"Et toi, qu'en penses-tu ?"
Aux yeux de certains, l'animal en ville est une nuisance, qu'il s'agit de combattre ou tout au moins de subir le moins mal possible à grand renfort de motocrottes, de campagnes d'affichage, de sanichiens ou de canisettes, de règlements et de panneaux menaçants. Il en faut bien sûr et nous avons été parmi les premières villes à généraliser les "sanichiens" à un moment où l'on n'avait pas encore vraiment réfléchi à des solutions plus pérennes...et plus efficaces.
Mais cette approche est stérile, coûteuse parfois inefficace voire pire que le mal ("motocrottes") et elle pose mal le problème, si problème il y a, comme le font le plus souvent les approches technocratiques. L'Animal peut certes générer dans la ville des nuisances qui peuvent devenir désagréables voire injustes si le plaisir des uns vient aux dépens de la qualité de vie de tous. Mais ces nuisances peuvent être combattues par le travail d'une municipalité présente sur le terrain et bien conduite. Surtout, le bilan global de la présence de l'Animal est immensément positif. La population, d'ailleurs, "a voté" puisque la moitié des foyers ont un ou plusieurs animaux de compagnie. Mais il y a aussi les Centres Equestres urbains (comme celui de Chaville), les aquariums, les oiseaux domestiques, les ruchers. Pourquoi ce succès de l'Animal en ville ?
Tout simplement, parce que, avec le grignotage des espaces verts et la minéralisation systématique de notre environnement qui ne seront pas conjurés par de l'écologie de façade, l'Animal de compagnie nous permet de garder le lien dont l'Homme, qui est lui aussi quelque part un animal même s'il est -paraît-il- doué de raison a vitalement besoin. Autre paradoxe, le besoin d'amour que ressentent particulièrement les jeunes, les Anciens et les personnes en difficulté trouve souvent satisfaction auprès d'animaux qui dispensent généreusement le leur. Le jeu, la promenade, le sport même peuvent être pratiqués avec nos amies les bêtes. L'échange social entre maîtres avec l'animal comme support est quasi journalier pour les propriétaires de chiens ou de chats tout comme entre cavalières et cavaliers. Grâce à lui le handicap peut être compensé, une thérapie peut réussir, un métier peut être exercé. Bref, l'animal doit, à nos yeux, être reconnu comme un partenaire à part entière dans la Ville. Comment ? Quelles initiatives avaient été prises entre 1995 et 2008 ? Quelles nouvelles idées et en quoi consisterait le Partenariat Animalier dans la Ville ?
L' état de propreté de la ville est essentiel et nous avions rapidement mis en place, dès les annés 2000, un réseau de "sanichiens" accompagné de distributeurs de sacs de ramassage. mesure pratique et utile mais qui aujourd'hui devrait évoluer vers des solutions plus modernes, tenant compte des avancées de l'éthologie et des impératifs liés au personnel d'entretien. Nous avions aussi commencé à nous intéresser à des solutions éducatives avec un accompagnateur canin qui circulait dans Chaville avec un chien (Le Chien dans la Ville) de façon à dispenser quotidiennement, non une surveillance exclusivement répressive mais des conseils éducatifs pour maîtres et chiens. Cette mesure a hélas été abandonnée par GPSO, repris par la marotte des fausses solutions "techniques". Côté cheval, ce fut l'installation du Centre Equestre sur une emprise délaissée en lisière de forêt mais proche du centre Ville. D'exploitation purement privée, il s'est bien développé depuis et mène divers partenariats avec la Ville. Le rucher installé avec l'AMOP* a été pendant de longues années source de plaisir pour petits et grands mais a lui aussi disparu. Enfin différentes manifestations de niveau national attirèrent à l'Atrium les amis des chats et les colombophiles avec des concours pour les participants. Il n'y en a plus.
Les idées qu'il n'avait pas été possible de concrétiser faute de temps ont entre temps mûri et devront un jour être mises en oeuvre sous la forme d'une politique globale de l'animal en ville.
- Le sujet "propreté" reste bien sûr d'actualité et le ramassage reste bien sûr la règle de bonne conduite pour tous. Mais un volet éducatif doit venir le compléter : Education des enfants et des jeunes dans les Centres Aérés, Modules de formation des personnels d'entretien et de la Police Municipale...et des futurs maîtres, avec le recours d'une association spécialisée. Avec le temps, ce type d'actions peut donner d'excellents résultats parce qu'elle est fondée sur la responsabilité...encadrée. Mais elle doit aussi bien intégrer l'équation "qualification = valorisation".
- Développer les espaces de jeux et de sport mixte avec l'animal, en partenariat avec GPSO et l'ONF, nous paraît indispensable pour des raisons de bonne santé du maître et de l'animal et aussi de motivation de l'un et de l'autre. Les aires de détente existent depuis longtemps en France et à l'étranger et il n'y a aucune raison de ne pas en installer une, ce qui est aussi une opportunité de résoudre un problème majeur : la prise de contact positive entre les maîtres et la Ville, dans l'intérêt commun.
- Un "dog park" à Brisbane (Australie)
- Troisième voie : mettre en réseau les professionnels de l'Animal : vétérinaires, toiletteurs.ses, commerces d'animaux et d'accessoires, distributeurs (en ce compris les vétérinaires) de nourriture, litières et produits divers de soins voire assureurs et entreprises de garde ou de promenade. C'est utile voire indispensable pour envisager les sujets de vaccination, tatouage, stérilisation, garde, pertes d'animaux etc. Un portail dédié pourrait être très utile, en liaison avec les sites d'entraide ou de service animaux égarés, remarques diverses, séparations ou recherches de nouveaux amis à quatre pattes.
- Combattre la maltraitance animale, volontaire ou non, qui malheureusement n'est pas absente de Chaville, est aussi un sujet à résoudre avec l'Education adaptée mais aussi un volet de veille : bien des maîtres acquièrent un animal sur un coup de tête (ou de coeur) et ne savent plus ensuite qu'en faire. Les conséquences peuvent être sérieuses et il faut donc prévenir et le cas échéant résoudre ces problèmes. Il faut favoriser des débats sérieux et concrets sur ces sujets qui concernent aussi la pratique de la chasse, l'abattage des animaux, la protection de la biodiversité. Pourquoi pas un cycle du Forum des Savoirs (que nous avions créé dans cet esprit) ? L'animal et la Culture font bon ménage !
Mais il faudrait aller encore plus loin car tout cela doit être financé, étudié en commun et relié au monde des professionnels et conseils. Et il est juste que les grandes entreprises qui tirent profit de l'immense business du "Petfood" c'est-à-dire de cette nourriture (parfois laxative) pour animaux de compagnie qui se retrouve en partie...dans les jardins, les forêts ou sur les trottoirs, portent une part de la charge de l'entretien, du nettoyage, de la sécurité ou de l'éducation animaliers.
Les propriétaires civiques le font déjà, qui ramassent eux-mêmes les produits de leur animal et ne demandent pas à la collectivité de le faire à leur place ce qui de toutes façons est impossible. Proposons donc le Partenariat Animalier. Quel en serait le principe ?
Les communes de GPSO constituent un marché important et solvable, où officient de nombreux professionnels et existent des animaleries et de nombreuses surfaces commerciales de proximité, moyennes et grandes. Il n'est que d'observer la surface considérable des rayonnages consacrés aux nourritures, litières et produits divers pour animaux pour s'en convaincre. Elles sont d'autre part (encore) dotées d'espaces forestiers ou urbains sur lesquels on peut travailler en leur conservant à 100% leur caractère naturel voire en le restaurant. Il serait donc intéressant de mettre cet ensemble au service d'une politique de l'Animal : un système de labellisation permettrait aux grandes entreprises mais aussi aux plus petites, décidées à jouer la qualité des aliments (et non leur consommation accélérée) et un meilleur service, d'être valorisées vis-à-vis de la clientèle. Les surfaces partenaires elles-mêmes pourraient envisager de référencer prioritairement les producteurs labellisés. Les unes et les autres pourraient contribuer, soit financièrement, soit en nature (pelles et sacs gratuits dans les emballages, bons pour des visites ou prestations en tiers-payant des professionnels). Leurs images de marque ne pourraient qu'en être favorablement et directement impactées, ce qui ne pourrait que développer leur part de marché. Et c'est aussi un moyen de freiner la surconsommation, nuisible à beaucoup d'égards.
Ainsi les personnes âgées ou isolées, les familles aux faibles revenus, les associations pourraient disposer de moyens permettant d'entretenir des animaux, de les éduquer, de les faire garder, de procéder à diverses opérations dans des conditions optimales d'hygiène et de respect de la vie collective ou de financer des manifestations. Les associations de protection, également. L'idée peut surprendre au départ. Mais y a-t-il une raison pour ne pas faire pour l'animal ce que l'on fait déjà pour l'Homme, quand on sponsorise le sport ou la culture? C'est d'autant plus justifié que dans ce cas-ci, producteurs et distributeurs se paient, si l'on ose dire, sur la bête !
Il s'agit donc de mener une double action, à court terme pour restaurer un meilleur climat animalier, la propreté des rues et des forêts, un plaisir sans remords de vivre avec son ou ses compagnons. Et à moyen terme, pour la durabilité de cette action, une meilleure santé de l'animal et du maître et une éducation animalière qui fait partie de l'Education tout court et du vivre ensemble, à Chaville !
Partenaires animaliers, c'est le top !
* L'Abeille de Meudon et de l'Ouest Parisien
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