La crise financière ( rebaptisée “crise de la dette”)* menace beaucoup de monde mais pas tout le monde. Elle met en danger nos emplois, notre épargne, nos citoyens les plus pauvres. Elle menace l’euro et la construction européenne. Elle menace, un peu, les banques et le CAC 40. Elle ne menace pas du tout la fracture sociale qu’elle aggrave ni la démagogie, au contraire.
Elle profite même à la droite dans certains pays. Ainsi Nicolas SARKOZY, praticien durable du court terme, ne cache même plus sa tactique : surfer sur la crise pour garder le pouvoir en cultivant égoïsmes et peurs. Dans plusieurs pays européens comme en Grèce les politiciens conservateurs co-responsables de la crise ont d’ailleurs déjà ouvert à l’extrême-droite la porte côté jardin. Souvenons-nous d'un certain Von Papen...
Au niveau national, après avoir longuement contribué pendant à mettre le feu à des finances globalement saines en refusant à notre pays la stratégie durable qui lui aurait assuré de nouveaux marchés et en creusant les déficits à grands coups de cadeaux fiscaux, on cherchera maintenant à se présenter comme le seul sauveur capable d' éteindre l’incendie qu’on a allumé par irresponsabilité, négligence et surtout incompétence**. Bref, on est le pyromane pompier.
Dans certaines villes du 92, des praticiens de la finance approximative voire douteuse gaspillent depuis des années l’argent du citoyen. Pour pouvoir continuer ils le taxent inutilement ou mettent en coupe réglée au bénéfice de leurs amis promoteurs les villes qu’ils investissent, leur barrant tout avenir solidaire et porteur d’emplois. Servir et écouter les administrés, embellir la ville, motiver le personnel, ils n'en ont cure. Bref, le sarkozysme ordinaire.
A l’Elysée, à Nanterre comme à Chaville on voudra faire table rase de ses propres erreurs et tricheries du passé comme de ses propres incapacités sur le thème “Il n’est plus temps de nourrir de vieilles querelles, serrons-nous les coudes contre la crise et faisons des efforts ! C’est-à-dire, en français “Donnez-nous quitus de nos mauvais comptes plus un nouveau carnet de chèques en blanc tirés sur votre compte par dessus le marché !”.
Il est important de démasquer ces pratiques, de démonter la propagande, de montrer que dans les deux cas la gauche de gouvernement et ses candidats sont en mesure de faire probablement beaucoup mieux et qu’il faut leur en donner la possibilité. C’est à cela que sert l’alternance démocratique. Pire que les pompiers pyromanes au pouvoir, c’est en tout cas impossible.
* Voir notre article précédent “Les bonnes questions et les bonnes réponses, I”
** Voir ci-après "La circulaire GUEANT ou le bonnet d'âne international"
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SOMMAIRE
1. Thème : Les bonnes questions et les bonnes réponses (II)
2. La circulaire GUEANT ou le bonnet d'âne international
3. 92 et Chaville : d'autres pyromanes pompiers !
4. On EIFFAGE tout et on recommence
5. Annie BORD : un souvenir durable à Vaucresson
6. Adhérer à DEMOCRATIE 2012
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1. THEME : Les bonnes questions et les bonnes réponses (suite et fin)
Les dettes souveraines des pays les plus prospères de la planète sont subitement devenues, nous l’avons évoqué, un prétexte subit à l’affolement des marchés bien plus qu’une cause réelle de la crise. Pour simplifier, plus l’économie mondiale est asservie et non servie par la finance et plus elle est marquée par une caractéristique fondamentale de celle-ci à savoir un comportement grégaire et subjectif car la finance est affaire de confiance et la confiance est nécessairement subjective. Moins encore que l’économie en général la finance n’est une science, ce n’est qu’un ensemble de techniques parfois élaborées mais reposant sur un pari permanent.
Nous avons vu aussi que l’excès de liquidités et le bas niveau des taux faisaient courir un risque certain –l’instabilité de « marchés » financiers - au nom de la prévention d’un risque celui-là plus diffus, celui de l’inflation. Cette application à l’économie d’un autre aphorisme militaire à savoir qu’on ne fait jamais la guerre que l’on a préparé induit une autre conséquence, celle d’encourager la financiarisation des économies puisqu’elle autorise d’emprunter à bas prix pour spéculer. Le bateau devient dès lors de plus en plus instable, car il est chargé dans ses hauts. De plus la cargaison peut à tout moment riper et provoquer le chavirage.
II. Face à la multiplication des menaces générales, une réponse « multi-ogives »
Le déficit de gouvernance et l’irresponsabilité génèrent les inquiétudes
Paraphrasant Clémenceau qui appliquait cet aphorisme aux militaires, on pourrait se dire qu’aujourd’hui l'économie est peut-être chose trop sérieuse pour laisser les dirigeants s’en occuper seuls. En effet, obsédés par des échéances électorales de plus en plus rapprochées, bien des « politiques » ne lèvent que rarement le nez au-dessus du guidon et sont même parfois prêts comme en France actuellement à tout sacrifier à de supposés bénéfices politiques. On surfera sur la crise sous prétexte de pragmatisme et on continuera à jouer, dans le domaine économique cette fois, les pyromanes pompiers : « J’encourage objectivement la spéculation, la division des citoyens voire la xénophobie, la surconsommation. Je saisis toute occasion de me lancer en solo ou en duo dans des aventures militaires*, j’accrois les déficits budgétaires avec les inégalités Puis, je prêche la responsabilité et la rigueur, toujours aux dépens des mêmes et au risque de provoquer des explosions sociales ». Normal : chaque privatisation, chaque vente de biens publics nourrit financiers, consultants, promoteurs, BTP : du chiffre d’affaires facile en retombées de la « crise ».
*avant même une possible intervention en Syrie, le coût annuel du déploiement des forces stationnées sur les théâtres extérieurs dépasse 1 milliard d’euros.
Et le court termisme une spirale de risques
Ce comportement et l’obsession du profit à court terme sont à la source du scepticisme voire du nihilisme politique de nombreux citoyens qui eux-mêmes les partagent avec les opérateurs financiers. Dès lors le miroir déformant les marchés reflète des inquiétudes qui peuvent se transformer en paniques. Celles-ci génèrent à leur tour, avec l’urgence et les effets médiatiques, des politiques de plus en plus court-termistes et ainsi de suite. Ne voyant ni n’entendant plus ni bergers ni chiens, le troupeau des acteurs financiers se précipite en tous sens au mépris du ravin qui leur brisera les pattes pour le plus grand bénéfice des prédateurs. De quoi vivent en effet les spéculateurs, les agences de notation et même le vaste ensemble des opérateurs financiers les moins nocifs si ce n’est des hausses de taux, des variations du cours des devises (que la mort de l’Euro ressusciterait) et de la soif de « scoops » financiers vaguement documentés par des chiffres sortis de leur contexte ?
Comme l’illustre le “maillon faible” grec
La question vaut d’être posée et la réponse va de soi : ils vivent du risque et des privatisations, car c’est leur oxygène et leur gagne-pain surtout pour les grandes banques d’affaires américaines. La situation grecque illustre parfaitement cela « J’aide (Goldman Sachs) le gouvernement conservateur d’un pays pauvre et miné par les passe-droits fiscaux à maquiller ses comptes. Les électeurs grecs changent de bord. Je fais de la Grèce le détonateur d’une “crise de la dette”. J’exige le dépeçage de son secteur public et pour être sûr du résultat j’infiltre dans le gouvernement – à nouveau conservateur- une partie de mes anciens collaborateurs, en renvoyant la gauche grecque au vestiaire. Le tout aux applaudissements de tous et en sapant l’euro ». Cette réédition du “maillon faible” n’est-elle possible qu’en Grèce, en Italie et bientôt au Portugal ?
La politique de soumission aux marchés ne mène nulle part
S’il s’agit maintenant de trouver une sortie de crise ne consistant pas seulement à demander « des sacrifices » aux populations aux dépens d’une croissance de plus en plus fondée sur la consommation, une stratégie globale est donc indispensable. C’est elle qui apporterait à la « crise » des solutions durables et non de simples palliatifs politiquement, économiquement et socialement très coûteux. En effet ceux-ci ne satisferont pas les opérateurs qui, au fond, recherchent surtout un démantèlement de l’économie publique hors USA. Une finance boulimique et dominatrice a besoin de marchandise à vendre et elle n’en a plus assez, alors il lui faut s’en procurer, quitte à démolir des gouvernements ou même à en fabriquer comme en Grèce ou en Italie. Pour cela, une véritable stratégie du chantage à la notation a été mise en place et elle fonctionne. Il convient donc d’une part de la rendre inopérante et de trouver d’autres occupations aux « grandes compagnies » de la finance mais aussi de rétablir les équilibres dans la durée.
Donc seule une stratégie d’intérêt public pourra répondre à la stratégie spéculative
Cette stratégie pourrait se déployer dans le temps par étapes successives mais aussi dans l’espace social en impliquant de façon de plus en plus large les forces vives du pays, de l’Union Européenne et des pays économiquement significatifs. Elle comporterait plusieurs étapes et volets.
Tout d’abord, il s’agit de rétablir la confiance des marchés bien sûr mais aussi d’éliminer leurs facteurs intrinsèques d’instabilité. Cela nécessite d’identifier les acteurs et les buts de guerre des « marchés » pour savoir quoi leur dire, comment et sur quel ton car pour la gauche en tous cas, certains sujets sont négociables et d’autres moins ou pas du tout.
Le second c’est, toujours pour stabiliser les marchés mais aussi pour dépasser ce sujet, d’élargir l’action aux domaines sur lesquels la gouvernance politique a une réelle influence ou pourrait la reconquérir : épargne, trésorerie des grandes entreprises, dirigeants et opérateurs financiers. Il s’agit également de relancer sur des bases solides le chantier de la construction européenne et de travailler sur les vrais marchés (ceux de l’économie réelle) comme sur le concept de valeur ajoutée.
Le troisième volet consisterait à développer un autre modèle de croissance qui prenne en compte des évolutions fondamentales de la société et la recherche du progrès humain en général en ne perdant pas de vue que la gauche a pour fonction historique d’assumer des responsabilités de pouvoir certes, mais en protégeant les plus faibles et leurs droits.
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