Comme chacun sait, le volume sous-marin d'un iceberg est bien plus important que sa surface apparente. C'est d'ailleurs ce qui le rend dangereux pour la navigation. La banquise Pasqua a fini par se briser, laissant à la dérive quelques gros blocs et "growlers". Il nous faut maintenant les éliminer afin de laisser la libre pratique citoyenne s'exprimer. Dans notre huitième circonscription par exemple il en reste un, symbole et refuge d'un temps passé bloquant toute évolution positive.
Un peu de logique
Depuis des années en effet, on s'étonne des dérives, abus et scandales divers commis dans moult mairies alto-séquanaises, de Levallois à Puteaux en passant par Châtillon, Asnières, Le Plessis ou au Conseil départemental lui-même. Mais comment serait-ce possible sans l'appui d'une structure politique puissante qui assure aux fauteurs de République soutien et protection? Et comment y mettre fin si l'on reconduit indéfiniment les acteurs de cette structure, sous prétexte qu'ils sont assez malins pour être passés jusqu'à présent entre les mailles du filet et que leur expertise en matière de rétro-commissions ou autres combines reste aussi discrète qu'efficace ? Bref, comment espérer nettoyer les Ecuries d'Augias sans changer de palefreniers ?
Ce n'est pas aux seuls juges, souvent débordés et parfois circonvenus, de faire tout le travail. C'est donc aussi et surtout à l'électeur de fonder ses choix, non sur les apparences, les habitudes, les étiquettes partisanes et les circulaires électorales en quadrichromie, mais sur le comportement, le dévouement, la disponibilité quotidienne des candidates et candidats qui aspirent à les représenter. Qui vole un oeuf, vole un boeuf dit-on et celui ou celle qui trompe ses mandants sur les petites choses les trompe nécessairement sur les grandes. Ainsi, un maire absentéiste et haut-le-pied n'a aucune chance d'être un bon parlementaire. Les électeurs ne doivent pas être des vaches qui regardent passer le train de la Politique mais bien des adultes qui regardent le bilan de la SNCF et en tirent des conclusions aussi bien sociales qu'économiques.
La citoyenneté, c'est une pratique adulte de la politique
On dit aussi que c'est au pied du mur qu'on reconnaît le maçon. Alors, si nous voulons mériter ensemble le beau titre de citoyens et de citoyennes il nous faut aller au-delà des mots, des modes et des incantations. Nous ne devons pas rejeter la politique comme si elle nous était extérieure, ce qui n'a pas de sens dans une démocratie représentative mais au contraire nous y investir, en faisant de bons choix fondés sur les faits et non sur les apparences. Notre prochain chantier pour exprimer cette volonté, ce seront les élections législatives de juin 2017 ainsi qu'en atteste d'ailleurs la soudaine prolifération des cartes de visite déposées par des députés absents ou parfois même inconnus.
"Tiens, ne m'oubliez pas, je suis là...pour quelques mois ! Il faut bien que je termine ma carrière au chaud, protégé par une immunité parlementaire. On ne sait jamais..". Sinon je devrai nager jusqu'à une autre banquise...
Un député ce n'est pas pourtant pas seulement un simple répétiteur du parti momentanément au pouvoir, parfois par défaut d'ailleurs. C'est d'abord une personne qu'on choisit pour ses qualités propres. Elle ou il doit certes être capable d'abnégation ou de discipline mais doit surtout avoir su prouver, par son propre parcours, être autre chose qu'un professionnel de la politique, au service d'un parti qui lui sert à la fois d'enseigne et de cocon.
Le critère de choix est au fond tout simple : l'élu (maire, député, sénateur) est-il au service de ses mandants ou met-il au contraire sa ville ou sa circonscription au service de ses intérêts? Et il existe un indice quasi infaillible : quand dans une ville seule la promotion immobilière prospère, c'est qu'il y a un problème, apparent ou non.
Le rôle du citoyen, ce sera donc de faire le bon choix mais aussi et surtout de suivre attentivement l'action de son élu, après avoir passé avec lui (et non avec son parti qui dans la Vème République n'a d'ailleurs plus de cap identifiable comme l'expérience nous le prouve hélas aussi bien à droite qu'à gauche) un véritable pacte de confiance sur des lignes d'action précises, autonomes par rapport à la ligne de sa formation et dont il répondra régulièrement devant ses mandants. C'est pourquoi le candidat doit présenter des propositions qu'en tous temps il défendra, avec son parti si possible, de façon autonome s'il le faut. Ainsi seulement parviendrons-nous à faire bouger les lignes, secouant le pesant conformisme qui du haut en bas de l'échelle française et même européenne, est le véritable frein à une politique positive, susceptible de mobiliser l'ensemble de l'électorat et non de susciter chez lui scepticisme, fatalisme ou pire encore.
Qui veut la fin de la corruption, se donne les moyens de l'extirper
Et pourquoi ne pas en donner l'exemple dans cette Huitième*, que d'aucuns nous décrivent comme un fief héréditaire de la droite mais qui n'est plus pour nous qu'un vieil iceberg à moitié fondu, détaché il y a bien longtemps de la banquise Pasqua et encore porteur de quelques vestiges politiques d'une autre époque. Investissons-le, pour montrer que l'esprit citoyen dépasse largement les clivages politiques, qu'on peut bel et bien modifier le fonctionnement de notre démocratie au bénéfice du pays et surtout que c'est l'exemple qui reste le meilleur guide, telle est notre ambition. Pour assurer à tous la libre pratique des mers et avancer, il s'agit d'abord de faire fondre les restes de vieux icebergs et de redonner la main aux citoyens.
Une raison toute simple à cela c'est que le monopole politique d'une faction produit nécessairement le laisser-aller qui va de pair avec l'absence de contrôle et d'équilibre politique. Aussi, en attendant les choix citoyens de 2017, affûtons notre esprit critique, améliorons notre information et proposons des choix et des solutions sur les questions réellement importantes qui préoccupent tous les citoyens tant au plan local que national. La vraie démarche citoyenne est en effet celle qui ne se laisse pas déposséder du droit de poser les vrais problèmes ni de celui de sanctionner non un collectif politique dépourvu de ligne stable mais des parlementaires identifiés et responsabilisés. Telle sera l'orientation de notre blog pour 2016.
* Huitième circonscription des Hauts-de-Seine = Meudon, Sèvres, Chaville, Ville d'Avray, Marnes la Coquette, Vaucresson. Comme GPSO/T3, notre importante communauté d'agglomération qui comporte aussi Boulogne, elle est aux mains du tandem "Les Républicains/UDI" depuis 2008, date du retour de Chaville à la domination des partis traditionnels. En voix, les sensibilités politiques de la population y sont pourtant globalement équilibrées.