A l'entrée de Chaville, une emprise foncière illustre parfaitement la différence fondamentale d'approche entre
urbanisme raisonnable et raisonné et l'octroi de permis de construire "à la machine" ou au kilo (pour rester gentil) qui conduit à une urbanisation galopante défiant les principes du développement durable, expatriant les jeunes et les familles chavilloises aux revenus faibles ou moyens et défigurant la ville et son patrimoine.
L'opération de gauche remonte au premier mandat de la municipalité de centre gauche (1995-2001) que j'avais l'honneur de conduire. Un particulier souhaitait vendre son terrain, ce qui était son droit. Mais s'agissant d'une entrée de ville, d'un quartier déjà lourdement densifié en 1995 et dépourvu d'espaces verts publics tout en étant handicapé par une circulation intense, nous avons posé nos conditions au maître d'ouvrage, un promoteur privé, qui souhaitait construire "à l'alignement" sur l'avenue, ce qui aurait péjoré encore la situation.
- Céder à la Ville la parcelle avant de façon à pouvoir conserver le pavillon à usage de service public et en faire un marqueur de l'entrée de ville, de faible hauteur donc ne réverbérant pas le bruit et la pollution, avec un espace de pleine terre.
- Construire entre ce pavillon ( flèche jaune verticale) et le coteau RG, de façon étagée afin qu'il y ait suffisamment de volumes, propres à assurer la rentabilité de l'opération donc le prix pour le vendeur du terrain.
- Prévoir une servitude traversante (flèche jaune pleine et flèche verte) pour permettre l'accès éventuel au coteau RG depuis l'avenue Roger Salengro. Cette servitude a dû être abandonnée entretemps.
- Pour éviter l'effet oppressif du pignon Est (flèche jaune horizontale) par rapport au voisinage, une modénature sur ce pignon a été exigée et obtenue.
- L'idée était de négocier dans un deuxième temps avec les propriétaires de la parcelle et du pavillon voisin pour créer devant les résidences un mini-parc public conservant les arbres, donnant de l'air au quartier avec des bâtiments patrimoniaux offrant des services au voisinage dans le cadre de l'intercommunalité.
Le promoteur n'était pas forcément enthousiaste mais tout le monde a accepté une opération gagnant-gagnant et la bonne coopération entre Ville, architectes et maître d'ouvrage, avec un travail soigné, a été obtenue.
Il en va tout autrement de la parcelle voisine, à droite, actuellement en cours d"exploitation :
- Le pavillon est déjà démoli alors qu'il présentait un intérêt patrimonial
- Les arbres sont visiblement en sursis (ce sont les élections et il s'agit d'éviter une nouvelle bronca de la population légitimement indignée au plus mauvais moment !). Si l'on en juge d'après le panneau de présentation (pourtant généralement optimiste!) la résidence viendra quasiment à l'alignement des bâtiments de l'avenue. (Cf.supra)
- Plus question de pouvoir installer une zone publique de verdure et de calme assortie de services à cet endroit, tant pis pour les PMR et les familles. Il est vrai que ce quartier n'était sans doute pas une priorité pour la municipalité sortante.
- La liaison architecturale entre les 2 bâtiments est imprécise.
- L'architecture est quelconque et ressemble beaucoup à celle des "books" des promoteurs. Or il s'agit d'une entrée de ville qui doit être soignée.
Deux méthodes, qui reflètent deux objectifs différents : dans un cas, faire de la SHON à 7 500 € le m2 ou plus. Dans quel but et quel en est l'interêt ? Pas de réponse si ce n'est le sempiternel "On ne peut empêcher les gens de vendre leur patrimoine". Mais à nos yeux satisfaire ce droit légitime ne veut pas dire "laisser faire n'importe quoi" voire y contribuer en vendant le patrimoine de la ville ou en déménageant les services aux frais du contribuable.
Dans l'autre, satisfaire ce qui est parfaitement possible, des objectifs qualitatifs et conformes au développement durable, le vrai.
Le boulot d'un maire qui aime une ville où il vit vraiment autrement que sur le papier des tracts, c'est d'étudier le développement urbain, de le maîtriser et de le mettre au service de tous et non de quelques-uns. C'est de trouver des solutions intelligentes qui permette à chacun, certes d'arbitrer ses biens mais de le faire dans les meilleures conditions possibles pour la Ville : conservation et enrichissement de son patrimoine en tout genre, création d'espaces de respiration et de calme pour tous, encouragement du commerce de proximité, lutte résolue contre les facteurs de pollution, la séclusion des quartiers, l'utilisation inutile de la voiture, la laideur et le conformisme des architectures.
L'examen de ce petit dossier vous en aura, je l'espère, convaincu !