Marxisme chrétien ?
Depuis des années la France, telle une somnambule, marche à la recherche d’une Europe idéale. Au départ, bien des gens s’enthousiasmèrent du superbe projet initié, dans le sillage de la disparition des fascismes, par ceux qu’on a appelés les Pères de l’Europe. D’inspiration chrétienne-démocrate, il se proposait de faire émerger une nouvelle puissance à partir d’un rassemblement des principales économies européennes, à commencer par la France, l’Allemagne alors amoindrie, le Benelux et l’Italie. Tout le monde s’aimerait, la paix serait éternelle en Europe et le niveau de vie de chacun y gagnerait sous la houlette bienveillante de patrons ouverts, efficaces et sympathiques. On pourrait un jour faire pièce aux Etats-Unis, tout en restant blottis sous leur aile protectrice via l’OTAN face à l’URSS car on ne parlait alors ni de la Chine ni de l’Inde. Quant aux idéaux, les valeurs chrétiennes en tiendraient lieu et la tour de Babel s'élèverait, phare de la démocratie éclairant jusqu’à la tanière de l’ours russe. Mais, de façon paradoxale puisqu’on se rapprochait ainsi d'une analyse marxiste, on partait du principe que l’Alpha et l’Oméga de la politique c'était l’économie ou plus exactement, le duo commerce et finance. La politique viendrait aplus tard couronner l'édifice. C’était déjà ce que le Général de Gaulle, avec finesse et malice, appelait l’Europe des Marchands.
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