Tous les jours, dans notre vie de citoyens, il nous faut pouvoir faire confiance. Davantage peut-être que d’autres peuples, le Français en a besoin pour assurer ses projets et faire de grandes choses. Mais pour l’instant elle manque, cette confiance et cela se traduit par une économie hésitante, une finance en surfusion, un dégoût général de la politique. Celle-ci a perdu une grande partie de ses repères. Elle nous impose aujourd’hui un gloubi-boulga incompréhensible en lieu et place d’options claires et crédibles. On nous vend la droite pour la gauche, la soumission pour l’indépendance, la guerre pour la paix et le cynisme, pour du « réalisme ». Certains, sans doute pour justifier leur peu d’imagination, prétendent même qu’une seule politique est possible ce qui revient à priver l’électeur de choix donc à nier la démocratie représentative. C’est dangereux et d'une seule voix, le public réclame une évolution, un changement politique qui en soit vraiment un.
Dès lors, qu’il s’agisse de la sphère humaine, de notre espace culturel, de notre nation ou de notre quotidien QUI croire, car la démocratie représentative qui est bien le pire des systèmes à l’exception de tous les autres, exige par définition un acte de confiance. Ainsi en 2017, il y aura de toute façon des un ou une Président(e) et des parlementaires à élire. Pour échapper aux choix hasardeux ou routiniers et répondre sérieusement à notre quête citoyenne, nous examinerons donc les fondements possibles de la confiance. Solutions globales ? Hommes ou femmes providentiels ? Meilleure cohérence territoriale ? Pourquoi ne pas, simplement, pratiquer une méthode démocratique, adopter une Voie citoyenne qui inverse les facteurs en permettant au citoyen de jouer pleinement son rôle et à la fois de mieux assumer ses responsabilités civiques, de s’assurer de l’aptitude de ses élus et de contrôler la bonne exécution du mandat qu'on leur a confié ?
La quête citoyenne
Inutile d'insister lourdement : la perte de confiance vis-à-vis de ceux qu'on est convenu d'appeler, sans autre précision, "les politiques" menace la démocratie et donc, à terme, les valeurs qu'elle porte. Elle se manifeste par le flirt appuyé de l'électorat avec le monstre renaissant de l'extrême-droite, le nihilisme de café du Commerce, le retour des dérives religieuses et de la Réaction sociale ou encore le confusionnisme à propos de la laïcité. La priorité donnée à la communication sur la politique à moyen terme accélère la perte de confiance générale et ses dangers. Notre propos ici est de tenter d'analyser les réponses ou pseudo-réponses articulées dans le public, avant de proposer la nôtre.
- Les solutions globales
Ce sont des versions élaborées du « N’y a qu’a » qui sont le premier exutoire au doute général.
La première d’entre elles est la pensée unique libérale qu’on nous vend à droite et maintenant aussi chez ces bernard-l’hermite de la politique auxquels ressemblent les sociaux-démocrates d'aujourd'hui. Elle nous rappelle irrésistiblement ce courant qui emporta régulièrement l’Humanité à plusieurs époques de son histoire, celui du culte du Veau d’Or. Cette histoire de Veau (ou de Vache, dans le Qo’ran) n’est évidemment pas à prendre au pied de la lettre. Ce qu’ont voulu dire, par cette image, les prophètes ou autres rédacteurs des Livres, c’est très probablement qu’au lieu d’obéir à des principes moraux dictés par Dieu, l’Eternel ou Allah, leurs compatriotes s’étaient tournés vers une déification de leurs intérêts matériels (le Veau d’Or).
L'Euro, Dieu de l'Europe ?
Cette situation est davantage d’actualité qu’il n’y paraît car quand on entend tel ou tel dirigeant ou ambitieux du monde politique actuel poser en préalable la satisfaction d’impératifs économiques réels ou supposés, il s’agit bien d’un retour à cette tendance qui traduit la volonté de s’abandonner à des « Lois du marché » censées gouverner automatiquement le devenir de l’Humanité. Qu’on parle à cet égard de mondialisation, de libéralisme, de modernité ou de concurrence libre et non faussée, c’est tout un. Ce qui est posé là c’est le déni d’un volontarisme politique répondant à des impératifs moraux, qu’ils soient d’origine humaine ou divine. Il est ainsi demandé aux citoyens-électeurs d’accepter d’avance les conclusions sociales ou financières que les bouches autorisées estimeront devoir tirer de ces « Lois du marché » dont il ne saurait être question de freiner le jeu. Une bonne partie de l’école libérale dont se réclament la Commission Européenne et plus récemment leurs Associés du gouvernement ou de l’opposition, adhère à cette conception.
Est-ce crédible ? Les partisans de ces idées affichent une confiance totale en ce qu’ils appellent l’Economie mais qu’il vaudrait mieux appeler la Finance, alors même que les spécialistes les plus reconnus de cette discipline reconnaissent volontiers qu’elle n’est en aucune manière une science. Or le ressort même de cette économie, moderne ou non, est en fait de nature subjective et aléatoire. C’est, justement, la confiance que lui manifestent ses acteurs : consommateurs, clients, chefs d’entreprise, intermédiaires financiers et ce d’autant plus que, les besoins essentiels étant satisfaits, c’est à la consommation « pure » que l’on demande d’impulser la machine. On assiste donc à une sorte de jeu qui fait en quelque sorte, participer les acteurs à une partie dans laquelle leur mise est d’autant moins récupérable que les enjeux confiés au croupier sont faibles. On leur demande leur confiance pour faire tourner le système. Pour autant ils n’en retirent, dans cette doctrine, aucun droit à en contrôler le fonctionnement. Or, contrairement au cas de la science qui se valide jusqu'à la prochaine hypothèse par l’expérimentation, les effets de ce fonctionnement sont ici parfaitement incertains dans la durée ainsi d’ailleurs que des crises viennent régulièrement nous le rappeler : on cherche à faire prendre le doigt mouillé pour une loi.
De tout le reste par contre il n’est guère question, comme le fonctionnement général de l’Union Européenne le démontre actuellement au travers des incohérences au plan économique, du grossissement incessant de la bulle financière, de manifestations d’égoïsme sous-continental, du choix des membres de l’UE en fonction de critères principalement financiers, d'un fonctionnement démocratique critiquable et de l'inféodation de sa défense au système atalantiste. Non seulement on est avec cette perte des repères dans l’univers du Veau d’or mais certains voudraient en plus lui apporter un effet de cliquet en accélérant la mise en place d'un fédéralisme non désiré par la majorité des peuples et en tous cas par le nôtre.
A l’arrivée, cette « solution » globale ne montre nullement son efficacité par rapport à l’intérêt général. Elle aggrave les difficultés des moins nantis et n’offre rien de mieux que de promettre aux gens un chômage résiduel et structurel qu’il faudrait accepter sans égard pour ses conséquences politiques. Elle brouille les cartes et n’offre aucune solution vraiment sociale à l’essoufflement économique du modèle actuel. Elle se borne à un remake de théories libérales refondées aujourd'hui sur la surconsommation, la mise au service des intérêts particuliers de l’intérêt général (défense, recherche, énergie, exploration de l’espace) et la financiarisation croissante de l’économie, signe souvent avant-coureur d’une crise majeure.
La seconde « solution » globale, plus dangereuse encore, c’est le nihilisme politique : devant l’apparente impuissance de la « classe » politique à offrir une tension positive vers le bonheur, on remet en question, non une approche erronée, insuffisamment concrète et trop matérialiste mais l’ensemble du système. Dans cette version, tous les politiques seraient incapables, véreux, exclusivement préoccupés d’eux-mêmes et de leur pouvoir. Mais à partir de ce triste constat, assez peu révolutionnaire il faut bien le dire et issu de l'illusion qu'un élu doit être parfait et congédiable, les chemins se divisent.
Les uns s’imaginent trouver à l’extrême-droite une planche de salut alors que l’Histoire nous enseigne qu’il s’agissait là, invariablement et sans même parler de leur non-viabilité économique, d’allers simples vers l’enfer ou dans le meilleur des cas vers une société bloquée et oppressive dont les péninsules de l’Europe du Sud nous ont donné des exemples.
D’autres, qu’on pourrait dans le contexte de l’UE revenir à une économie « socialiste » du type est-européen ou chinois alors que là aussi, les chemins se sont toujours révélé des impasses ou, au mieux, comme en Chine, des purgatoires de transition vers notre propre situation actuelle.
D’autres encore voudraient sortir de l’impasse politique, non en invitant le citoyen à une rigueur accrue mais en recherchant au travers d’une improbable martingale, une solution miracle qui permettrait au citoyen, sans se fatiguer, d’avoir à disposition des élus compétents, honnêtes et mal payés, congédiables ad nutum de surcroît. C’est le mythe de la démocratie directe avec 66 millions de citoyens mais un mythe peut-être utile sur lequel nous reviendrons car il recèle une partt de vérité.
En Suisse, en Islande...le vote direct
Enfin, un dernier groupe en appelle à la création d’une VIème République. Ils croient le Droit capable à lui seul non seulement d’accompagner la société mais de la recréer tout simplement. Pourquoi pas ? Mais il faudrait bien du temps pour recaler, une fois de plus, notre compas politique et les résultats sont loin d’être garantis. Or dans cette famille-ci de solutions globales, nombreux sont ceux qui s’attendent à des résultats rapides pour remédier à des dérives souvent anciennes, espoir selon nous bien exagéré et qui reflète une croyance bien française dans la toute-puissance du Verbe politique.
- Les acteurs
Ainsi, du côté des solutions intellectuelles et globales, notre pêche est maigre. Faut-il dès lors se tourner vers les acteurs de la pièce pour la faire réussir ? Président, Partis, Parlements, Collectivités ou Institutions internationales comme l’UE, pourraient-ils puisqu’après tout notre démocratie est représentative, mériter durablement notre confiance ?
A tout seigneur, tout honneur et comme notre Vème République a initié une ère présidentielle, il nous faut bien penser à notre Président pour nous servir de guide vers un monde meilleur. Hélas, force est de constater depuis quelques années que même si l’habit est bien dur à porter, il semble à beaucoup avoir été trop généreusement taillé…Loin de garder la distance et d’imposer à l’intérieur comme à l’extérieur une vision à la fois cohérente avec les aspirations de la majorité, digne des dimensions et de l’histoire du pays et prospective pour l’avenir d’une culture mondiale que nous partageons avec de nombreux autres peuples, le Président tend à devenir une sorte de super premier ministre négociant avec des impératifs que pour une large part il s’est lui-même forgé comme l’euro ou les traités américains. D’innovation réelle et de nouveaux chemins il n’est en tous cas guère question car autour de lui une classe administrative pour ne pas dire mandarinale s’est approprié l’essentiel de la gouvernance présidentielle. Elle suinte une méthode et un mode de pensée cloniques qui s’exprime dans le confusionnisme politique. Que ce soit aux dépens ou par défaut de ce que l’on est convenu de nommer la classe politique, ne change pas grand-chose à l’affaire. On nous impose en tout cas ce qui mériterait sans doute le nom de république des Scribes, dont le fédéralisme libéralo-atlantiste semble être devenu la seule foi.
Une République des Scribes ?
Le Parlement partage le pouvoir républicain avec le Président mais selon notre Constitution et contrairement au système américain il joue davantage le rôle d’une caisse de résonance que celui d’un partenaire politique. On a par conséquent le sentiment que le temps des fameux "godillots" qui rendirent le pouvoir gaulliste fameux est revenu d’autant plus que les Partis qui pourraient jouer un rôle de poil à gratter ou de détecteurs d’énergies nouvelles, contribuent au contraire à bloquer les débats. Sur les questions de politique extérieure la majorité de l’Assemblée Nationale fait peu ou prou la politique du pouvoir qui de toute façon ne la consulte qu’en aval de décisions déjà prises. Quant à leur capacité à produire des personnalités intègres, susceptibles de hauteur de vues et aptes aux négociations internationales, elle semble faible.
Bien sûr il ne faut rien exagérer. Le Parlement n’est pas à proprement parler aux ordres et les partis peuvent receler quelques personnalités intéressantes mais chacun s’accorde à trouver faible voire médiocre le rendement général du système. Le mode de fonctionnement des partis devrait en tous cas être considérablement réformé, en particulier sur l’éthique des investitures et leur démocratie interne, avant qu’ils puissent à nouveau mériter la confiance des citoyens ou même de leurs militants. Le rôle de la démocratie représentative semble donc pour l’instant avoir atteint ses limites tout comme celui du Président, à la fois trop proche et trop éloigné des citoyens pour qu’on puisse ne s'appuyer que sur lui. D’autres équilibres doivent sans doute être trouvés et dans un avenir proche, c’est donc sans doute vers d’autres sources de démocratie qu’il faut se tourner.
Pour rester dans le cadre régalien, on peut également penser à l’Union Européenne qu’on entend souvent qualifier d’Europe alors qu’elle n’en est qu’un avatar sans doute transitoire. Cet avatar nous semble, au mieux, anticiper considérablement une identité européenne peut-être souhaitable à terme mais en tous cas largement démentie par les faits, dès que les fameuses réalités internationales viennent en éprouver la résilience. Dans ce domaine comme dans l'autre, on réclame des choses sans avoir véritablement soupesé en quoi elle apporteraient une valeur ajoutée substantielle et universelle. C'est ainsi qu'on en est venu à confier à peu près totalement le dossier Défense aux USA, ce qui revient à aliéner durablement l’indépendance de l'UE donc la seule valeur ajoutée qu’elle présente aux yeux des citoyens alors même que deux puissances européennes détiennent une force de dissuasion et participent à la sécurité internationale : la France et le Royaume-Uni.
De plus, cette gouvernance est implicitement fondée sur trois principes qu’ils étaient explicités, feraient très probablement confirmer au peuple français (comme à d’autres) son rejet en 2005 du projet de Traité Constitutionnel Européen, vote immédiatement et artificiellement infirmé par un vote parlementaire influencé par les convictions présidentielles (cf. supra). Ces principes sont l’adossement à un corpus culturel baptisé « racines judéo-chrétiennes », la négation du principe « un homme, une voix », enfin le vote par ordre car la Commission et le Conseil Européen pèsent ensemble beaucoup plus que le Parlement Européen. Il s’est ainsi constitué une lourde machine à dominer et même à inverser la volonté des Français : votant à gauche, ils se voient imposer par un tour de bonneteau une politique de droite et ce qui est plus grave encore, de plus en plus susceptible de faire prévaloir des principes négatifs comme l’égoïsme de nantis sur le progrès humaniste et social. Ici aussi c’est plus qu’un aggiornamento qui est nécessaire, c’est un changement de pied radical qui devrait pensons-nous nous orienter vers une Confédération Européenne, refondée sur des bases saines et pérennes.
En tout cas, à l'aune de ces constats, « leur » Europe n’est pas aujourd’hui de nature à mériter notre confiance.
- La régionalisation
Mais poursuivons nôtre quête citoyenne. L’un des plus audacieux paris politiques de l’après-guerre a été celui de la régionalisation, fondée sur l’idée, elle-même développée au niveau européen par le concept de subsidiarité, qu’il était bon que le processus décisionnel et le traitement des budgets qui le sous-tendent, soit aussi proche que possible des citoyens qu’il concerne afin d’optimiser la valeur ajoutée politique.
Cette idée, naturelle dans certains pays, s’oppose en France à la tradition d’un Etat tout-puissant qui, pour des raisons encore partiellement valables aujourd’hui mais trop longues à développer ici, entendait tenir fermement les guides de l’attelage national. Cette opposition se manifeste par une tendance incessante, généralement masquée sous des prétextes budgétaires, urbanistiques ou républicains, à reprendre d’une main aux communes, établissements intercommunaux, départements ou régions ce qu’on a été amené à leur déléguer de l’autre ce qui peut aboutir à garder du jacobinisme les inconvénients, mais pas les avantages. On peut en voir une illustration dans les réformes récentes, dénommées étape III de la régionalisation et qui aboutissent en fait à re-centraliser une partie significative des zones dynamiques de l’économie française, principalement au travers de dispositifs financiers ce qui constitue une démarche inverse à la tendance européenne…
Dans notre Ile-de-France par exemple, on assiste à la reconstitution d’un système où la ressource fiscale des communes est concentrée dans des pools de dépense (les anciennes communautés d’agglomérations ou de communes), eux-mêmes dépendants de la Métropole du Grand Paris (MGP) qui en principe en 2012, devrait récupérer l’ensemble de la fiscalité économique ainsi que 4 compétences obligatoires (la politique « locale » de l’habitat, l’aménagement de l’espace métropolitain, la protection et la mise en valeur de l’environnement et la politique du cadre de vie et le développement et l’aménagement économique, social et culturel). Il est difficile d’entrer ici dans une discussion sur le bien-fondé de cette réforme qui de toute façon mettra des années à être assimilée, si une alternance politique ne vient pas la modifier derechef. S’y ajoute en plus le fait qu’une lucarne politique restée ouverte permettra peut-être aux Hauts-de-Seine et aux Yvelines, reconstituant l’ancienne « Seine et Oise » (!) de rassembler leurs dominances de droite et les ressources économiques de la Défense, Issy, Vélizy etc. pour le plus grand profit de leurs habitudes bien connues.
(source ZIGZAG) : Dans notre Ouest rien ne change...si le 78 et le 92 restent.
On voit également assez mal en quoi cette réforme préfigure une plus grande transparence des décisions, une meilleure prise en compte des sensibilités politiques et des genres et surtout un rapprochement du citoyen des prises de décisions.
Cela, d’autant plus qu’aucune réforme de fond de l’économie du logement aidé, de l’instruction laïque, de l’éducation civique, de l’animation économique ou du traitement de l’emploi n’a été entreprise. En d’autres termes il s’agit d’une recentralisation des périmètres sur la base de méthodes identiques. De plus, les rôles respectifs de la Région, qui dispose elle aussi d’un mini-parlement de quelque 200 élus et de la Métropole du Grand Paris ne semblent pas parfaitement circonscrits. La confiance que les citoyens peuvent accorder à cette entreprise paraît dès lors relative même si la constitution d’un véritable Grand Paris de dimension internationale ne peut qu'être saluée.
La Voie citoyenne
A ce stade de notre analyse, un petit bilan peut être tiré, qui recoupe l’ambiance générale dans notre pays : dans l’état actuel des choses ni les solutions globales, ni les acteurs ni la régionalisation fût-elle authentique ne sont susceptibles de provoquer cette clarté dans les objectifs, cet élan dans leur réalisation que les citoyens attendent. Dès lors il nous semble que c’est vers le citoyen qu’il faut s’orienter et s'inspirer des principes de la démocratie directe, non en assemblée car c’est impraticable dans un pays de notre taille mais par le biais d’un choix pertinent des acteurs, assorti d’un dialogue permanent entre les élus particulièrement les parlementaires et leurs mandants, les électeurs.
La mission des parlementaires est par définition, double. D’une part, exprimer l’intérêt général au travers d’un vote théoriquement indépendant de considérations particulières, de l’autre et de façon un peu contradictoire, porter les aspirations de sa circonscription. L’histoire récente démontre qu’avec la présidentialisation, les parlementaires sont trop souvent devenus les agents locaux de leur formation politique, ce rôle se voyant renforcé par le cumul. Beaucoup deviennent dès lors des personnalités « off-shore » dont le rôle local se limite à figurer aux cérémonies ou dans les journaux municipaux, à dire du mal ou du bien du gouvernement et à distribuer leur réserve parlementaire aux associations jugées politiquement porteuses.
1. La méthode citoyenne
Nous pensons qu’il ne s’agit pas là d’une fatalité et que le citoyen peut jouer pleinement son rôle. Comment ? Tout simplement en agissant avec bon sens et en votant de même, avec des habitudes très simples et justes car il n’est pas juste de désigner chat en poche ses représentants ou de récompenser ceux qui font mal et de punir ceux qui font bien.
- Eclairer son vote, c’est s’informer de la personnalité réelle de ses élus et candidats. Internet fournit aujourd’hui à ceux qui en bénéficient une source inépuisable, gratuite et rapide d’information.
- Evaluer l’étendue réelle du pouvoir des mêmes au travers du cumul non seulement de mandats électifs mais de fonctions annexes souvent stratégiques (par exemple présidence de syndicats « techniques » de communes qui brassent parfois des chiffres d’affaires énormes en tant que maîtres d’oeuvre comme par exemple le SIGEIF, le SIPPEREC, le SYCTOM, le SIIAP).
- Apprécier les votes et initiatives, la présence en assemblées, la présence effective sur le terrain, la domiciliation des élus. S’il est excessif, l’absentéisme est inadmissible car nul n’oblige quiconque à être parlementaire. Encore faut-il savoir ce qui se passe et le Net est ici encore un outil d’information très précis, avec des sites spécialisés et objectifs. Ainsi l’argument défensif des parlementaires régionaux (« je ne peux être à la fois en session et dans ma circonscription ») est recevable, mais pas en Ile-de-France où les communications sont aisées pour des parlementaires.
- Juger le parcours judiciaire des élus ou candidats : condamnations, mises en examen, mises en cause directe ou indirecte. Il suffit de taper les nom des intéressés pour voir affluer l’information qu’on peut ensuite trier en fonction des résultats désirés. Et se souvenir de nos bons vieux adages : qui vole un oeuf, vole un boeuf et qui a bu, boira...
- Réfléchir au principe même des parachutages, pratique consistant à débarquer après une « préparation d’artillerie » des gens totalement étrangers à la circonscription ou à la commune, massivement soutenus par la "garantie" du parti X. Il arrive que des parachutés s’acclimatent, mais c’est l’exception. Quant aux partis, on peut constater en particulier dans le 92 que leurs critères d'investiture privilégient dans les faits les politiciens professionnels, quel que soit leur âge.
- Se demander si la compétence des élus est bien compatible avec des responsabilités importantes, l’indépendance et l’éthique des candidats car un élu insuffisamment compétent se rend forcément dépendant d'intérêts étrangers à sa fonction. Il n'est nullement indispensable, par exemple, qu'un élu non-fonctionnaire travaille dans le secteur privé mais il peut être utile qu'il le fasse, surtout pour des décisions impliquant celui-ci.
- Constater si les promesses éventuelles se traduisent dans l’action, si la communication reste raisonnable, bref si le « faire savoir » équilibre le « faire » et se souvenir que toute personnalité est un tout, qui se divise rarement même si elle a plusieurs facettes.
- Vérifier enfin que le candidat ou la candidate prend indépendamment de son parti des engagements clairs, même s’ils sont généraux et met en place un calendrier régulier de rencontres avec ses mandants. Ces engagements sont d’autant plus importants que l’évolution actuelle diminue la visibilité et la précision de l’engagement politique et même s’ils valent ce qu’ils valent, on ne saurait se dispenser de les acter. Ils peuvent prendre la forme d’une charte qu’on peut inciter l’ensemble des candidats crédibles à compléter et à signer également.
2. Le contrôle citoyen
Toutefois, et c’est très important, les engagements n’ont guère d’intérêt s’ils ne font pas l’objet d’un contrôle de l’exécution du mandat. La démocratie représentative ne consiste pas à élire des gens et à vouloir ensuite interférer constamment dans leur action en fonction d’intérêts personnels, par exemple et ce sous prétexte de démocratie. Mais à l’inverse, l’engagement de l’élu doit être réciproque et il doit intégrer dans sa charte la nécessité, à intervalles réguliers et précis (un agenda 8/92 par exemple) d’un rendez –vous avec les citoyens qu’ils aient ou non voulu l’élire, afin de les consulter, d’expliquer ses votes et son action, de rendre compte en un mot et non de noyer le poisson en fin de mandat ou d’exciper de la nécessité de faire barrage, de soutenir le président élu pour échapper à ce devoir élémentaire etc..
Il est paradoxal en vérité de voir la poursuite d'une meilleure écologie -objectif certes très louable mais sujet à de multiples impondérables et à des décisions souveraines d'états XXL - faire l'objet d'un calendrier précis alors que la France a depuis longtemps renoncé -sans doute sous prétexte d'une UE qui n'en a pas- à programmer de façon précise son développement économique et financier et sa vie politique. Il paraît urgent de mettre fin à cette situation qui ne peut que contribuer à institutionnaliser la manie des politiques à court terme, condamnées à l'inefficacité en devenant magiques, rythmées qu'elles sont par les incantations. Chaque candidat, chaque élu devrait donc avoir un Agenda de mandature.
3. Les compétences
Enfin, il existe également un devoir de professionnalisme (mais surtout pas de professionnalisation) qui exige que l’élu, si sa compétence souffre de manques dans tel ou tel domaine, travaille à l’améliorer et c’est pourquoi nous proposons que les élus, en particulier les élus locaux appelés à exercer des responsabilités techniques (finances, urbanisme, environnement) se soumettent une fois élus mais avant d’exercer leur mandat, à un apprentissage obligatoire dispensé par un centre de formation agréé et sanctionné par un certificat d’assiduité. Les collectivités et leurs partenaires, par voie de conséquence le contribuable s’épargneraient ainsi bien des mécomptes et des gaspillages de temps ou d’énergie tant il est vrai que les élus de la République, contrairement à un principe de l’ancienne noblesse, ne savent pas tout sans avoir rien appris. Et cela ne coûterait pratiquement rien à la République.
En résumé...
L’ensemble de ces principes et de leur application : comportement rationnel et exigeant du citoyen, devoirs concrets et identifiés des élus, contrôle rigoureux de l'exécution des mandats constituent cette Voie citoyenne que nous recommandons. Elle ne résoudra certes pas tous les problèmes mais elle évitera au moins de tomber dans un travers intellectuel bien français qui consiste à penser que si l’on ne résout pas tout en un seul coup, autant ne rien résoudre. Elle permettra aussi une forme d’objectivité et de rigueur même s’il existe aussi un facteur de sympathie, parfaitement naturel, qui doit unir l’électeur et celle ou celui à qui il va faire confiance pour plusieurs années. Elle devrait contribuer à améliorer les choses sur la base du bon sens et de l’éducation républicaine, alors qu’il est vain d’attendre du Saint-Esprit pour les uns, de la Providence ou même de la toute-puissante Administration pour les autres, que les choses se réforment toutes seules et que la confiance renaisse d’elle-même comme le Phénix dans la mythologie grecque.
Confiance, donc : un beau mot d’ordre, qui doit dépasser ce climat actuel fait de peurs, d’agitation, de conformisme mélangé à de la critique systématique, de désinformation et de remontée du racisme, souvent fondé sur des préjugés religieux conscientisés ou non. Confiance pour les années à venir car la confiance – et ici le bon Dr. Coué n’avait pas tort- est la condition de la réussite car elle nourrit l’espoir. Mais pas n’importe quelle confiance, une confiance raisonnable et sanctionnée, balisée par des références, des repères et des rendez-vous de contrôle. La délégation nécessaire à l’exercice de la démocratie se fait en responsabilité partagée, loin du chat en poche exigé par nos partis. Une confiance raisonnée, contractuelle envers des gens qui ont fait leurs preuves, fait confiance aux jeunes, su rester fidèles mais indépendants, sachant raisonner de façon autonome. Telle est la voie que nous proposons avec pour chaque aspirant au Parlement sa contrepartie indispensable, un programme de mandature comportant des mesures concrètes et claires que le parlementaire s’efforcera de faire prévaloir si possible avec mais au besoin sans ses amis politiques, parce qu’elles sont dans l’intérêt de ses mandants et que le pays en a besoin.