Les réflexions de Jean Levain (Chaville)

LE CINEMA D'ALAIN D. (4)

 

 

J'en ai assez des commentaires laudateurs apposés sur les affiches publicitaires des films. Comme si on voulait penser à notre place ! Eh allons-y pour les « sublime » « poignant » « comédie hilarante » « un cousin éloigné de W. Allen » « magistral », « fabuleux », « à couper le souffle » j’en passe et des meilleures !

• « JUSTE LA FIN DU MONDE » de X. DOLAN. Jeune cinéaste de 27 ans à la maturité incroyable, le jeune québécois fait preuve, encore une fois, d’une maîtrise rare dans la mise en scène, le montage, les dialogues et la direction d’acteurs. Si bien que… pour une fois, Marion Cotillard est exceptionnelle ! C’est du théâtre filmé, mais chaque regard, chaque hésitation verbale est lourde de sens ! Malgré quelques afféteries dont il est friand ( travail sur les focales, flash-back), cela reste du très beau cinéma.

• « BROOKLYN VILLAGE » de I. Sachs. Pourquoi ce titre francisé (oui, oui) alors que le titre original est « Little men » ? C’est un film très touchant, sans mièvrerie aucune, d’une grande sincérité. L’amitié de deux garçons et les rapports compliqués de leurs parents dans le quartier « boboïsé » de Brooklyn. Quelques longueurs, malgré les 1h 25 du film, des moments qui manquent un peu de densité dramatique, mais c’est d’une grande délicatesse et d’une belle vérité. Le réalisateur s’apparenterait à un « cousin éloigné de W. ALLEN » ! Comprenne qui pourra !

• «SOY NERO » de R. PITTS, réalisateur anglo- iranien. Au travers de ce film en trois temps et trois lieux (Mexique, Los Angeles, Afghanistan ?) il nous narre l’histoire de Néro, 19 ans, exilé mexicain, mais né américain, qui veut recouvrir la nationalité américaine en s’engageant dans l’armée. C’est une fable sur la nationalité, l’appartenance, tournée en ( trop) longs plans presque muets, où la tension est constante car on ne sait jamais s’il y a danger et si oui, d’où il viendra…Le film se termine par une scène elliptique très noire.

LE CINEMA D'ALAIN D.

« Stefan ZWEIG, adieu l’ Europe » de Maria SCHRADER

4 grandes parties et un épilogue pour ce portrait de S. ZWEIG, de 1936 à son suicide en 1942. Certes, le film peut paraître austère, mais l’approche de la personnalité de S. ZWEIG est remarquablement faite, dans une mise en scène souvent éblouissante La première partie est un long plan fixe captivant et l’épilogue est une pure leçon de mise en scène, à travers la voix « off » , lecture de la dernière lettre de l’écrivain, les visites de ses proches, aves leurs passages du miroir de l’armoire à la pièce voisine. L'épilogue est d’une beauté retenue, sublime, une vraie leçon de grand cinéma.

« VICTORIA» de J.Triet

La comédie de l’année ! Hilarant ! Jubilatoire ! Voilà ce qu’on peut lire sur l’affiche de cette pseudo-comédie ! Comme pour le film précédent (Stefan Zweig) , on peut y trouver une leçon de cinéma, mais ici de ce qu’il ne faudrait plus faire !
Scénario mal fichu, bancal, on se fiche comme d’une guigne de ce qui arrive aux personnages, quand, rarement, on comprend ce qui leur arrive !
Des scènes souvent interminables (les 10 premières minutes), lourdes, creuses, incompréhensibles ou les trois à la fois.
Une réalisation qui se voudrait à l’américaine ( des plongées totalement inutiles, des trains qui passent et repassent de gauche à droite, de droite à gauche ). Une bande-son mauvaise, assortie de musiques cul-cul la praline !Un montage abracadabrant.
Ca dure ! Ca dure ! J’ai souri deux fois, je m’y suis énervé, je m’y suis ennuyé, je m’y suis endormi ! A fuir !

Les Apprentis d'Auteuil, un phare du patrimoine meudonnais

 A l'occasion des Journées du Patrimoine, Meudon dévoilait une partie de son riche patrimoine, que l'appétit des promoteurs n'a pas encore compromis contrairement à d'autres où il finit de dévaster l'héritage du passé et joint à l'indifférence voire la complicité de certains élus, d'étouffer le patrimoine vivant sans espoir de retour. Nous avons choisi de visiter l'ensemble géré par les (Orphelins) Apprentis d'Auteuil, un magnifique ensemble de quelque 20 hectares surplombant le Val Fleury. Un petit tour à Chaville où la seule inititiative patrimoniale est dûe à la Paroisse qui offrait de découvrir en action le potentiel du nouvel orgue de Notre-Dame de Lourdes.  

 

Marie, un pilier de la culture populaire à Chaville, nous a quittés. Pendant de nombreuses années, elle a oeuvré à la MJC de Chaville (devenue MJC de la Vallée) pour y maintenir ce qui, à Chaville comme ailleurs, doit rester la mission principale des MJC : rendre véritablement accessible à tous une culture populaire vivante, diversifiée et oeuvrer ainsi pour la fraternité et l'éducation laïque. Authentique, modeste, vive, pleine d'humour, inlassablement disponible, Marie HUFSCHMITT laisse un vide qui ne sera pas comblé mais aussi un souvenir qui incite à reprendre le flambeau qu'elle porta si longtemps. Puisse son exemple inspirer de nouvelles vocations, pour le bien des jeunes et des moins jeunes. Toutes nos condoléances à Georges, à leurs filles Anne, Monique, Lison et Mariane et aux familles.

DU MATIN CALME AUX SOIREES BIEN REMPLIES : Alain D. nous propose son cinéma

Pas de films coréens au programme mais que des films français !!! Ca change ! En bien ? Voyons cela….

« Nocturama » de B. BONELLO. Comme réalisateur, on n’a pas à faire à un amateur, c’est même, je le pense, un vrai cinéaste. Le sujet est scabreux : un groupe de jeunes commettent des attentats simultanés à Paris ! Sauf que le projet de ce film est antérieur aux événements récents ! Cela déclenche une sorte de malaise. La réalisation est absolument stupéfiante, c’est très maîtrisé. Hélas, passée la première partie, la suite se gâte car notre réalisateur filme parfaitement bien des scènes sans intérêt, avec des personnages plats et convenus. Bref, on s’ennuie ferme…On pense à ce qu’un réalisateur coréen… Ah non , la barbe avec tes coréens ! Et pourtant !...

« Frantz » de F.OZON. Quel cinéaste celui-là ! Il aborde tous les sujets avec maestria ( Huit femmes, Swimming pool, Jeune et jolie, La maison) et là encore, il étonne par sa maîtrise de la mise scène, la beauté de ses cadres, ses lumières…
C’est inspiré d’un ancien film de Lubitsch qui fut un échec commercial, « Broken Lullaby ». La première partie est d’une exceptionnelle beauté, c’est réalisé avec une intelligence magistrale car, très souvent, les images contredisent ce qui est dit…Ozon nous entraîne vers des hypothèses qui ne se vérifient pas. Le film se serait arrêté après 1h15, cela aurait été un pur chef d’œuvre. La suite est vraiment tout aussi belle et maîtrisée, mais les ressorts dramatiques fonctionnent moins car chargés de rebondissements qui semblent un peu factices. Quoi qu’il en soit, c’est un très très beau film interprété par une actrice, Paula BEER, extraordinaire, lumineuse, belle, incroyable de vérité ! Pierre NINEY, du coup, semble souvent un peu falot, face à elle.
Allez voir ce film également pour ses résonances avec la situation actuelle en Europe ! Un petit clin d’œil ? Dans la reconstitution de l’époque (1919), OZON nous donne une leçon de précision extrême : regardez les interrupteurs dans les différentes pièces !

« Le fils de Jean » de P. LIORET. Un des très grands réalisateurs actuels (souvenez-vous de Welcome). Fidèle à sa réflexion sur la paternité, il nous offre un film d’une subtilité, d’une beauté, d’une grâce, extrêmes. C’est, de mon point de vue, un très grand film, peut être le meilleur film français de cette année. Sans acteur « en vue », abordant un sujet très sensible, il nous submerge d’une émotion rare et puissante, au travers de quelques mots, de quelques regards, de quelques situations. C’est magistral !!!! Les acteurs sont excellents et particulièrement Gabriel ARCAND qui est d’une justesse, d’une retenue, fabuleuses. Je ne vous en dis pas plus ! Courez-y !!!

Coucou, les revoilou !

A l'occasion de la primaire des droites et du centre associé, la bande de parlementaires ou élus LR qui valent à notre département sa triste célébrité s'est empressée de faire allégeance à Nicolas SARKOZY. BALKANY, Aeschlimann, Dati figurent au premier rang mais on y retrouve aussi l'ineffable Joëlle CECCALDI ou, plus près de chez nous, le très discret Jean-Jacques GUILLET.

Si l'ancien Président arrache la primaire, il risque bien sûr de faire battre la droite aux présidentielles mais pour les intéressés ce dont il s'agit avant tout, c'est de garder leurs prébendes ( mandats multiples ou interminables, présidence trentenaire de syndicats techniques maîtres d'oeuvre de chiffres d'affaires considérables, mairies de communes riches nourrissant le népotisme etc.) que la caverne d'Ali-Baba a jusqu'ici abrité. Ce qui les rassemble d'ailleurs c'est leur profond mépris pour la Justice de la République, qu'il s'agisse de la Justice classique, administrative ou d'exception (Haute Cour), N.Sarkozy ayant même prétendu en substance que le politique pouvait s'y substituer (!!!).

Alors, pour eux, où trouver meilleur protecteur que "Sarko" qui ne manquerait pas, ses nouvelles fanfaronnades oubliées, de renvoyer l'ascenseur à ses vieux associés ? Si les électeurs ne réagissent pas, les nouveaux Pieds-Nickelés continueront encore longtemps à démolir l'esprit et l'oeuvre d'un gaullisme dont ils osent encore se réclamer...

...mais qui n'a bien sûr rien à voir avec le cynisme des copains et des coquins du 92. Relisons le Général de Gaulle qui dans ses Mémoires de Guerre, développait une vision prémonitoire de l'évolution des partis. Ca, c'est le vrai gaullisme, pas un ersatz genre sarkogaullisme, dont la phraséologie finit par le faire furieusement ressembler au pétainisme.

"Au caractère fractionnel des partis, qui les frappe d’infirmité, s’ajoute leur propre décadence. Celle-ci se cache encore sous la phraséologie.

Mais la passion doctrinale, qui fut jadis la source, l’attrait, la grandeur des partis, ne saurait se maintenir intacte en cette époque de matérialisme indifférente aux idéals. N’étant plus inspirés de principes, ni ambitieux de prosélytisme, faute de trouver audience sur ce terrain, ils vont inévitablement s’abaisser et se rétrécir jusqu’à devenir chacun la représentation d’une catégorie d’intérêts.

Si le pouvoir retombe à leur discrétion, il est certain que leurs dirigeants, leurs délégués, leurs militants, se mueront en professionnels faisant carrière dans la politique. La conquête des fonctions publiques, des postes d’influence, des emplois administratifs, absorbera désormais les partis, au point que leur activité se déploiera essentiellement dans ce qu’ils nomment la tactique et qui n’est que la pratique du compromis, parfois du reniement. Etant tous minoritaires, il leur faudra, pour accéder aux postes de commande, les partager avec leurs rivaux*.

D’où cette double conséquence que, vis-à-vis des citoyens, ils iront se démentant et se déconsidérant et que la juxtaposition constante, à l’intérieur du gouvernement, de groupes et d’hommes opposés ne pourra aboutir qu’à l’impuissance du pouvoir"

 

                                                                                                                                        Charles de Gaulle

N.B.  Quoique issu de parents résistants gaullistes face à l'occupation japonaise et honorés comme tels par le Général, je ne suis pas fondamentalement gaulliste et j'ai toujours été et resterai fidèle aux idéaux de Gauche. Pour autant j'ai du mal à voir pervertir un idéal hautement respectable même si ce n'est pas le mien car j'en partage certaines valeurs, bien délaissées aujourd'hui hélas. C'est pourquoi je m'autorise à émettre quelques réflexions face à cette évolution car je pense qu'elles peuvent servir à celles d'autres citoyens que dans notre département on cherche et réussit trop souvent à tromper.

 * On a par moments l'impression qu'entre LR et PS s'est dessiné une forme de Yalta politique local, aux termes duquel chacun accepte de figer les positions, l'essentiel étant d'empêcher Centristes ou Divers Gauche de jouer leur rôle en accédant aux responsabilités...le degré zéro de la politique, en somme.

  > Pour ceux qui voudraient initier leurs enfants au vrai gaullisme, la bande dessinée "Charles de Gaulle" parue dans la collection Grand Angle (Editions Bamboo) est intéressante ; elle est recommandée par la Fondation, qui a contribué au cahier documentaire présenté après les dessins. Pour autant que nous puissions en juger, le scénario général n'est pas mal fait (il appelle une suite bien sûr) mais la qualité des dessins - et leur ressemblance par rapport aux personnages historiques, W.Churchill en particulier - gagnerait à être améliorée dans les éditions suivantes. C'est en tous cas une bonne entreprise car la visite au Mémorial et à La Boisserie n'est pas toujours facile à mettre en musique avec des jeunes. Dommage , car la simple illustration du rapport parfaitement désintéressé entre le Général ou ses proches et la vie publique, mérite le déplacement. Il tranche avec l'exploitation éhontée par certains du gaullisme à des fins personnelles...

 

La Patrimoine Vivant : une richesse oubliée

Un superbe modèle, récemment construit par Monsieur JUISHOMME dans son atelier chavillois où, depuis des lustres, il construit, rénove, bichonne de superbes maquettes et modèles de toutes sortes : chemins de fer, téléphériques, voitures, bateaux, avions etc et même un atelier de blanchisseurs chavillois : ici moteur électrique avec bruiteur imitant l'ancienne propulsion, fumée d'échappement, direction à "queue de vache" : tout y est...mais entièrement sur ses fonds personnels.

Voilà qui nourrit notre réflexion...et peut-être bientôt notre action.