations de civilisation souvent bien plus ancienne que la nôtre l'initiative de gérer leurs affaires. Quant à la France, si elle veut relever le nouveau défi posé par le drame des réfugiés il lui faut inventer autre chose qu'un dédoublement de personnalité entre un Mr.Hyde néo-colonialiste et un Dr.Jekyll fédéraliste européen. A Chaville aussi...
- Les Occidentaux à la source de leurs propres problèmes
Depuis des siècles, les Occidentaux mais aussi les Russes ont pris l’habitude d’intervenir militairement, au Proche et au Moyen-Orient. La liste est longue de leurs interventions et des raisons ou prétextes qui paraît-il les justifient. Dans cette liste la France figure d’ailleurs au premier rang car le fondamentalisme europhile n'y a pas mis fin aux coûteuses aventures de grande puissance. Il sert même aujourd'hui à les expliquer... mais pas à les financer.
Longue est la liste des pays où l’Ouest a jugé utile d’intervenir dans le cadre de conflits organisés ou non, elle comprend la quasi-totalité des états de ces deux régions. Ici aussi les adversaires ou prétendus tels des Occidentaux sont très variés : Etats millénaires comme l’Iran ou l’Egypte sous leurs différents avatars politiques ; régimes militaires plus ou moins dictatoriaux, laïcs ou démonstrativement musulmans ; mouvements de résistance de natures diverses, soutenus ou non par des acteurs majeurs du théâtre d'opérations ; plus récemment, nébuleuses islamiques* ayant des ramifications dans d’autres pays, majoritairement musulmans ou non.
Quoiqu’on puisse penser la politique interventionniste dont les résultats sont le plus souvent catastrophiques, elle se traduit toujours par un prix terrible à payer par les populations civiles (minoritaires ou, pour l’essentiel, musulmanes) prises en otage : bombardements dévastateurs, massacres organisés par les adversaires ou leurs relais locaux, terrorismes de groupes ou d'Etats. Quand ces situations perdurent, elles ne peuvent manquer de se traduire en plus par un exode massif, d’abord vers des zones voisines où les moyens manquent et où les gouvernements non encore impliqués tentent d’éviter la création de nouveaux déséquilibres puis vers les pays développés, Eldorado que la civilisation numérique a rapproché des victimes.
* ou à couverture islamique, s'agissant par exemple du bloc d'anciens militaires irakiens mis au chômage technique par le renversement de Saddam Hussein suite à l'intervention américaine et qui apporte ses "compétences" à l'EI. Encore une retombée des interventions occidentales...
Qui sème le vent...
Un exemple-type est la Lybie, où clairement l’intervention occidentale n’a servi qu’à aggraver la situation tant politique qu’humaine, créant par ricochet d’autres problèmes y compris dans l’espace euro-méditerranéen. Il va de même, à une autre échelle, de la Syrie et de l’Iraq ou de l'Afghanistan, pays où la redoutable dialectique intervention-occupation s'est plusieurs fois mise en place et toujours soldée par l'échec que ce soit avec les Britanniques, les Soviétiques, les Américains ou les "Européens". Il en fut ainsi au siècle dernier de la Chine, avant qu'elle ne redevienne indépendante.
Pour couronner le tout, un effet de cliquet se met souvent en place après l’exode. Palestine, Iraq, Lybie sont là pour en témoigner : là où un vivre-ensemble souvent séculaire est brisé du fait de l’intervention extérieure, il aura bien du mal à renaître. Alors, pour y parvenir aurait-on la prétention de mettre l'ensemble du Moyen-Orient (200 millions de gens, tout de même) sous tutelle en s'obstinant à ne pas voir que les problèmes y viennent presque toujours de l'Ouest ?
- Sarrail, de Gaulle, Guy Mollet : bombarder, et après ?
La France, qui a pourtant de forts atouts pour mener une politique intelligente et profitable, l’a rarement menée : se créant inutilement des adversaires, mettant sa politique au service d’autres intérêts que les siens, utilisant à mauvais escient la force avant de quitter les lieux la queue basse, tenant rarement ses engagements et oscillant entre l’interventionnisme et l’abstentionnisme.
Guy Mollet à Suez : vertige néo-colonial ou mauvaise évaluation de la situation ?
Elle dispose pourtant d’un puissant réseau diplomatico-militaire, d’entrées linguistiques et culturelles, de liens traditionnels et séculaires avec beaucoup d’états et d’un reste de capital d’estime. Mais que de jalons négatifs depuis l’écroulement de l’Empire Ottoman!
C’est en particulier le cas en Syrie où les accords Sykes-Picot avaient assuré un mandat français à la chute de l'Empire Ottoman mais où une politique musclée (des milliers de morts syriens sous les obus et les bombes français en particulier lors du bombardement de Damas du 18 octobre 1925 effectué sous l'autorité du gouverneur général Sarrail dans la foulée du soulèvement druze), des engagements d’indépendance non tenus, la restitution d’Alexandrette à la Turquie, une lutte fratricide entre troupes gaullistes et vichystes, enfin un nouveau bombardement de Damas en 1945 ont entaché notre image et finalement conduit à notre départ. Plus récemment, il y a eu notre politique erratique vis-à-vis des acteurs de la guerre syrienne et nos rapports difficiles avec certaines puissances impliquées comme la Russie et l’Iran sans parler de notre complaisance chronique vis-à-vis de la politique de force des faucons israéliens.
A Damas, les bombardements français ne datent pas d'hier...
Tout n’est pourtant pas perdu à condition d’abandonner les rêves d’intervention terrestre entretenus par ceux qui n’ont toujours pas assimilé les leçons de l’Afghanistan, de l’Iraq, de la Libye ou de la Palestine. C’est en effet d’abord aux populations des états du Proche-Orient de régler des problèmes dont elles sont les premières à souffrir et non aux Occidentaux..
Par contre ceux-ci et en particulier la France pourraient s’appuyer sur le passé, même négatif, pour réparer, retisser les liens au travers de la culture commune et préparer la prospérité d’un après-conflit sans se retrancher derrière des principes à géométrie variable ou en faisant dépendre notre politique extérieure de l’état instantané et supposé d’une opinion parfois versatile. On peut même imaginer que si la France s'imposait comme acteur de paix et non de guerre, elle pourrait un jour contribuer à apaiser l'ensemble de la Palestine et à y faire naître la coopération entre états : après tout, les aider à retourner à la laïcité c'est aussi désamorcer une bonne partie des sources de conflit.
Pour la Syrie, plaque tournante du Proche-Orient et ancienne zone d'influence française, la France peut et doit être autre chose qu’un pays bombardeur, c’est notre devoir, c’est aussi notre intérêt.
- Les amalgames et la préparation de l’opinion
Ce qui rend l’exercice délicat, ce sont souvent les conséquences des actions mêmes de certains de nos gouvernements. Tout sectarisme mis à part, celui de N.Sarkozy a dans ce domaine été fort néfaste. Après avoir entretenu des relations plus que cordiales avec Khaddafi par exemple, il a subitement diabolisé celui-ci au point qu’il semble que l’objectif de la participation française à l’offensive occidentale en Lybie ait été d’éliminer physiquement le chef lybien, pour des raisons qui restent à élucider mais qu'on peut deviner. Les conséquences politiques directes et indirectes de cette action –militairement plutôt réussie- se passent de commentaires... tout comme son attitude de vrai-faux Croisé qui a troublé l'opinion française.
A sa suite, la France s’est laissé emmener sur le théâtre syrien dans un imbroglio qui serait presque comique, n’étaient ses conséquences dramatiques pour les populations civiles. Si celles-ci fuient ce n'est pas, ne lui en déplaise, pour trouver en Europe du travail qu'ils avaient chez eux mais parce que des éléphants sont venus dévaster le magasin de porcelaine. Si l'ancien Président devait revenir aux affaires, il y aurait sans doute davantage encore de réfugiés.
Et comment l’opinion peut-elle s’y retrouver, lorsque les responsables tentent de lui vendre à la fois la nécessité d’intervenir alors que la France n’a aucun mandat ni aucun soutien européen ou américain pour ce faire et que son action ne répond à aucune logique positive? Et puis, n’y aurait-il d’argent que pour faire la guerre de la façon la plus hasardeuse qui soit tandis que les caisses sont vides dès qu’il s’agir de secourir, d’investir, de développer?
Damas et sa population ont déjà eu leur soûl de bombardements français dans l’histoire, peut-être ne s’impose-t-il pas d’en rajouter une série en 2015 car viser "Le terrorisme" est une cible bien imprécise et ce serait tomber dans un piège évident. Les guerres perdues commencent souvent avec un gouvernement qui ne veut pas perdre la face et se décide, au mauvais moment, au conflit armé avec des moyens et alliés qu'il n'a pas. Il est toujours dangereux de mettre la politique extérieure au service de la politique intérieure.
- Au pied du mur : la France... et Chaville
C‘est au pied du mur, encore une fois, qu’on reconnaît le maçon. Cela vaut pour la France, mais aussi pour Chaville. En France, il s’agit de stabiliser nos positions, de délivrer l’opinion de ses fantasmes, de la convaincre que la France cherche d’abord à être un facteur d’humanité et de paix plutôt que de louvoyer entre son actuel zèle européen et une politique aventuriste à la Guy Mollet qui n’aurait même pas l’excuse du contexte de l’époque.
A Chaville le député-maire, président des Républicains façon 92, a expliqué à un auditoire extasié qu’il fallait aider les populations du Moyen-Orient et faire preuve de fraternité ou si l’on préfère, de charité. Dans une commune dont il a su exploiter le potentiel fiscal, il a donc une double raison d’agir pour intégrer quelques familles syriennes que l’application des principes occidentaux a contraintes à abandonner une patrie qui fut un berceau de civilisation ou des Irakiens dont la patrie abrita la première Tour de Babel préfigurant celle de l’Union Européenne. On n’imagine pas bien sûr un tri suivant les croyances des réfugiés : ce ne serait ni laïc, ni humain.
- Notre contribution
L’UFAL CHAVILLE +, pour sa part, est prête à appuyer l’action que la municipalité, dans la logique même de son discours altruiste, ne manquera pas de proposer. Accueillir des familles et des jeunes dans un cadre laïc préparant leur future citoyenneté, leur faciliter les contacts administratifs grâce à nos connaissances en anglais, persan/dari ou arabe et contribuer à leur intégration au système scolaire, aider les familles dans leurs démarches, nous sommes prêts à y aider substantiellement avec d’autres associations chavilloises.
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UFAL CHAVILLE + : UNE NOUVELLE FORCE AU SERVICE DE LA LAÏCITE
Début juillet, s’est constituée au service des citoyens de Chaville et des communes voisines, une association locale de l’Union des Familles Laïques. Il n’est pas inutile de rappeler ce qu’est l’UFAL, les motivations et les buts de notre Association locale et de proposer à toutes celles et ceux qui sont attachés à une France ou à une future confédération européenne laïque, de soutenir notre action.
- L’UFAL, des principes à la pratique
Créée en 1988, l’UFAL considère la famille comme une construction sociale regroupant des personnes en fonction de leurs désirs, de leur histoire et des contraintes de leur environnement économique et social. Pour l’UFAL, la laïcité est d’abord un cadre juridique applicable à tous et garantissant la liberté de conscience individuelle. Elle permet ainsi à chacun de s’épanouir dans le respect des autres. Cette idée-force dépasse le cadre de l’Education, a fortiori celui de la seule Instruction Publique. Aussi concerne-t-elle beaucoup d’autres domaines comme le logement, la santé, la culture populaire. Concept positif, elle ne saurait se réduire à l’opposition aux religions encore moins à une religion particulière, sans risquer d’être manipulée.
Elle doit surtout nous inciter à travailler sans relâche pour une meilleure et réciproque connaissance de toutes les cultures, ainsi appelées à permettre aux individus de trouver leur équilibre naturel en tant que citoyens mais non à donner naissance à des groupes de pression qui chercheraient sur des bases religieuses, raciales, sociétales ou économiques à plier la République à leur vision particulière.
Elle doit enfin s’intéresser à l’éducation de l’esprit critique et du raisonnement et à la lutte contre les propagandes de toutes sortes et un matérialisme excessif donc à la culture générale, à l’histoire, à la géographie ou aux langues, menacées par une vision utilitariste de l’enseignement et des politiques trop concentrées sur l’homo oeconomicus.
Pourquoi s’intéresser d’abord à la famille ? Parce que la famille républicaine est par définition diverse et qu’elle est le lieu naturel du développement de la personnalité. Elle est donc un lieu privilégié d’apprentissage et d’expression qui ne saurait être l’apanage d’aucune tendance, d’aucune croyance, d’aucune classe sociale. Pas plus que la gauche n’a le monopole du cœur, la droite n’a celui de la famille, qui peut et doit porter les germes de l’humanisme au bénéfice de l’épanouissement de tous.
- Les objectifs de l’UFAL de Chaville et Environs
Dans le contexte actuel, la plupart des républicains conviendront qu’il est urgent de relancer une laïcité bien comprise comme principe fondamental de notre Etat.
Cela s’applique bien sûr à l’Education, qui inclut l’Instruction Publique sans s’y limiter puisque précisément elle y associe la Famille et l’Education Populaire, mais aussi à bien d’autres domaines. Il s’agit en effet de garantir l’ensemble des droits matériels et moraux des familles et de l’enfant, dans le respect des rôles de l’Etat et de la société.
L’UFAL nationale et l’UFAL 92 veillent à prendre les positions nécessaires par rapport aux évènements nationaux ou locaux affectant la Laïcité. L’UFAL Chaville + répercutera ou provoquera bien sûr ces prises de position selon les besoins.
Mais notre mission principale sera de faire vivre la laïcité sur le terrain au travers d’actions concrètes impliquant toutes les catégories de la population et en nous adressant prioritairement aux familles. Pour mieux répondre à cette mission, nous nous dotons d’une structure comportant d’une part les responsabilités classiques dans l’administration d’une association d’une association mais aussi d’un club de personnes-ressources souvent très actives par ailleurs mais acceptant de mettre ponctuellement leurs compétences et savoirs-faire à la disposition de l’association et de ses buts généraux. L’UFAL Chaville + n’est pas effet une association concurrente des autres mais a vocation au contraire à les soutenir dans leur action bénéfique au sein de notre république laïque.
Notre ambition modeste mais déterminée est d’être un contre-poison collectif à des tendances qui traversent actuellement notre société et s'appuient réciproquement : xénophobie, ignorance technocratique des problèmes de terrain, isolement ou abandon éducatif, ultralibéralisme financier, obscurantisme religieux, superficialité.
- Engagez-vous, rejoignez-nous !
Vous pouvez adhérer à l’UFAL comme membre actif, bienfaiteur ou comme membre associé et vous y retrouverez très probablement des amis. Si vous êtes intéressé(e) il vous suffit de nous contacter par courriel [email protected] . La détermination fait la force. Le nombre, aussi.