La droite départementale, excellente gestionnaire ? Tel ne semble pas du tout l'avis de Jean-Christophe BAGUET, actuel Maire de Boulogne-Billancourt et Président de GPSO. Les lignes qui suivent en italique sont extraites d'un article paru dans le bulletin municipal boulonnais BBI à propos de l'opération immobilière du Trapèze et de l'ile Seguin et du montage de l'opération "Seine Musicale". Lisez plutôt..( les passages les plus révélateurs sont stabilotés)
"Il aura fallu aussi, à Pierre Christophe Baguet, beaucoup de persévérance et de ténacité pour mener ce projet à terme. En raison du mauvais montage juridique et financier de la ZAC (Pont-de-Sèvres, Trapèze et île Seguin) de 2003, le coût global pèse toujours lourdement sur les finances de Boulogne-Billancourt. À ce jour, plus de 300 M€ ont été engagés ou dépensés! Pour la seule île Seguin, lorsque Pierre-Christophe Baguet a été élu maire en 2008, la Ville et la SAEM avaient déjà dépensé ou engagé 180 M€ pour 175 000 m² de droits à construire. En 2005, la Ville a racheté à Renault l’île Seguin pour 57 M€ HT dont 20M€HT pour la seule pointe aval de 2,35 hectares… alors que Renault avait signé une promesse de vente à François Pinault pour ce même terrain pour… 2,5M€! Mais les efforts ont été récompensés. La Ville, avec GPSO, a ainsi engagé 70 M€ d’investissements pour La Seine Musicale et ne le regrette pas. Ce projet, marquant et exceptionnel, s’inscrit dans une volonté forte, partagée avec Patrick Devedjian, de déplacer le centre de gravité culturel de Paris vers l’ouest francilien. Il devient aujourd’hui réalité et s’ajoute à la reconquête des berges de Seine. Avec le pôle d’art contemporain sur la pointe amont (voir ci-contre) et l’arrivée future du Grand-Paris Express, Boulogne-Billancourt et l’île Seguin rayonneront bien au-delà de nos frontières."
Ce texte, sans nul doute soumis au visa de JCB, démontre à suffisance notre thèse, à savoir qu'un investissement qu'il n'est pas exagéré de qualifier de considérable par rapport aux finances départementales ou même régionales, se réalise essentiellement pour pallier les conséquences financières du très mauvais montage d'une opération d'urbanisme sur le territoire d'une ville pourtant richement dotée financièrement, tant au niveau du nombre de sièges d'entreprises que du potentiel fiscal de sa population. En clair, en face d'"objectifs" aussi vagues que contestables dans le contexte économique et aussi culturel d'aujourd'hui ( l'Etat vient de faire un très gros effort à La Villette et, comme l'explique la seconde partie de notre article, les REP de la Région Ile-de-France sabrent des dépenses culturelles essentielles et infiniment plus raisonnables), les contribuables du 92 et de GPSO paieront les conséquences de l'inconséquence des maires de Boulogne et ce du propre aveu de leur successeur qui se prépare à passer le bébé, qui grossit toujours, au Conseil Départemental c'est-à-dire à d'autres contribuables que les siens (Issy, GPSO et le Département). On y découvre ou devine quelques élément intéressants :
Le pot aux roses d'une fusion projetée
La fusion Boulogne-Issy, déjà préparée par le mélange des genres (une maire-adjointe d'Issy ayant été recrutée au Cabinet du maire de Boulogne) a pour véritable but d'essayer de "mutualiser" la mauvaise gestion boulonnaise en la faisant partager à Issy afin d'en masquer l'impact par rapport à GPSO, dont font partie des communes bien moins dotées en entreprises, en particulier Chaville, suite à la politique de résidentialisation systématique menée par les municipalités de droite. Or le maire de Boulogne est aussi le Président de GPSO et il a probablement d'autres ambitions si la Droite remportait les législatives prochaines. Il faut donc faire vite pour l'OPA "amicale" sur la caisse isséenne !
L'Or de la Seine...dans les poches de Bouygues ?
Le montage retenu permet de dissimuler aux citoyens-contribuables de Boulogne, d'Issy, de GPSO et du département le véritable impact financier de ces très graves erreurs de gestion. en effet, le principe des PPP (signés ici avec le groupe Bouygues agissant tant comme constructeur qu'opérateur ( TF 1) est que c'est le privé qui fait une partie des investissements et facture ensuite son triple rôle (construction et entretien, gestion et banquier au niveau de l'emprunt nécessaire) sous forme d'annuités payables par le Conseil Départemental sur son budget de fonctionnement. Les juristes qui président à l'élaboration de ce genre de contrats (auxquels nous sommes en tant qu'ancien professionnel et élu totalement opposé) se débrouillent en général pour remettre à la charge du client ( collectivité territoriale ou Etat) toutes les carences (techniques, financières ou administratives) qui pourraient se produire ; en d'autres termes, il continuera de payer même si la machine culturelle est en panne ou si les programmes dérapent. Or les solutions techniques retenues (en particulier la spectaculaire voile solaire) sont très vulnérables. Contrairement au Bulletin municipal boulonnais, celui du Conseil Départemental (HDS) se montre sur le même sujet d'une discrétion totale. Circulez, il n'y a rien à voir, alors que les ordres de grandeurs sont très importants et que par conséquent l'on portera préjudice à des dépenses culturelles qui doivent, elles, être faites. Bonjour la transparence, une vieille tradition pasquaïenne maintenue par ses successeurs ou héritiers ! il n'est pas même certain que, selon un mécanisme juridique similaire à celui de la Fondation Hamon (Ile-Saint Germain d'Issy), TF 1 ne pourrait pas demander au Conseil départemental de l'indemniser si l'équipement tombait en rade.
Le peuple doit-il payer ses propres Jeux ?
Coté programmes, il est clair que si l'on en juge par la programmation de TF 1 et par le succès commercial modeste de la musique classique, le groupe Bouygues ne s'est pas embarqué dans cette affaire -financée rappelons-le par le contribuable- pour les beaux yeux de la princesse de Clèves mais pour disposer d'une plate-forme emblématique en vue de la promotion de sa propre politique commerciale. Le montage financier retenu lui assure de facto la gouvernance totale de l'équipement, quand tout le monde aura oublié d'où vient l'argent. En tout état de cause, le fait de diffuser au travers d'un groupe privé une programmation "grand public" justifie-t-il l'effort du contribuable ? La réponse est clairement NON car il s'agit d'un projet commercial qu'on peut approuver mais qu'il revient à Bouygues de financer par ses moyens propres ou alors c'est qu'on lui aura demandé un échange un service ; lequel ?
On ne fera que remarquer au passage, en lisant l'article de l'organe boulonnais, le louable souci d'éloigner la supposée satisfaction des besoins culturels de ceux qui en ont justement davantage, alors que Paris et les centres culturels municipaux (Atrium, CAC meudonnais, SEL etc.) offrent déjà au public de l'Ouest Parisien, mieux desservi que l'Est, tous leurs attraits culturels : on appelle d'ailleurs généralement Boulogne le XXIème arrondissement de Paris.
L'ARIAM : en avant la Musique !
Musique et Danse : Former les formateurs pour la culture de tous
A la différence du nouveau "Palais de la Culture" du 92, l'ARIAM, association régionale qui forme depuis 1975 des enseignants de musique et de danse non seulement pour les très nombreux Conservatoires d'Ile de France mais aussi des professeurs indépendants, des encadrants des MJC ou des concertistes, fait partie des compétences obligatoires de la collectivité. Pourtant il s'agit bien ici de la supprimer purement et simplement. Résumons les raisons pour lesquelles Valérie PECRESSE doit s'abstenir de le faire.
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Une mission cohérente
Contrairement à ce qu'affirme Madame la Vice-présidente "Culture" de la Région, l'ARIAM figure bel et bien dans les compétences régionales puiqu'il est de la vocation de la Région de financer la formation professionnelle. Dire -sans qu'aucun texte ni aucune mesure ne viennent documenter ce propos, que cette mission devrait revenir aux communes et groupements de commune atteste en fait qu'il s'agit pour cette élue de redistribuer l'effort régional -très modeste en valeur relative- à des activités jugées politiquement plus "rentables", elle se propose d'ailleurs d'en augmenter le budget (voté entretemps).
Une véritable utilité servie par un professionnalisme constant
Un budget proportionnellement modeste
Le budget de la Région Ile-de-France (13, 5 millions d'habitants soit davantage qu'en Belgique, par exemple) est de l'ordre de 5 milliards d'euros, répartis en gros par moitié entre fonctionnement et investissement. Le budget Culture pour 2017 est d’environ 88 millions d’euros (33 millions d’investissement et 55 millions de fonctionnement). Le budget de la Formation professionnelle est d’environ 652 millions d’euros (27 millions d’investissement et 625 millions d’euros de fonctionnement). Le niveau d'imposition en Ile-de-France est très faible, surtout si on le compare à celui des communes et départements.
La clé de répartition était : Région 50%, Etat (DRAC) 25%, ressources propres pour le reste. Or les propositions soumises aux vote pour le budget 2017 concernant l'ARIAM totalisaient 750 000 euros, soit 34% de moins qu'en 2015. On constate immédiatement qu'il s'agit d'une volonté délibérée de faire disparaître l'Agence par asphyxie financière, dans la mesure où l'autre financeur principal, l'Etat, réduit lui aussi son aide depuis des années.
Un mauvais prétexte
Le prétexte invoqué est qu'il reviendrait aux collectivités de premier niveau (communes et communautés) d'assurer la formation de leurs propres enseigants de conservatoires lesquels, rappelons-le, ont des vocations différentes (conservatoires à rayonnement régional, départemental ou communal). Quant aux MJC, elles aussi de formats divers, aux associatifs ou aux enseignants indépendants, ils n'auraient qu'à se débrouiller par leurs propres moyens. Bien évidemment, la plupart des communes ou communautés sont aujourd'hui hors d'état de mettre en place de telles formations et a fortiori de les coordonner.
Outre le fait que la vocation régionale est précisément de mutualiser la mission de formation, n'oublions pas que l'enseignement de la musique et de la danse est un élément essentiel de l'Education des jeunes et moins jeunes mais qui en dehors du contexte réglementaire et de Paris, est pratiquement entièrement à la charge des collectivités et non de l'Education Nationale. Or la formation et les échanges artistiques sont un élément essentiel de la qualité de l'enseignement et des pratiques artistiques. On a fini par se rendre compte aujourd'hui, qui plus est, que la Culture constitue un volet essentiel de l'économie régionale, tant directement qu'indirectement.
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Pour toutes ces raisons, l'argumentation de la Région ne tient pas et cette décision doit être rapidement rapportée. Remarquons pour terminer l'incohérence entre deux politiques REP :
Celle du "92" qui continue dans la tradition pasquaienne : ne pas tenir compte du cadre réglementaire, mélanger dans des conditions obscures intérêt général et intérêts privés, engager pour la réalisation d'équipements de prestige des dépenses considérables sans buts précis autres que la communication ou le rééquilibrage de déficits issus de la mauvaise gestion de leurs propres élus.
Celle de la Région qui consiste au contraire à vouloir se libérer de sa mission statutaire en invoquant des "économies" marginales qui démontrent une absence regrettable de vision culturelle prospective de la part d'une collectivité aux moyens considérables et disposant de marges de manoeuvre qu'elles devrait mettre au service d'actions positives. On y décèle aussi un vieux désir de "punir" les milieux culturels, toujours suspects de sympathies à gauche.
A l'arrivée, on peut en tirer une conclusion générale : mettre tous ses oeufs dans le même panier et faire aveuglément confiance à une tendance et dans le cas du 92 à un véritable clan, est toujours une mauvaise idée et la perpétuation du systéme Pasqua sans Pasqua le prouve abondamment. Par rapport aux sommes actualisées qui vont disparaître dans les caisses du groupes BOUYGUES/TF1 et qui proviennent de l'argent du contribuable et des entreprises, le budget de l'ARIAM n'est qu'un pourboire et il est autrement plus utile. Les électeurs auront tout intérêt à s'en souvenir en juin prochain lors des Législatives.
Quant aux conclusions pratiques, nous en voyons au moins deux : réintégrer l'ARIAM régionale dans son cadre logique, celui de la Formation afin de pérenniser sa mission essentielle ; c'est possible au travers d'une délibération complémentaire. Inviter les Départements et particulièrement le "92" à participer à son "tour de table" à la place de l'Etat, ce qui renforcerait la cohérence de son action. On pourrait d'ailleurs "loger" l'ARIAM à la Seine Musicale afin de disposer de son immeuble actuel et de lui assurer une meilleure visibilité. Tout est possible, comme disait quelqu'un !
Encore faudrait-il que REP Régional et REP Départemental puissent dialoguer ; certains prétendent que c'est, dans le cas du 92, difficile ( serait-ce une différence "culturelle" entre REP78 et REP92 ?) mais nous ne demandons qu'à nous tromper...
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Pour en savoir plus et/ou soutenir la pérennité de l'ARIAM, dans l'intérêt du public des Conservatoires, MJC, Associations culturelles et enseignants indépendants