A la veille des primaires de Droite et en mal de propositions que son bilan viendrait immédiatement décrédibiliser, Nicolas SARKOZY s'essaie à la pose de mines politiques. Sa dernière trouvaille : essayer d'embarquer la Gauche si elle mord à l'hameçon dans un nouveau débat sur l'acquisition de la nationalité française et essayer ainsi de la faire sortir de la piste.
Le débat qu'il voudrait organiser tend à le faire bénéficier d'une ignorance bien compréhensible de la matière par beaucoup d'électeurs. Mais il ne s'agit en fait que d'un piège grossier. Il voudrait pouvoir ainsi soutenir que la Gauche s'est toujours montré laxiste et a permis à des " gens d'ailleurs" (toujours eux !) de nous envahir. Plus subtilement, il voudrait ainsi obtenir que des excités le traitent de raciste, accusation dont il n'aura aucun mal à se défendre tout en faisant des clins d'oeil au réservoir de voix de l'extrême droite qu'il espère siphonner.
Déminons donc.
Sans entrer dans des discussions approfondies, il convient tout d'abord de préciser qu'après de nombreuses variations historiques, le Droit Français de la nationalité penche plutôt vers le droit du sang que vers la droit du sol qui n'est que subsidiaire.
- Pour être Français, un enfant doit avoir au moins l'un de ses parents français.
- Un enfant né de parent étrangers, s'il est né en France, n'acquiert la nationalité française que s'il a vécu cinq ans au moins en France et y vit toujours lors de sa majorité. Il doit alors demander un certificat de nationalité Française au greffier du Tribunal d'Instance compétent.
- Une personne qui s'engage dans l'Armée française, si elle est née en France, devient de ce fait Française, ce qui est tout de même un minimum..
La Loi telle qu'elle est, et après des débats qui remontent à l'ancien régime est aussi satisfaisante que possible et s'est construite au travers de gouvernements et de crises de nature diverse. Vouloir la changer ou faire semblant de la changer uniquement pour gagner le Concours Lépine du sécuritarisme interne au clan conservateur, n'a donc guère de sens. Mais c'est assez typique d'une tendance contemporaine et aussi bien française, celle de faire croire qu'on peut résoudre par des mesures irréfléchies à court terme des problématiques qui mettent des dizaines années à s'installer mais auxquelles on n'a pas pris garde. La République a vraiment besoin qu'on lui présente autre chose que de vieux rossignols et de polémiques sans objet.
Laissons donc les amis du moment de Nicolas SARKOZY admirer le mécanisme sa mine désamorcée ou le recycler dans leurs professions de foi et poursuivons notre été...
N.B. Nous devons cette petite analyse à Etienne TARRIDE, Gaulliste de gauche, auteur et éminent spécialiste de Droit public.