Miracle ! En ce Jeudi 12, veille de la clôture de la campagne, la pub normale et le programme des manifestations de la Ville ont subitement fait leur réapparition sur les panneaux déroulants Decaux : tout est rentré dans l'ordre après 15 jours d'affichage "gratuit" !
Les Chavilloises et Chavillois n'avaient pas manqué de remarquer que pendant la période électorale les nombreux panneaux déroulants Decaux (qui ont proliféré depuis 2008) ont affiché avec une fréquence suspecte voire de façon quasi-permanente les mérites du "budget participatif" mis en place par la municipalité.
En fait de "budget participatif" il s'agit d'une petite enveloppe budgétaire d'environ 150 000 euros, ce qui représente en gros 1% (un pour cent !) du budget d'investissement de notre ville (équivalent d'une entrée de cinéma par an et par habitant) et pour laquelle une procédure consultative (strictement encadrée par la Loi) a été mise en place comme dans de nombreuses villes, la décision formelle restant aux mains des élus. Rien à voir donc avec le contenu séduisant de l'affiche, relayée par des affichettes sur les Abribus du même Decaux et entretemps retirées, un quidam énervé les ayant décorées de tags hostiles au maire sortant. A en croire la pub de JJG qui n'en est pas à une "fake news" près, c'est grâce à lui le citoyen qui déciderait maintenant à Chaville ! Mais après le "greenwashing", ce "civicwashing" aura bien du mal à blanchir l'intéressé de ses dizaines d'années de pratique d'une politique qui n'a rien eu à voir avec l'écologie, la démocratie directe ou le logement pour tous. Il faudrait que son "amour" de Chaville passe beaucoup plus longtemps à la machine.
Il n'y aurait peut-être pas là de quoi fouetter outre mesure un chat car les Chavillois perspicaces ne sont pas tombés dans le panneau Decaux. Mais pour juger du vice de la chose il faut savoir que tout cela revient une fois de plus à jouer avec l'argent du contribuable. En effet la très professionnelle société J.C.Decaux n'est pas une philanthrope. L'alternance entre les messages commerciaux et les messages dits "d'intérêt général" au bénéfice des collectivités clientes, par exemple l'affichage des programmes des manifestations de la ville (qui avait bizarrement disparu avec les élections) est négociée contractuellement. Or, hors période électorale, le temps d'affichage "commercial" est proportionnellement beaucoup plus important, bien sûr ; tout le monde le sait, il y a assez de panneaux pour en juger.
Si Decaux a réduit la part commerciale pour permettre à la municipalité sortante de mieux faire sa pub en faisant croire au chaland qu'elle est devenue adepte de la démocratie participative, cela constitue pour lui un manque à gagner par rapport à ses propres annonceurs. C'est donc forcément qu' une compensation par exemple un accord pour de nouveaux panneaux (comme s'il n'y en avait pas assez ! ) sur de nouveaux espaces etc... ou une réduction du service pour d'autres prestations (affichage général, abribus, sanisettes etc.) aura été négociée en échange.
Or une réduction du service presté à la ville représente une dépense publique inutile, exactement comme lorsqu'un promoteur bénéficie indûment du déménagement gratuit de services municipaux, de la revente à prix d'ami d'emprises publiques, ou encore d'une onéreuse maîtrise d'oeuvre de travaux pour constructions publiques, qui lui est légalement interdite. Toutes ces techniques douteuses font partie de l'arsenal de la Tricherie, parfaitement maîtrisé par les spécialistes de la rétro-commission genre SOFREMI ou de la fausse facture.
Bien sûr, ces pratiques "border line" sont secondées par le relativisme vaguement complice, le conformisme partisan, la globalisation du rejet de "la politique" (?) qui met dans le même sac les élus malhonnêtes et les autres ou encore par des artifices juridiques. Ici, par exemple, le candidat LR-LREM a pris soin de faire indiquer qu'il s'agissait du 2ème "budget participatif", croyant ainsi détourner la loi électorale*. Se battre sur le terrain légal avec des gens habitués, comme beaucoup d'anciens de l'extrême-droite, à finasser avec la Loi est, il est vrai, souvent vain, détourne des questions essentielles et pourrait faire passer pour "mauvais joueur" aux yeux d'un public résigné. Mais rien n'interdit de le faire quant la triche devient trop évidente : les huissiers constatent les faits et le tribunal administratif réprime alors.
Ce qui compte par contre c'est d'en flétrir l'esprit, qui est un esprit de tromperie et d'enfumage répandu hélas jusqu'au plus haut niveau et qui s'analyse comme un manque de respect pour les citoyens de bonne foi d'une ville de 20 000 habitants. Et comme le rappelle le proverbe : Qui vole un oeuf, vole un boeuf !
Il nous faut aussi proposer des antidotes :
D'abord le changement et la fin d'un monopole politique local qui ne peut que conduire, comme on le voit bien, aux abus car ses bénéficiaires se croient dès lors tout permis (cf. Levallois, Puteaux etc.)
Puis, la dénonciation constante et obstinée des dérives et le cas échéant de leurs auteurs.
Enfin, la restauration de la véritable démocratie locale qui n'est pas celle des paillettes sur les panneaux Decaux et qui s'était développée jusqu'en 2008, par exemple avec la concertation autour du Centre Ville (le vrai, pas l'opération de promotion immobilière qui s'y est substituée et qui fut expédiée au galop par JJG ).
Au citoyen donc de jouer son rôle dans les isoloirs, en préférant la présence à l'absence, l'action à la pub et la qualité au bluff. Et pourquoi donc, quelles que soient ses opinions, ferait-il confiance aux tricheurs invétérés ?
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*Petit rappel de la Loi ... à l'intention des légalistes
Interdiction des campagnes publicitaires des collectivités locales
A partir du 1er septembre 2019 est interdite toute campagne de promotion publicitaire (journal, dépliant, tract, lettre, affichage commercial, stand, exposition encart publicitaire dans la presse écrite, message publicitaire radiophonique ou télévisé) des réalisations ou de la gestion d'une collectivité (conseil municipal, conseil départemental, conseil régional etc.), organisé sur le territoire de la commune intéressée par la consultation.
Cette interdiction a pour but de dissuader les exécutifs locaux de faire, avec l'argent des contribuables, la publicité de leurs membres candidats à une élection.
Sanctions
Les infractions sont punies d'une amende pouvant aller jusqu'à 75.000€.
Par ailleurs, le candidat jugé bénéficiaire d'une campagne de promotion publicitaire d'une collectivité pendant cette période pourrait avoir la mauvaise surprise de voir la CNCCFP ou le tribunal administratif réintégrer dans son compte de campagne les dépenses ainsi constituées.
Si cette réintégration avait pour conséquence un dépassement du plafond des dépenses autorisées dans la commune ou le secteur, le candidat tête de liste pourrait être déclaré inéligible pendant un an et devrait alors verser au Trésor public une somme égale au montant du dépassement. L'inéligibilité pourrait aussi être prononcée au motif que la liste a bénéficié d'un avantage en nature d'une personne morale de droit public, interdit par la loi.
(extrait du site ECC)